Il semble loin le temps où l’économie de la région marseillaise tournait quasi exclusivement autour du port de commerce, avec l’apogée de l’empire colonial et les évolutions technologiques. Le monde a changé et Marseille aussi.
Ces dernières décennies, le développement économique de la Provence s’est réparti sur tout le territoire autour de six filières d’excellence : maritime et logistique, énergies et environnement, aéronautique et mécanique, santé, tourisme et arts de vivre, industries numériques et créatives.
De la Ciotat à Fos-sur-Mer en passant par le pourtour de l’étang de Berre, Aix-en-Provence, et bien sûr Marseille, ces secteurs clés représentent plus de la moitié des emplois créés dans la métropole Aix-Marseille-Provence. Il faut dire que ces filières attirent “80% des implantations étrangères chaque année”, chiffre Philippe Stéfanini, directeur général de Provence Promotion. L’agence d’attractivité a justement pour mission d’attirer les entreprises et leurs capitaux. “Pour les intéresser, pas besoin de vanter les atouts naturels du territoire. Il suffit de leur parler de l’impressionnant développement de leur filière.”
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Énergie et environnement : une filière tournée vers la Provence de demain
Et des écosystèmes économiques qui se construisent autour. “Comme pour l’industrie à Fos, autour de l’énergie de demain”, poursuit Philippe Stéfanini. Les projets de giga-usines de panneaux photovoltaïques, d’éolien offshore ou d’hydrogène vert attirent des centaines de sous-traitants. Sans oublier les startups et autres projets de recherche qui parsèment le territoire dans la filière de l’énergie et de l’environnement. Du CEA de Cadarache, autour du nucléaire, jusqu’au technopôle de l’Arbois, à Aix, le premier de France, dédié aux “cleantech”. Ils conjuguent innovation et environnement, et trouvent en Provence le terreau pour propulser leurs projets dans l’économie réelle.
Maritime et logistique : du passé florissant vers un futur vertueux
Parler de l’énergie de demain, c’est répondre aux enjeux d’une autre filière d’excellence du territoire : le maritime et la logistique. Le Port de Marseille-Fos reste une porte d’entrée des marchandises en Europe. En témoigne la présence de l’un des plus grands armateurs au monde, la CMA CGM, premier employeur privé de la cité phocéenne avec plus de 5 000 collaborateurs. Mais le secteur s’appuie sur bien d’autres dynamiques, de la Ciotat avec les yachts de luxe à la réparation navale marseillaise, ou la logistique terrestre et fluviale.
Aéronautique et mécanique : un secteur de pointe porté par des fleurons provençaux
De la mer aux airs, la Provence à de quoi rayonner. La filière d’excellence “aéronautique et mécanique”, représente “près de 35 000 emplois”, précise Philippe Stéfanini, et 5,5 milliards d’euros de chiffre d’affaires. Innovations de pointe, microélectronique, engins civils ou militaires… Parmi les fleurons de ce secteur, on compte bien sûr Airbus Helicopters à Marignane. Mais aussi l’aéronautique de défense, boostée par la plus grande base aérienne de France, à Istres.
La santé, coeur battant de l’économie d’Aix-Marseille-Provence
Avec un chiffre d’affaires estimé à 14 milliards d’euros, “la santé est la filière d’excellence la plus employeuse du territoire, avec 80 000 salariés”, rappelle le directeur de Provence Promotion. Il faut dire que la métropole peut compter sur des pôles et instituts de niveau mondial. Immunologie à Luminy, traitement du cancer à l’institut Paoli-Calmettes, ou encore les équipements médicaux et les nouvelles technologies. Alors que l’intelligence artificielle devient un pilier de la médecine de demain, des startups provençales tirent leur épingle du jeu en levant des centaines de millions d’euros chaque année.
Industries créatives et numérique : du code aux pixels
Terre historique de cinéma, la Provence reste le deuxième site de tournages en France. Mais avec les jeux vidéo, les arts visuels ou la mode durable, l’ensemble des industries culturelles et créatives (ICC) ont le vent en poupe dans la région marseillaise. En parallèle, le territoire ne cesse de s’imposer comme un pôle majeur du numérique, boosté par les câbles sous-marins qui connectent Marseille avec le monde entier. Entre la recherche et la formation, c’est tout un écosystème économique qui se structure dans la région.
Tourisme et art de vivre : le rêve provençal, pilier de l’économie
Des flamants roses à la lavande, des plages de Camargue jusqu’aux calanques. Avec 50% d’espaces naturels protégés, les Bouches-du-Rhône font rêver. “La Provence attire 9,2 millions de touristes chaque année. Ils y dépensent 3,4 milliards d’euros”, décrit Isabelle Bremond, directrice générale de Provence Tourisme. Sans oublier le tourisme d’affaires avec ses congrès, séminaires et autres événements. Il rapporte 237 millions d’euros de retombées, rien qu’à Marseille. De quoi faire du tourisme et de l’art de vivre une filière d’excellence incontournable avec 32 300 emplois. Cuisiniers, directeurs d’hôtels, guides… “Ce sont des carrières intéressantes, car on peut souvent partir du bas de l’échelle pour atteindre des sommets”, note Isabelle Brémond.
Une relation gagnant-gagnant avec Aix Marseille Université
5 campus, 17 facultés, écoles et instituts de formations, ses 82 000 étudiants et 8 000 personnels et chercheurs… Aix Marseille Université (amU) s’impose comme la plus importante université francophone. Un maillon central du développement des filières d’excellence. Pour son président, Éric Berton, “C’est du gagnant-gagnant. Elles sont un moteur pour la recherche, l’innovation, la formation”. De son côté, l’amU “forme des employés très qualifiés. Un argument de taille pour attirer les investisseurs sur le territoire, explique Philippe Stéfanini, de Provence Promotion. Les étudiants savent que dans ces filières, ils trouveront un emploi.”