Après le tweet, le courrier. Suite à la proposition d’offrir une vice-présidence au maire de Marseille au sein de l’exécutif métropolitain, Benoît Payan répond à Martine Vassal via un courrier que nous avons pu consulter. Il y fait part de son souhait de récupérer l’intégralité des compétences de proximité et invite la présidente de la Métropole à venir rencontrer la majorité municipale.

La Métropole telle qu’elle a été constituée en 2016 est en passe de disparaître. Au 1er juillet, les conseils de territoires n’existeront plus. La première résultante de la réforme métropolitaine actée par la loi 3DS relative à la différenciation, la décentralisation, la déconcentration.

Portant diverses mesures de simplification de l’action publique locale, l’évolution institutionnelle de la Métropole doit également passer par le retour des compétences de proximité aux communes pour se recentrer sur ses compétences stratégiques : la mobilité, l’aménagement, le développement économique, l’habitat et l’environnement. Depuis plusieurs mois, le maire de Marseille dénonce cette loi. « C’est une catastrophe », nous livrait l’édile, il y a quelques jours, dans un grand entretien, fustigeant le flou sur le transfert de compétences.

Transfert de compétences : restitution des ateliers aujourd’hui

C’est au lendemain de la publication de notre interview, qu’au détour d’un tweet, la présidente de la Métropole Aix-Marseille-Provence, Martine Vassal, a proposé au maire de Marseille, Benoît Payan, « de devenir vice-président de la Métropole, dans l’intérêt de notre territoire et de ses habitants », parmi les 26 sièges que compte l’exécutif.

Cette annonce survient également alors que le travail des commissions installées en préparation des transferts de compétences induits par le vote de cette loi arrive à son terme. Ces dernières avaient pour vocation de préparer les travaux de la commission locale d’évaluation des charges transférées, dont la première réunion s’est tenue cette semaine, en présence des 92 communes de la Métropole.

Une restitution des ateliers engagés depuis le mois d’avril doit avoir lieu devant les élus métropolitains ce vendredi 17 juin, à l’issue de laquelle la presse est conviée.

Marseille veut retrouver son indépendance

Si Martine Vassal a repris la parole dans la presse, le Maire ne s’est pas exprimé mais a pris sa plume pour adresser un courrier à Martine Vassal. Dans cette lettre rédigée sur un ton très cordial, en date du 17 juin, que nous avons pu consulter, Benoît Payan, reformule ses orientations dans la deuxième ville de France : « Je souhaite, en tant que Maire de Marseille, pouvoir être en capacité de gérer la ville selon les orientations politiques fixées par les Marseillaises et les Marseillais qui ont décidé de confier le soin de cette gestion à une nouvelle majorité », écrit-il.

À ce titre, Benoît Payan en profite pour réclamer l’intégralité des compétences fixé par la loi 3DS et par le Code général des collectivités territoriales. À savoir, la voirie, l’éclairage et la propreté, le tourisme, les parcs et aires de stationnements, les espaces publics. La loi lui permet de récupérer la voirie et la propreté au 1er janvier 2023. « Pour ce faire, il nous faut de la lisibilité ainsi que des garanties sur les moyens pour exercer ces compétences au niveau légitime des attentes de la population ».

Le Maire va plus loin. Pour reprendre la main sur les compétences de proximité telles que l’habitat, la rénovation urbaine ou encore les ports de plaisance comme le Vieux-Port, il souhaite que des discussions s’ouvrent pour déterminer cette faisabilité à travers notamment des conventions de gestion ou des services communs. « Cela vaut aussi bien pour la Régie des Transports, l’Agence d’Urbanisme, et de nombreux autres satellites de la Métropole dont l’activité est très largement localisée sur le territoire de Marseille », précise-t-il, signifiant que « cette logique de proximité », permettra à la Métropole de se recentrer sur une vision stratégique. « C’est pour Marseille, un enjeu majeur comme pour les maires d’Aix-en-Provence, de Vitrolles, ou de Ceyreste… »

Vice-présidence de la Métropole : « Cette option ne me semble pas urgente »

Quant à la proposition de la vice-présidence, si le Maire se dit quelque peu surpris par la forme, les remerciements sont de mise. Toutefois, il précise que « cette option ne me semble pas urgente. Il m’apparait en revanche essentiel de travailler avec vous à un aboutissement rapide de ces travaux visant à restituer au Maire de Marseille les mêmes prérogatives que ses homologues partout dans la Métropole et ailleurs en France ».

Et d’ajouter : « La vocation naturelle de Marseille est d’être au cœur de l’exécutif métropolitain, mais un siège au sein de la Métropole ne saurait garantir aux Marseillais que leurs transports et pistes cyclables soient plus nombreux, leurs logements soient plus abordables, leurs quartiers rénovés, que leurs rues seront plus propres, plus sûres, moins embouteillées et plus agréables à vivre ».

Une invitation à « partager nos aspirations pour Marseille »

Il évoque notamment le tramway de la Belle-de-Mai et du Merlan, les copropriétés dégradées, les 100 villes décarbonées, le Boulevard Urbain Sud. « Les dossiers sur lesquels Marseille souhaite retrouver toute sa place ne manquent pas ». Benoît Payan propose ainsi de « travailler plutôt à un nouveau pacte pour Marseille ».

En conclusion, dans « un esprit constructif et d’unité », dit-il, le Maire propose à Martine Vassal de venir rencontrer l’exécutif municipal, afin qu’il présente les projets de la Ville, « partager nos aspirations pour Marseille. Cette approche est à mes yeux la meilleure pour l’outil commun qu’est notre Métropole. Au service de toutes les communes et de leurs habitants ».

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