À Port-Saint-Louis-du-Rhône, Eranova produit du bioplastique à partir d’algues vertes échouées, grâce à une technologie innovante et brevetée. Ce procédé permet de diviser la production de plastique par deux.
Créé en 2016, l’entreprise Eranova collecte les algues vertes échouées sur l’Étang de Berre pour les transformer, par un procédé innovant et breveté, en amidon. La société est capable de transformer les algues vertes en différents types de résines biosourcées, destinées à la fabrication d’emballages, de sacs ou encore de produits pour le BTP… Une vraie alternative au plastique traditionnel.
« On est sur une nouvelle génération de polymères qui va utiliser une partie biosourcée issue des algues, nous explique en détails Philippe Michon, co-fondateur d’Eranova. Le procédé consiste à les stresser, les priver de nutriments en modifiant leur métabolisme. Ainsi, elles s’enrichissent en sucre et en amidon. Par la suite, nous extrayons cet amidon, nous nous chargeons de fabriquer la résine puis nous la vendons pour qu’elle soit transformée en sacs, gobelets ou emballages ».
Objectif 20 000 tonnes de plastiques biosourcés d’ici à 2024
En début d’année, les deux co-fondateurs d’Eranova, Philippe Michon et Philippe Lavoisier ont inauguré leur démonstrateur à Port-Saint-Louis-du-Rhône, sur la zone industrialo-portuaire du Grand port maritime de Marseille. Les deux hommes ont conclu un partenariat avec le Gipreb, Groupement d’intérêt public pour la réhabilitation de l’étang de Berre, ainsi qu’avec la municipalité de Martigues pour récupérer ses algues vertes.
Un investissement à hauteur de 6 millions d’euros destiné à recycler ces algues à l’échelle industrielle d’ici à 2024. L’objectif est de produire 1 000 tonnes de plastiques biosourcés dès l’année prochaine et 20 000 d’ici à deux ans. Un pari qui ouvre la voie vers une consommation globalement plus respectueuse de notre environnement.
Valorisation des déchets qui pèse sur les collectivités locales
En 2019, la prolifération d’algues vertes sur l’étang de Berre avait généré de vives tensions sur le territoire. Celles-ci pouvant appauvrir l’oxygénation du plan d’eau et être à l’origine d’intoxications. En effet, si elles ne sont pas ramassées dans les 36h, ces espèces marines peuvent entraîner des dégagements d’hydrogène sulfuré (H2S), émanant des gaz nauséabonds et toxiques.
Cette prolifération d’algues sur l’Étang de Berre est notamment due à l’apport d’origine humaine d’éléments nutritifs dans l’eau. Particulièrement l’azote, dont la source principale (plus de 50 %) est la centrale EDF. Et ici le malheur des uns fait le bonheur des autres, car cette situation sanitaire profite aux dirigeants d’Eranova, Philippe Michon et Philippe Lavoisier.
L’entreprise valorise donc un déchet qui pèse sur les collectivités locales. Et par la même occasion, améliore l’attractivité des plages.
Eranova est également en discussions avec le Maroc et l’Indonésie pour se lancer à l’international. Les associés visent la construction d’une usine sur 10 hectares et la création d’une centaine d’emplois. Un projet évalué à 60 millions d’euros
Cette année, Eranova participe au Capgemini Blue Challenge, qui a débuté le 30 avril et s’achèvera le 30 juin. Organisé en partenariat avec BioMarine, il vise à stimuler le développement de jeunes entreprises proposant des solutions scientifiques innovantes pour la planète.
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