La Journée internationale de lutte contre les violences faites aux femmes se tient ce jeudi 25 novembre. L’occasion de revenir sur un projet majeur qui doit voir le jour dès 2022 à Marseille pour accompagner les victimes : la Maison des femmes.
En France, « les violences conjugales frappent chaque année plus de 200 000 femmes et se terminent trop souvent par des féminicides, déclare l’association Osez le féminisme 13. En 2021, 101 femmes ont été assassinées par leur conjoint ou par leur ex […] 94 000 femmes sont victimes de viol ou de tentative de viol chaque année », poursuit l’organisation anti-sexiste, alors que la Journée internationale de lutte contre les violences faites aux femmes se tient ce mercredi 25 novembre.
Une marche est prévue aujourd’hui à partir de 18 h 30 sur le Vieux-Port. Les associations de lutte contre le sexisme appellent également à une manifestation samedi 27 à partir de 14 h au départ de l’Hôtel de Ville de Marseille. Parmi les revendications : le développement de dispositifs d’accompagnement des victimes, de sensibilisation, le renforcement de la loi et sa bonne application.
L’action publique s’intensifie
En zoomant sur la région Provence-Alpes-Côte d’Azur, la préfecture estime que « ces violences ont été la cause de 11 féminicides en 2019 et autant l’année dernière ». Sur cette question, peu d’évolution donc… Même si « l’État œuvre pour optimiser les dispositifs de protection à l’échelle locale. Dans la région, l’évolution constante du nombre d’ordonnances de protection traduit cette amélioration : en 2020, 107 ordonnances ont été accordées contre 76 en 2019 et 61 en 2018 ».
Les collectivités locales partagent le constat alarmant. « Une femme sur 10 est victime de violence », rappelle la Ville de Marseille, qui lance une campagne de sensibilisation. La Région Sud organise pour la première fois les Assises régionales de lutte contre les violences faites aux femmes en rassemblant les acteurs engagés pour cette cause. Le Département des Bouches-du-Rhône rappelle avoir « engagé, en 2021, plus d’1,2 million d’euros en soutien aux nombreuses associations du territoire qui œuvrent pour la protection des femmes violentées », et lance également une campagne de sensibilisation.
« Être opérationnel dès janvier 2022 à l’hôpital la Conception »
Les institutions publiques soutiennent par ailleurs la création d’une Maison des femmes en projet à Marseille, aux côtés de l’Agence régionale de santé et l’Assistance publique des hôpitaux de Marseille (AP-HM) qui porte le projet. Un dispositif de taille qui vise à offrir un parcours d’accompagnement complet aux victimes : des soins psychologiques et physiques à l’accompagnement social et juridique.
« On démarre en décembre pour que le dispositif soit opérationnel dès janvier 2022 à l’hôpital la Conception », nous explique la professeure Florence Bretelle. La gynécologue obstétricienne à l’AP-HM est une des initiatrices du projet, qui bénéficiera d’un site dédié « fin 2022 ».
Au numéro 165 de la rue Saint-Pierre, précise le Département des Bouches-du-Rhône, qui met a disposition le bâtiment. La collectivité investira 150 000 euros pour « les modalités et les travaux afférents à cette installation ». Cette enveloppe sera actée par un vote lors du prochain conseil départemental.
Un refuge pour accompagner les victimes sur tous les aspects
Pour elle, il est important de proposer un lieu identifiable pour accueillir les femmes victimes de violences. « Un site pour leur permettre de se confier lorsque c’est difficile. Certaines ont du mal, même avec leur médecin de famille par exemple. Ces 15 derniers jours, j’ai vu deux femmes être hospitalisées sous le secret ». La structure les accompagnera sur tous les aspects que comporte une telle situation, avec des assistantes sociales, psychologues, juristes, médecins et sages femmes.
« Il ne s’agit pas de remplacer ce qui existe déjà en termes d’aides associatives et institutionnelles », explique la professeure. « La Maison des femmes vient en complément. Chacun a sa place, mais peut manquer de coordination entre toutes les initiatives ». Ce projet est motivé par le succès d’une expérience similaire lancée à Saint-Denis en 2016. Entre 60 à 80 femmes sont accueillies par jour, avec à une forte hausse des demandes de prise en charge : + 30 % de venues en septembre 2020, en comparaison à septembre 2019.
« Il faudra aller plus loin »
« Nous dupliquons le projet à Marseille », explique Florence Bretelle, estimant pour l’instant que « 30 à 50 femmes seront prises en charge par semaine ». Un dispositif qui a un coût : « 600 000 euros de financement annuel, au minimum, qu’il faut rechercher chaque année ». Elle se félicite du succès de l’appel aux dons lancé l’année dernière, qui a réuni plus de 150 000 euros, et du soutien des institutions publiques.
Mais elle estime qu’« il faudra aller plus loin. Nous espérons convaincre des privés de mettre la main à la poche, et lancerons un nouvel appel aux dons l’année prochaine ». Elle n’oublie pas non plus « le manque de solutions d’hébergement d’urgence à Marseille, qui doit être comblé ». Ni les efforts qu’il reste à faire, du côté de la justice et de la sensibilisation « pour que la journée de lutte contre les violences faites aux femmes n’ait plus de raison d’exister ».