Guerre en Ukraine ou crise sanitaire, les événements internationaux impactent directement le Port de Marseille Fos. En 2022, malgré un trafic total stable, il navigue entre records, avec le nombre de passagers vers le Maghreb, ou des chutes brutales, comme sur le trafic de pétrole raffiné.
Pour son bilan semestriel, le Grand port maritime de Marseille Fos (Gpmm) annonce avoir traité 38 millions de tonnes de marchandises en première partie d’année. Soit le même niveau qu’en 2019. Une activité tout à fait satisfaisante au regard de la conjoncture internationale. Toutefois, cette stabilité globale ne reflète pas les tendances très différentes selon les segments.
Entre certains records, comme les conteneurs de biens manufacturés, ou des baisses de trafic importantes, sur le pétrole raffiné par exemple, « c’est une période particulièrement complexe », pour le président du directoire du Gpmm, Hervé Martel. « Je ne pense pas que l’on ait souvenir d’une telle situation. Le port reflète le dérèglement du transport maritime mondial, avec les effets croisés de la crise sanitaire et de la guerre en Ukraine ».
Entre la difficulté de lecture de l’évolution géopolitique et une nouvelle vague Covid, « l’incertitude est le maître-mot. On se félicite quand même d’avoir tenu la barre ici. Un de nos atouts a été la continuité de service ». La congestion de grands ports américains, ainsi que de certains méditerranéens, en Espagne ou en Italie, a pu bénéficier à l’activité du port marseillais.
Les marchandises ont le vent en poupe
La fluidité maintenue du port de Marseille Fos en comparaison de ses voisins lui a permis d’opérer plus de 11 millions de tonnes de marchandises diverses, soit un million de plus que l’année précédente.
Avec un trafic de près de 800 000 conteneurs EVP (équivalent vingt pieds), « c’est un record » qui dépasse de 7 % celui de 2019, année de référence pré-Covid.
Le transport de véhicules neufs représente la plus forte croissance parmi les différentes filières : +34 % par rapport à 2021. Une tendance « exceptionnelle » qui devrait se poursuivre avec l’arrivée en avril du constructeur coréen Kia, « qui représente un potentiel annuel de 30 000 voitures », précise Hervé Martel.
Les vracs solides et liquides fluctuent avec les crises
Charbon, minerais, engrais, ciment, bauxite, sable ou produits alimentaires… Les « vracs solides » connaissent quant à eux une baisse de 8 % avec moins de 6 millions de tonnes échangées. Une conséquence « de la décarbonation des industries, de la baisse de la consommation, de l’augmentation des prix des matières premières, de l’énergie et du fret », explique le Gpmm.
Le prix de l’énergie et la guerre en Ukraine se répercutent également sur le pétrole raffiné, dont le trafic baisse de 18 %. Au contraire, la crise énergétique avec la Russie bénéficie au transport maritime de Gaz naturel liquéfié (GNL), avec une progression importante de 24 % au premier semestre. Elle permet à l’ensemble de la filière, les « vracs liquides », de se maintenir au niveau de l’année précédente avec 21 millions de tonnes traitées.
Record de passagers vers le Maghreb
Malgré les incertitudes toujours présentes avec la crise sanitaire, ce début d’année 2022 aura marqué le retour des passagers dans le port de Marseille Fos. 890 000 voyageurs y ont transité depuis janvier. 410 000 sont des croisiéristes, pour lesquels la France a levé les jauges et assoupli des restrictions sanitaires depuis mars. Pas de quoi rattraper les chiffres de 2019, qui atteignaient le double pour la même période.
Mais ce sont les lignes régulières qui connaissent une « reprise fulgurante » avec une augmentation de 21 % par rapport à l’année de référence pré-Covid, pour 480 000 voyageurs au total. Avec la réouverture des frontières algériennes, à la suite de ses voisins d’Afrique du Nord, après deux années d’attente, les ferries affichent presque tous complets. Les lignes vers le Maghreb représentent en toute logique la hausse la plus importante avec un record : 208 000 voyageurs en 6 mois, soit 38 % de plus qu’en 2019.
Et la saison estivale « s’annonce exceptionnelle », ajoute Hervé Martel, avec des taux de remplissage « sans précédent. Les navires affichent complet à partir de juillet ». Le Gpmm ouvre ainsi trois nouvelles lignes vers le Maroc et une vers l’Algérie, pour augmenter le nombre d’escales de 15 à 19 par semaine.
Les lignes vers la Corse ont également repris en hausse et affichent une augmentation de 11 % de passagers en comparaison de 2019.