Au coeur du centre-ville de Marseille, l’atelier Poupe offre une seconde vie aux vieilles bouées de bateaux en les transformant en luminaires créatifs et tendance. Une idée lumineuse.
50 kilos de bouées s’entassent près de l’atelier Poupe de Béatrice Sosna. Elle vient tout juste de les récupérer auprès de la société de recyclage Epur Méditerranée, basée à Gignac-la-Nerthe. Pour le moment, ces pare-battages sont encore recouverts de petits coquillages.
« Avec tout ça, je peux faire facilement 100 lampes, si ce n’est plus », assure la créatrice. Mais avant de changer de vocation, chaque bouée doit passer par « un gros travail de préparation, effectué à la main. La fabrication va durer entre un jour et quatre jours. Ça va dépendre de la taille de l’objet ».
Chacune des réalisations est unique. On peut acheter une lampe toute faite ou sur commande. Ses clients : particuliers ou entreprises, mais surtout, jusqu’à présent, des professionnels de la restauration et de l’hôtellerie. Ils peuvent choisir la taille, la forme, la couleur, le motif, l’attache. Le prix est fixé sur devis.
Reconsidérer la valeur du neuf
Le produit fini est étonnant. C’est un objet lisse et tout en courbe, qui évoque une autre matière bien plus noble : la céramique. « Eh bien non, c’est du PVC resté sur un bateau durant 30 ans. Je pense que ça questionne sur la notion de luxe », s’amuse la Marseillaise de 46 ans.
L’idée de transformer ces bouées en lampes lui est venue pendant le premier confinement. Très proche du milieu nautique, Béatrice a « fait de la logistique pour un équipage qui faisait le tour de France à la voile à l’âge de 23 ans », et a géré une association de voile avec un ami.
C’est son amour pour la mer qui l’a amenée à réfléchir à une seconde vie pour ces bouées, soit brûlées, soit enfouies. « Ça me paraissait naturel de pouvoir réparer tout ce que l’on a pu produire. J’aimerais que l’on reconsidère la valeur du neuf », défend la créatrice.
Une nouvelle visibilité depuis le concours Graines de Boss
Avec son projet en tête, la Marseillaise, originaire du quartier d’Endoume, a quitté son ancien métier d’agent immobilier et œuvré durant deux ans pour s’habituer « à travailler sur le plastique. J’ai fait des tests. Ça reste une matière vivante, qui évolue avec le temps ».
Sa société, l’atelier Poupe, a été fondée en novembre 2021. Pour le moment, la conceptrice est encore en train de bâtir son réseau d’approvisionnement. « J’ai un partenariat avec deux sociétés de recyclage, à Gignac-la-Nerthe et Fréjus. Elles se sont engagées à me donner les pare-battages quand elles récupèrent les bateaux » explique Béatrice.
Pour autant, les quantités qu’elle reçoit varient. L’entrepreneuse espère que le Prix du public de l’édition marseillaise du concours Graines de Boss, remporté début juin, va lui permettre de trouver davantage de fournisseurs. Le jour de la remise des trophées, le président de la Chambre de Commerce et d’Industrie Aix-Marseille-Provence (CCIAMP), Jean-Luc Chauvin, était présent aux côtés de l’adjoint au maire de Marseille en charge de l’économie, Laurent Lhardit, qui a eu un véritable « coup de coeur » pour ce projet, et de la vice-présidente de la Région Sud, Isabelle Campagnola Savon.
Développement sur le littoral français
Béatrice Sosna est enthousiaste. Elle a déjà eu un coup de pouce de la CCIAMP qui l’a « aidée à entrer en contact avec les ports de Sormiou et Sanary, mais aussi des concessionnaires, comme la boutique Nautic Pro shop à l’Estaque ». Et elle devait décrocher un rendez-vous avec l’adjoint au maire de Marseille au moment de notre entretien avec elle.
Durant cette rencontre, elle espère échanger sur la participation de ses créations « au décor du village des Jeux olympiques de voile en 2024. Pourquoi pas un petit local au village nautique de l’Anse du Pharo ? Je pourrais récupérer les bouées et les transformer sur place » se projette l’entrepreneuse.
Elle a d’ailleurs déjà plein d’autres projets en tête, comme faire du mobilier et continuer le développement de son entreprise. Elle envisage de prendre prochainement un stagiaire. À terme, Béatrice compte également embaucher des salariés, qu’elle formerait pour dupliquer son « schéma sur tout le littoral français ».