Après les ruches sur les toits des grands hôtels et les terres agricoles dans les quartiers nord, made in marseille vous dévoile une nouvelle culture insolite à Marseille : celle du safran. Pourquoi insolite ? Car, dans la ville, il n’existe qu’une seule cultivatrice de cette épice, la plus chère du monde !
Épice incontournable de la paella et même de la bouillabaisse, le safran se cultive en petite quantité à Marseille. L’année dernière, seulement 300 grammes ont été produits dans la ville. La raison est simple : il n’existe à Marseille qu’une seule cultivatrice de « l’or rouge », comme il est poétiquement surnommé. L’unique safranière marseillaise est nichée dans les hauteurs du quartier de Saint-Loup (10ème arrondissement), au 193 chemin des Prud’Hommes. 1000 m² de plantation sur un terrain en restanques hérité de son père que Brigitte Chenot-Kaftandjian a aménagé depuis 2010 pour y cultiver le seul safran Made in Marseille.
Seule cultivatrice marseillaise à avoir persévéré
Si Brigitte Chenot-Kaftandjian est la seule à produire du safran à Marseille, c’est parce que cultiver cette épice nécessite beaucoup de patience et de persévérance. Certes elle se vend cher, environ 50€ le gramme, mais les récoltes s’élèvent à seulement quelques centaines de grammes chaque année. D’autres cultivateurs se sont lancés à Marseille mais ont vite abandonné.
« Il faut attendre trois ans pour avoir une bonne récolte. En 2012, la mienne était de seulement 40 grammes, soit environ 2 000€ pour une année de travail. Il faut être vraiment passionné pour se lancer dans une telle aventure », confie Brigitte Chenot-Kaftandjian.
Pour que la récolte soit la plus optimale possible, il faut préparer le terrain tout au long de l’année : le désherber au printemps, planter les bulbes en été, sous le soleil caniculaire marseillais. Reste ensuite à attendre la floraison, qui démarre quand les températures du jour et de la nuit commencent à être très différentes, et qui présage de longues nuits blanches pour la cultivatrice…
Des dizaines de milliers de fleurs à traiter
C’est entre mi-octobre et mi-novembre que la floraison s’étale à Marseille. Pendant cette période, il faut ramasser et émonder une à une les fleurs pour ne garder que leur pistil qui sera ensuite séché. Si ces étapes ne paraissent pas fastidieuses au premier abord, les chiffres démontrent le contraire. Pour obtenir 1 gramme de safran, il faut récolter, émonder et sécher entre 200 et 250 fleurs ! En d’autres termes, pour ses 300 grammes, ce sont 60 000 à 75 000 fleurs qui sont sorties des terres de Brigitte Chenot-Kaftandjian. Pour toutes les traiter, la cultivatrice sait s’entourer chaque année d’une fine équipe.
« Des amis viennent m’aider et passent jours et nuits avec moi. Deux sont chargés de cueillir les fleurs et les autres les émondent. Pendant cette période, on vit et on sent safran littéralement ! » s’amuse-t-elle.
Un soutien indispensable quand on sait qu’en une journée lors du pic de floraison, environ 17 000 fleurs doivent être traitées impérativement dans les 24 heures. Car une fois cueillie, la fleur se fane très rapidement, à l’instar du coquelicot, et les pistils deviennent difficiles, voire même impossibles, à retirer.
Où trouver le safran de Marseille ?
Approchée par un grand restaurant gastronomique de Marseille prêt à lui acheter sa production entière de safran, Brigitte Chenot-Kaftandjian a refusé, quitte à ne pas réussir à vendre tout son stock.
« Je cultive un produit marseillais pour les Marseillais ! Je ne veux pas que mon safran ne soit accessible qu’à une élite, mais au contraire que tout le monde puisse en profiter », souligne la cultivatrice.
Pour cela, il faut se rendre directement à la propriété de Saint-Loup de Brigitte Chenot-Kaftandjian. Quatre conditionnements sont en vente à des prix allant de 6€ les 0,1 gramme à 50€ le gramme. Le safran de Marseille étant très pur, inutile d’en mettre trop dans vos préparations. La cultivatrice prévient d’ailleurs qu’un seul gramme suffit pour une paella pouvant régaler 60 personnes !
Infos pratiques
193 chemin des Prud’Hommes, 13010 Marseille
Brigitte Chenot-Kaftandjian organise aussi régulièrement des événements chaleureux et conviviaux pour y faire goûter des produits salés et sucrés à base de son safran. Pour plus d’informations, rendez-vous sur la page facebook du Safran de Marseille.
Par Agathe Perrier
Très bonne initiative que du bonheur…Pouvez-vous me dire comment avoir les bulbes de safran….