La centrale photovoltaïque flottante la plus puissante des Bouches-du-Rhône est installée sur le lac artificiel de Peyrolles-en-Provence. Le troisième parc solaire flottant de France a été inauguré officiellement il y a quelques jours.
Il aura fallu sept ans entre l’idée de l’installation d’un îlot de près de 44 000 panneaux solaires sur l’eau à Peyrolles-en-Provence, proche d’Aix-en-Provence, et sa livraison fin 2021. En activité depuis le mois de décembre, le premier parc solaire flottant des Bouches-du-Rhône a été officiellement inauguré vendredi dernier.
Porté par la nécessité de produire et consommer des énergies plus vertes, à sa prise de fonction en 2014 à la mairie de Peyrolles-en-Provence, commune du pays d’Aix, Olivier Frégeac décide de faire installer un parc de panneaux photovoltaïque flottant, sur le lac artificiel issu d’une ancienne carrière alimentée par la Durance et les nappes phréatiques.
15 millions d’euros d’investissement
Cette même année, le contrat d’exploitation de Durance Granula arrive à terme sur ce site. L’exploitant, après avoir fait appel au centre permanent d’initiation à l’environnement et reçu plusieurs pistes pour le réaménagement des lieux, lance un appel à projets.
C’est Boralex, une société spécialisée dans la production d’énergies renouvelables, qui remporte le contrat. « Le solaire flottant est un axe de développement qui est important pour nous et en particulier dans la région Sud. On a environ 20 % qui concerne ce type de projet dans le grand Sud qui englobe Paca et l’Occitanie », explique Romain Babilotte, responsable régional Sud de Boralex. La société a investi 15 millions d’euros pour ce projet colossal.
« À partir de mon élection en 2014, j’ai voulu que la commune soit actrice et non pas spectatrice de ce projet », se rappelle Olivier Frégeac. C’est pourquoi au lieu d’aboutir à un contrat entre Durance Granula et Boralex, un PPP (partenariat public-privé) a été signé en accord avec ces deux entreprises.
S’en suit une phase de négociations de deux ans pour trouver un accord contractuel avec Boralex, quatre ans de plus pour toutes les études d’impact environnemental et les démarches administratives et encore environ un an de travaux. « Il aura fallu 7 ans entre le moment où nous avons amorcé ce PPP et la livraison de ce parc photovoltaïque flottant », se remémore le maire de Peyrolles-en-Provence.
Une technologie innovante
Cette centrale occupe une vingtaine d’hectares sur les 40 que compte le lac, pour une puissance totale de 14,7 MWc. C’est la deuxième de la région Sud après celle de Piolenc située dans le Vaucluse, et la troisième de France à avoir été mise en service, mais la première avec une telle technologie.
Constitué d’environ 44 000 panneaux photovoltaïque répartis sur 12,7 hectares d’eau, ce parc « est innovant parce qu’il flotte, premièrement, et deuxièmement parce qu’il ne forme qu’un seul îlot », détaille Alexis Glandieres, responsable construction chez Boralex. Et pour qu’un parc aussi imposant puisse se maintenir à la surface sans dériver les jours de fort mistral et de pluie, il est accroché à des lestes bétonnés largués au fond de l’eau. Chaque leste pèse 3,6 tonnes. L’infrastructure peut résister à des vents de 200 km/h.
L’autre moitié du site est dédiée à la protection de l’environnement avec la création d’un sanctuaire pour des espèces protégées. L’infrastructure peut résister à des vents de 200 km/h ou encore à des variations d’eau de 4 à 6 mètres.
L’îlot produit la consommation annuelle de 6 400 foyers hors chauffage. Soit trois fois la consommation des ménages Peyrollais. Le surplus est reversé dans le réseau puis redistribué sur tout le bassin peyrollais. Les habitants des communes voisines en bénéficient.
Si la durée de vie des panneaux est de 30 ans, le contrat qui lie Boralex et la municipalité pour l’exploitation de ce parc photovoltaïque flottant est de 20 ans. « Nous avons construit et développé notre projet avec des technologies pérennes pour qu’il dure plus longtemps que les 20 ans prévus dans le contrat », détaille Alexis Glandieres, qui souhaite que l’entreprise spécialisée en énergies renouvelables puisse poursuivre l’aventure une fois l’accord arrivé à terme.
Une solution face à la flambée du coût de l’énergie
Pour le maire de Peyrolles-en-Provence, qui croit en l’avenir du solaire dans le Sud, cette installation doit être un exemple à suivre.
Si la production électrique de la centrale n’a aucun impact sur la facture que payent les administrés de Peyrolles-en-Provence, elle a, en revanche, un impact sur le budget de la commune. Grâce au PPP avec Boralex, la mairie touche environ 70 000 euros par an.
« Nous subissons, moi et mes collègues maires, une explosion des coûts de l’énergie sur l’électricité. La facture électrique que paye la commune pour son éclairage public, ses bâtiments communaux, le chauffage, etc, est passée de 110 000 euros annuels en 2021 à 210 000 euros en 2022. C’est phénoménal », exprime Olivier Frégeac. Les revenus générés par ce partenariat public-privé permettent à la commune d’absorber 70 % du montant de cette facture et au maire de ne pas augmenter les taxes communales.