Le téléscaphe de Callelongue à Marseille, était l’ancêtre des sous-marins touristiques. Il avait pour but de faire découvrir aux Marseillais et aux touristes les fonds marins sans se mouiller, pas même les pieds !
Bien qu’ils n’existent plus aujourd’hui, il y a bien eu deux téléphériques à Marseille à la fin des années 1960. Ils ont même fonctionné en même temps pendant deux mois. Le premier, le funiculaire de Notre-Dame de la Garde, permettait aux Marseillais et aux touristes de rejoindre la Bonne Mère sans effort comme expliqué dans notre reportage.
Le second avait lui un but purement touristique. Baptisé « Téléscaphe » par contraction de « téléphérique » et « scaphandre », sa vocation était de rendre accessibles les fonds marins à tout le monde, en toute sécurité et sans se mouiller.
Un projet fou dans la calanque de Callelongue
Si aujourd’hui le monde de la mer n’a plus de secrets pour nous grâce aux activités de plongées, aux documentaires et au cinéma, tel n’était pas le cas dans les années 1960. À cette époque, beaucoup parlent d’aller sous l’eau et de nombreux films témoignent de ce que sont les profondeurs sous-marines, mais seulement une minorité de personnes pouvaient s’y aventurer car il fallait avoir au moins 20 ans et être en bonne santé. Et surtout ne pas avoir peur de plonger à plusieurs mètres de profondeur.
Face à cette réalité, deux hommes de la montagne, l’un champion de ski et l’autre ingénieur spécialisé dans les téléphériques, ont l’idée de créer un système permettant à tout le monde d’aller sous l’eau à prix réduit, pour seulement 12 francs. Le tout dans des télécabines sous-marines étanches qui contiennent suffisamment d’air pour assurer une traversée de plusieurs centaines de mètres.
C’est à Marseille qu’ils vont pouvoir concrétiser ce projet un peu fou, et plus précisément dans la calanque de Callelongue. Les travaux démarrent en 1966 et sont appuyés par des aides d’un côté de la Ville de Marseille et de l’autre des Ponts et Chaussées. Le coût de ce projet est colossal, surtout pour l’époque, puisqu’il s’élève à deux millions de francs.
31 000 passagers en à peine un an
L’habitacle étanche dans lequel les visiteurs sont cloisonnés durant toute la traversée est en fait une cabine d’environ trois tonnes. Sa forme est celle d’un œuf dont les parois sont composées de six vitres et de deux hublots au plafond. Six personnes pouvaient s’y trouver en même temps. Sur la partie terrestre, la cabine glissait le long d’un rail pour aller s’immerger dans la mer où elle n’était alors retenue que par des câbles.
Une fois dans l’eau, la cabine parcourait environ 500 mètres en immersion jusqu’à un maximum de 10 mètres de profondeur. Chaque traversée était suivie par des plongeurs à la fois pour assurer la sécurité en cas d’incident et également rassurer les passagers. Arrivée au bout du parcours, la cabine refaisait le même chemin en sens inverse pour un trajet aller-retour d’une durée totale d’environ 10 minutes. Petit bonus qui plaisait beaucoup aux passagers : chacun d’entre eux recevait à la fin de la visite une carte de baptême de plongée.
Malheureusement, la vie du téléscaphe marseillais fut brève. Inaugurée le 1er juillet de l’année 1967, il cesse les traversées seulement un an plus tard par manque d’argent et de soutien. Malgré sa courte existence, il aura tout de même permis à 31 000 personnes, de jour comme de nuit, de découvrir les profondeurs sous-marines marseillaises.
Une vidéo dans le téléscaphe en 1969
Et depuis ?
Aujourd’hui, il ne reste du téléscaphe que les roues de la gare de départ autour desquelles les câbles s’enroulaient pour faire fonctionner la machine. Au nombre de quatre, comme à l’époque, elles s’exposent entièrement oxydées aux yeux des passants.
Un projet de réhabilitation de ce téléphérique des mers s’était bien installé dans les discussions au cours des années 1990, mais est seulement resté dans les cartons.
Par Agathe Perrier