Avec ses 57 jardins partagés référencés, Marseille est la deuxième ville de France, derrière Nancy, à disposer du plus grand nombre de ces espaces verts d’après le classement de l’Union Nationale des Entreprises du Paysage (Unep). Et bonne nouvelle : le phénomène se développe toujours plus avec de nouveaux jardins qui vont sortir de terre cette année.
En moyenne, les villes les plus vertes de France, c’est-à-dire les plus en pointe sur le végétal, dispose d’une vingtaine de jardins partagés. Avec ses 57 parcelles, Marseille sort son épingle du jeu et se classe deuxième en nombre de jardins partagés derrière les 68 que compte Nancy. Les deux villes distancent d’ailleurs largement le troisième du classement, Mérignac, et ses 38 jardins partagés.
Les spécificités marseillaises en termes de jardins partagés
Les jardins partagés marseillais disposent de points communs avec les autres parcelles cultivées en France. Notamment un esprit collectif qui provient de l’essence même de ces jardins : être des lieux où les hommes cultivent la terre ensemble avec des logiques communes. Toutefois, ces pratiques communes sont interprétées différemment dans l’Hexagone. Dans le sud et notamment à Marseille, on assiste à une individualisation de l’espace.
« Les Marseillais préfèrent avoir un bout d’espace à eux plutôt que 100 m² à partager à plusieurs. Même si on est dans un jardin partagé, des dispositifs sont mis en place pour séparer l’espace individuel de l’espace commun. Alors que dans le nord de la France, les séparations dans le paysage du jardin sont beaucoup moins nettes », met en avant Jean-Noël Consales, Maître de Conférences en Urbanisme, Aménagement du Territoire et Géographie à l’Université d’Aix-Marseille (AMU).
Quels sont les intérêts concrets des jardins partagés ?
Il serait très limité de penser que les jardins partagés n’ont qu’une utilité environnementale et paysagère pour la ville. Au contraire, ils jouent un bouquet de fonctions, comme l’explique Jean-Noël Consales : « Certains jardiniers cherchent dans un jardin partagé une fonction alimentaire forte, d’autres un contact avec la nature, un loisir qui les fait sortir de chez eux, de la convivialité… La multifonctionnalité des jardins est réelle et varie d’un jardin à l’autre et même d’un jardinier à l’autre à l’intérieur d’un même jardin ».
Toutefois, les jardins ne peuvent répondre à des fonctions purement nourricières pour leurs jardiniers en raison de leur petite taille. Mais ils permettent tout de même de remplir leur réfrigérateur de produits frais et de saison et également d’éduquer les plus jeunes sur la question alimentaire.
Un développement favorisé par le contexte marseillais
Si les jardins partagés se sont fortement développés à Marseille, c’est grâce à « différents facteurs qui se sont complétés et qui ont été favorables à cette dynamique », explique Jean-Noël Consales. D’abord un critère historique : les premiers jardins partagés sont apparus dans le nord du pays au début du 20ème siècle. Marseille aussi les a vus sortir à cette période grâce à sa forte industrialisation car ces jardins avaient d’abord pour vocation d’améliorer les conditions de vie des ouvriers en leur procurant un équilibre social et une autosubsistance alimentaire.
La géographie et l’urbanisation de la ville se prêtent également à l’installation de jardins partagés. D’un côté car le territoire est très grand et de l’autre car l’urbanisation particulière dans les Trente Glorieuses à Marseille a laissé beaucoup de vide et d’espaces qui se sont naturalisés. Enfin, la politique de la ville a aussi joué un rôle.
« Il y a une préoccupation assez ancienne de la municipalité et du service des espaces verts sur la question des jardins partagés à Marseille. Il y a eu un portage politique conséquent et ancien qui se traduit par une charte plutôt unique en France et qui est même assez précurseur. Sans compter les bailleurs sociaux qui sont eux aussi sensibilisés à ce sujet », explique Jean-Noël Consales.
Cinq nouveaux jardins pour 2016
Et pour cette année 2016, cinq nouveaux jardins vont sortir de terre à Marseille. Notamment rue Ruffi, dans le quartier de la Joliette avec des jardins partagés pour que les habitants puissent y cultiver leur potager et un espace d’accueil appelé « la cabane des jardiniers » côté avenue Camille Pelletan. Dans le quartier du Panier, la place du Refuge en friche depuis une dizaine d’années devrait également se transformer en jardin partagé.
Le développement des jardins partagés n’est toutefois pas spécifique à Marseille. Sur les 20 villes les plus vertes de France, 80% d’entre elles vont aussi voir éclore au moins un jardin au cours de cette année. Mais avec ses cinq jardins partagés, Marseille fait toutefois office d’exemple à suivre.
À découvrir aussi
Par Agathe Perrier