Depuis le Palmarès des Villes Vertes publié en 2014 par l’Union Nationale des Entreprises du Paysage (Unep), Marseille figure en troisième position des villes les plus exemplaires en matière de préservation de la biodiversité. Un statut qu’elle doit à la présence d’une faune et d’une flore riches et variées sur son territoire et à de nombreuses pratiques pour les protéger et même les développer.
Bien qu’elle soit la ville la plus irrespirable de France, d’après l’atlas des villes les plus toxiques de l’association Robin des Bois, Marseille fait aussi partie de celles qui protègent le plus leur biodiversité. D’autant plus qu’elle est très importante et diverse dans la ville.
En matière de biodiversité, Marseille dispose d’un grand patrimoine. D’un côté, le territoire compte des massifs d’une richesse incroyable en termes de faune et de flore comme celui du parc national des Calanques pour n’en citer qu’un. De l’autre, la ville regorge d’espaces naturels et de jardins publics ou privés dont le nombre d’espèces, même si elles s’avèrent plutôt ordinaires, en font des lieux très riches en biodiversité.
Des pratiques exemplaires pour préserver la biodiversité
Si Marseille se retrouve en 3e position des 10 villes les plus exemplaires en matière de préservation de la biodiversité, c’est parce qu’elle déploie des démarches innovantes à grande échelle en matière de protection et d’encouragement de la biodiversité. Par exemple, la ville suit de très près l’évolution de la biodiversité urbaine : inventaire des oiseaux nicheurs, inventaire des papillons… Elle se préoccupe notamment de la question des pigeons, dont les populations sont contrôlées à travers la mise en place de pigeonniers dédiés.
Marseille a aussi fait le choix d’une gestion différenciée de tous ses espaces verts pour réduire l’arrosage et ainsi mieux pallier aux pénuries d’eau en période sèche. Elle pratique également la diversification des essences plantées afin de maintenir la richesse de la biodiversité endémique (les espèces que l’on ne trouve que dans la région).
Enfin, pour pallier au manque d’espace disponible au sol, la ville a développé un réseau de façades et toitures végétalisées parmi les plus importants au sein des plus grandes villes de France. Plus d’1 hectare est déjà déployé notamment grâce à un système d’incitations auprès des particuliers. Un phénomène qui tend à se développer encore davantage à l’avenir.
Jardins partagés, agriculture urbaine, rues végétalisées…
La richesse de la biodiversité à Marseille se voit un peu partout dans la ville. En centre-ville, cela passe par des rues végétalisées notamment dans le quartier de Noailles. Mais du côté des Catalans aussi, avec des bacs potagers installés sur les trottoirs et où l’entretien et la cueillette sont ouverts à tous. Ces initiatives sont prises en charge par les habitants et créent du lien social dans les quartiers où les familles se retrouvent pour échanger sur les techniques de plantation.
Dans la périphérie de la ville, on trouve aussi à Marseille des terrains redevenus agricoles, des fermes pédagogiques et surtout de nombreux jardins partagés. 57 au total, faisant de Marseille la deuxième ville de France à disposer d’autant de parcelles de ce genre !
À l’instar d’autres grandes villes de France comme Lyon, Marseille a aussi sa propre application mobile informant les usagers sur l’espace vert le plus proche et les activités et infrastructures qui y sont proposées. L’application « Mon jardin en ville », en version alpha pour le moment, peut par exemple vous trouver l’itinéraire le plus vert pour aller à votre travail ou faire votre footing afin de rendre vos trajets plus agréables.
Des progrès à faire en termes d’urbanisation
Toutefois, selon Jean-Noël Consales, Maître de Conférences en Urbanisme, Aménagement du Territoire et Géographie à l’Université d’Aix-Marseille (AMU), spécialisé dans le rapport ville-nature, Marseille a encore des efforts à faire du côté de l’urbanisation. Le véritable défi selon lui est d’arriver, dans le futur, à construire en combinant production de logement et respect de la biodiversité.
« À Marseille, il y a un énorme potentiel en matière de biodiversité, mais les modes de faire la ville condamnent ce potentiel. Aujourd’hui, les opérateurs qui construisent des logements plaquent des modèles qui ne sont pas adaptés à la ville ! Il faut absolument intégrer beaucoup plus d’interventions d’architectes, d’urbanistes et de paysagistes pour maintenir le potentiel marseillais. Heureusement, cela est de plus en plus intégré », se réjouit Jean-Noël Consales.
Le prochain Palmarès des Villes Vertes sera publié l’année prochaine toujours par l’Unep. L’occasion de voir si Marseille a réussi à maintenir sa place dans le top 3 des villes les plus exemplaires en matière de préservation de la biodiversité, voire peut-être à grimper sur l’une des deux premières places du podium.
Par Agathe Perrier