Le grand chantier de dépollution à 14 millions d’euros débute à Marseille pour traiter 20 sites du littoral Sud et des calanques, contaminés par des siècles d’industrie chimique. Explications.

Une pollution chimique de plus de 200 ans. Comme à Samena, où une usine de soude s’est implantée en 1809. Avant que de nombreuses autres lui emboîtent le pas en s’installant sur des kilomètres le long du littoral Sud de Marseille et dans les calanques. De la Madrague de Montredon jusqu’aux Goudes, Callelongue et même Sormiou, elles ont produit du plomb, de l’acide chlorhydrique, du soufre, ou raffiné du pétrole.

Leur héritage : en plus des bâtiments contaminés difficiles à reconvertir, des « crassiers » contenant arsenic, plomb, mercure, cadmium, antimoine… qui s’érodent sur terre ou dans la mer. Ces « scories » jonchent le littoral, avec ses plages et calanques. Leur beauté trompeuse, en plein parc national, attire toujours les badauds et plagistes inconscients de fréquenter un site contaminé depuis des centaines d’années.

Il aura fallu attendre 2023 pour que les pouvoirs publics se décident enfin à dépolluer ces zones. Un chantier complexe à 14 millions d’euros, supervisé par l’Agence de la transition écologique (Ademe) et financé par la Ville (2 M€), la Métropole (1,5 M€), le Département (3,4 M€) et l’État (7 M€). L’issue d’une lente prise de conscience, qu’a d’ailleurs sanctionné le tribunal administratif en condamnant l’État à mettre en sécurité les dépôts avant 2028.

La première phase de travaux débute jusqu’en mars 2026

Ce devrait être le cas puisque l’Ademe table sur 2027 pour la fin du chantier. Ce dernier est en train de se mettre en place depuis le début de la semaine. La première phase s’étend jusqu’en mars 2026 pour mettre en sécurité sept dépôts autour des calanques de Samena, du Mauvais Pas et de la calanque Blanche (au premier plan de la photo de Une).

La seconde phase, de septembre 2026 à mars 2027, doit dépolluer 13 sites dans les secteurs de l’Escalette, et plus au sud, des Goudes et de Callelongue.

« L’objectif sanitaire est prioritaire, insiste la Préfecture. Ces travaux visent à supprimer le risque d’exposition des personnes aux polluants ».

littoral sud, Calanques : la grande dépollution du littoral Sud de Marseille débute enfin, Made in Marseille
Toutes les infos du chantier sont à retrouver sur le site de l’Ademe.

À Samena, des restanques en pierre pour cacher les crassiers confinés

Mais l’institution qui représente l’État rappelle également que ce chantier inclut « une réhabilitation environnementale et paysagère, tenant pleinement compte des spécificités du site concerné ». À savoir le Parc national des Calanques.

Par exemple, le secteur de la plage de Samena, dont le sable contaminé sera remplacé, doit subir un lifting esthétique en même temps que sa dépollution. Les blocs de roche qui contiennent aujourd’hui les dépôts feront place à des restanques (terrasses) en pierres, végétalisées.

Ce parement paysager cachera en réalité les scories confinées dessous dans du béton armé. L’aménagement paysager prévoit également la création d’un nouvel escalier d’accès à la plage.

Projection de l’aménagement de Samena. Crédit : Ademe / J-D Gineste / Genius Loci : 

Circulation et stationnement perturbés dans un secteur déjà compliqué

Le chantier devrait se dérouler sous haute surveillance, autant des autorités sanitaires que des riverains, devenus fins connaisseurs de la pollution qui les entoure. Par ailleurs, les travaux aussi sensibles que complexes, dans des zones difficiles d’accès, impacteront l’accès au littoral Sud, très fréquenté mais desservi par une route unique.

Elle sera perturbée, en semaine jusqu’à 17h, par deux zones de circulation alternée au niveau de la calanque des Trous et de Mauvais Pas. Mais ce qui inquiète le plus les riverains, c’est l’utilisation du parking Napoléon des Goudes, le plus important du secteur, pour y installer la base de vie pour des entreprises du chantier.

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Le parking Napoléon entre les Goudes et Callelongue

Les Goudois doutent que les « zones de délestage » prévues au-dessus du parking suffisent à absorber le flux des voitures de visiteurs, qui s’ajouteront à celles des ouvriers et aux engins de travaux. La Préfecture encourage les visiteurs « à privilégier les transports collectifs publics pour se rendre dans la zone ».  La Métropole doit ainsi renforcer les lignes de bus 19 et 20 et maintenir les stations levélo disponibles.

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