Après deux ans d’existence, la monnaie alternative Sauvage se répand dans les commerces de Marseille et sa région, ainsi qu’en France. Tout comprendre de cette monnaie en déchets recyclés qui pousse à la consommation responsable et finance la dépollution de la nature.
« Tu connais l’histoire du mec qui a échangé un trombone contre une maison ? Eh ben à Marseille, depuis deux ans, on échange des déchets contre des produits locaux, contre du fromage, contre des bières ». À Marseille, la monnaie Sauvage fait de plus en plus d’adeptes, comme le rappelle Adrien Piquera, de Sauvage Méditerranée.
À la base, cette association environnementale récupère les déchets plastiques ramassés dans la nature pour en faire toutes sortes d’objets, des bijoux aux trophées sportifs. Elle reverse 10% des bénéfices aux associations qui organisent les ramassages et dépollutions d’espaces naturels.
Désormais, elle transforme aussi ce plastique sauvage en pièces de monnaie pour récompenser les bénévoles qui participent aux nettoyages. Ils peuvent ainsi dépenser la monnaie Sauvage dans de nombreux commerces ou lieux culturels de la région marseillaise.
La monnaie Sauvage se répand dans toute la France
Un verre de bière locale à Zoumaï, une réduction pour un atelier de la boutique zéro déchet Les Flamants Verts, une bombe à fleurs chez la fleuriste locale et de saison Ziggy… Et même désormais des places de spectacles au Silo « pour voir des artistes engagés. De Payanotis Pascot à Waly Dia en passant par John Butler, Thylacine ou Aymeric Lompret », liste Adrien.
Le point commun entre tous ces lieux et boutiques ? « C’est qu’ils font du bien à Marseille. C’est qu’elles sont locales et engagées », clame Noémie Espanet, chargée du développement de la monnaie Sauvage. « On a commencé avec 10 commerces partenaires. Maintenant, on en a plus de 40 à Marseille, Niolon, La Ciotat et Toulon ».
Et Sauvage Méditerranée n’entend pas s’arrêter là. « On est déjà en partenariat avec de nouvelles villes comme Montpellier, Aix, Aubagne… ». Mais l’intérêt commence à se faire connaître dans les villes du nord et de l’ouest de la France. « Même à La Réunion, où une association nous a contactés ».
De plus, la monnaie est désormais distribuée pour diverses actions bénévoles, comme celles de la plateforme Benenova ou des ateliers de jardinage au Talus.
Après la dépollution, encourager une meilleure consommation
Pour chaque pièce de monnaie Sauvage dépensée, 5 euros sont reversés à une des trois associations environnementales partenaires : MerVeille, 1 Déchet par Jour et Clean My Calanques. Elles organisent toutes des ramassages d’espaces naturels dans la région. Le fonds proviennent des ventes des produits Sauvage.
La boucle est bouclée : les déchets plastiques ramassés deviennent de la monnaie pour récompenser les ramasseurs, qui financent les associations consommant dans des commerces responsables. « C’est ça que je trouve intéressant, explique Sylvain, nettoyeur bénévole. Mon action ne s’arrête pas à ce ramassage sur une plage. Après, je vais aller découvrir tout un écosystème économique vertueux à Marseille, et avoir une consommation plus raisonnée ».
Et c’est là le nerf de la guerre, pour Éric Akopian, de l’association Clean My Calanques. « L’étape 1, c’est de ne plus jeter ses déchets par terre, et de dépolluer. Mais l’étape au-dessus, c’est de produire moins de déchets en travaillant sur notre surconsommation. C’est là que la monnaie Sauvage est intéressante ». Avec elle, on peut dépenser sans compter.