Depuis l’ouverture de Provence Studios en 2015, la filière cinéma s’impose comme un atout économique majeur du Pays de Martigues. Un secteur qui a de beaux jours devant lui, avec l’ouverture d’une école et l’installation de nouveaux studios cette année dans la région.
Le Pays de Martigues n’a pas fini de faire son cinéma. Le territoire a accueilli 682 tournages depuis 2015, générant plus de 28 millions d’euros de retombées économiques. Le fruit d’un partenariat public-privé entre les collectivités et Provence Studios, hissé parmi les plus grandes plateformes de tournage d’Europe avec ses 15 plateaux installés sur 22 hectares de terrain.
Une industrie en plein essor appuyée par la Région Provence-Alpes-Côte d’Azur principalement, mais aussi par un fonds d’aide de la Métropole Aix-Marseille-Provence de 557 000 € qui a permis de soutenir 31 films sur trois ans. « Aujourd’hui, la qualité de nos prestations intéresse y compris de l’autre côté de l’Atlantique », témoigne le président et fondateur de Provence Studios Olivier Marchetti.
Ce dernier, qui a transformé les bâtiments de l’entreprise familiale en studios de cinéma il y a huit ans, emploie les grands moyens pour attirer les productions. Il a investi 2 millions d’euros l’année dernière dans la construction d’une salle Next Stage et son écran LED immersif de 350 m2, où est né par exemple « Warsha », le dernier court-métrage lauréat du festival Sundance. Les studios ont pris une nouvelle dimension l’année dernière avec le tournage de la série historique « Serpent Queen », produite par Lionsgate Television, ou encore le film « Titane » de Julia Ducournau, lauréat de la Palme d’or, au festival de Cannes en 2021.
2022, une année stratégique
Cette année, Provence Studios compte se positionner sur la carte des grandes plateformes de streaming américaines, qui investissent des sommes toujours plus colossales dans leurs productions.
« Les budgets des plateformes de streaming sont en train d’exploser, explique Olivier Marchetti. Cette année, Netflix a mis 17 milliards de dollars sur la table pour une année de production, Amazon et Disney+ suivent de près. C’est dans l’optique de créer du contenu de qualité qu’ils sont en train d’explorer de nouveaux studios, de nouvelles écritures et de nouveaux talents ».
Pour que ces productions investissent durablement dans la région, il faut de la place, mais aussi des moyens ; c’est là qu’intervient ce « Pacs économique » entre la Ville de Martigues et les autres collectivités territoriales. Pour appeler au financement des institutions, Olivier Marchetti s’appuie sur les fortes retombées économiques de la filière cinéma, qui crée aussi de nombreux emplois directs et indirects.
1 € d’argent public investi génère 7 et 19 € de retombées économiques sur le territoire
« Pour 1 € d’argent public investi, ce sont entre 7 et 19 € de retombées rapides sur le territoire, assure le président des studios. Ces aides locales sont vitales, car elles permettent d’attirer les productions ». Il donne l’exemple de la série « Serpent Queen », pour laquelle 60 000 € d’aides ont été investis, avec des retombées estimées à 2,3 millions d’euros sur l’économie locale : commerces, restaurants, taxis, boutiques, hôtels…
Face à une demande de tournages grandissante, Provence Studios pourrait s’agrandir cette année, notamment grâce à une aide de 800 000 € de la part du Centre national du cinéma. Un plan de financement est en cours pour l’installation de nouvelles infrastructures au sein des anciens locaux d’Azur Chimie à Port-de-Bouc et dans l’ancienne usine Saint-Louis du 15e arrondissement de Marseille.
La Provence, terre de cinéma
Pour autant, Olivier Marchetti écarte toute rivalité entre Provence Studios et d’autres studios du Sud de la France comme ceux de la Victorine à Nice, ou à Montpellier où un pôle de création cinématographique est en train d’être développé. Selon lui, la filière cinéma régionale ne pourra grandir qu’en s’unissant face à une concurrence, plutôt internationale (Croate, Bulgare…) que française. Une vision qui coïncide avec celle de la création de « grands studios de la Méditerranée » évoquée par le président de la République Emmanuel Macron lors de sa visite à Marseille en septembre dernier.
Olivier Marchetti souhaite « structurer une offre intéressante » dans le Sud de la France en mettant en avant les atouts de la région, qui offre une grande diversité de paysages, un ensoleillement important, une proximité des infrastructures de transport… et qui entretient aussi une longue histoire avec le 7e art.
« Le Sud est un territoire qui est juste incroyable pour le cinéma, s’enthousiasme Olivier Marchetti. C’est bien connu, les origines du cinéma sont en Provence : l’arrivée du train des frères Lumière à la Ciotat, le cinéma l’Eden, Marcel Pagnol… il est vrai que l’on a un peu perdu cette place que nous avions début du siècle dernier, mais nous espérons la retrouver. »
Bientôt une école de cinéma à Martigues
En plus de ces moyens matériels, les productions audiovisuelles nécessitent une importante main d’œuvre locale qualifiée. Pour répondre à cette demande, Provence Studios accueillera dès le mois d’octobre la formation 1000 Visages, créée par la réalisatrice Houda Benyamina (« Divines »). Destinée aux jeunes de 16 à 30 ans, cette école formera gratuitement aux métiers de comédiens, réalisateurs et scénaristes, et accueillera à terme 300 étudiants.
Les studios commencent également à travailler avec les établissements scolaires du territoire pour sensibiliser les plus jeunes aux métiers du cinéma. Un moyen, pour Olivier Marchetti, de « créer les acteurs et techniciens de demain, tout en se garantissant qu’ils restent ou reviennent ici ». D’après lui, cela reste la première question des productions internationales : « Est-ce que vous avez les équipes ? ».