La proposition de loi de régulation de l’ultra fast fashion a été adoptée par le Sénat ce 10 juin. Une avancée qui va dans le sens de la première Slow Fashion Week à Marseille, où la mode responsable et engagée a été mise au premier plan.

Attendue depuis longtemps, la loi pour la réduction de l’impact environnemental de la filière textile fait un pas de plus vers une mode plus durable. La proposition de loi dite « anti fast fashion » a fait l’unanimité le 10 juin auprès des sénateurs avec 337 voix pour, 1 contre et 3 abstentions.

« Ça tombe hyper bien, pendant la première édition de la Slow Fashion Week. C’est un signe symbolique qu’on est sur la bonne voie », s’enthousiasme Marion Lopez, créatrice de Studio Lausié et présidente du collectif BAGA, organisateur de l’événement. Upcycling, recyclage, insertion… Toutes les marques présentes sont pleinement engagées dans la mode éco-responsable.

fast fashion, Slow Fashion Week : l’adoption de la loi contre la fast fashion réjouit la mode locale, Made in Marseille
Marion Lopez à l’occasion d’un défilé de la Slow Fashion Week.

Le président du syndicat des professionnels de la mode, Mode in Sud, et de l’école de textile Fask Academy, Jocelyn Meire insiste : « Le point fort de cette loi c’est l’interdiction de la publicité ». Les industries de fast fashion ne pourront donc plus s’acheter de pages publicités dans les journaux, les abribus et surtout sur les réseaux sociaux. Notamment les influenceurs, qui ne pourront plus les promouvoir. Ce sont donc les jeunes générations que la loi tente aussi de préserver de la surconsommation textile et jetable.

La question du malus appliqué aux produits les moins vertueux est également importante, revendique Jocelyn Meire. Selon lui, contrairement à ce qu’on peut entendre, « il n’est pas fait pour pénaliser le consommateur mais pour faire changer les choses au sein de ces entreprises. Le deal qu’on leur propose c’est simplement d’arrêter de produire des t-shirts à deux euros par exemple ». Ces produits à très bas coût impliquent souvent des conditions de travail indignes et un impact néfaste sur l’environnement.

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Atelier couture à l’école de mode responsable et inclusive Studio Lausié.

Fast fashion et ultra fast fashion

Mais cette loi concerne en premier lieu les marques d’ultra fast fashion comme les géants chinois Shein ou Temu. « C’est l’une des modifications qui a été faite par le Sénat. L’interdiction de publicité ne toucherait donc pas les entreprises françaises qui font de la fast fashion comme Kiabi », estime Jocelyn Meire.

« On parle de l’ultra fast fashion alors que la fast fashion, qui paraît plus acceptée, c’est également de la surproduction », signale de son côté la créatrice de l’école Studio Lausié. On compte plus de 7 000 nouvelles références par jour sur le site Shein. D’après Les Amis de la Terre, le géant chinois possède près de 470 000 références disponibles en temps réel, là où H&M en présente 25 000.

La loi devrait d’ailleurs, à terme, définir plus précisément la différence entre fast fashion et ultra fast fashion.

« Le chemin est encore long »

« Le chemin est encore long, mais c’est une première victoire », souligne Marion Lopez. En effet, la loi est toujours à l’état de proposition. Déposée en janvier 2024, adoptée par l’Assemblée nationale trois mois plus tard à l’unanimité, puis par le Sénat il y a quelques jours, « les plus optimistes parlent d’une application dès 2026 », précise le président de Mode in Sud.

Le texte doit en effet encore être étudié à la Commission européenne cet automne. « Dans son parcours entre la France et l’Europe, les lobbyistes pro fast fashion et ultra fast fashion peuvent intervenir, enlever une phrase par-ci, un mot par-là. Et il va falloir être tolérant à la frustration », ironise Jocelyn Meire.

Pour Marion Lopez, « il faut, en parallèle, sensibiliser les consommateurs pour amorcer un changement de consommation ». Le but de cette Slow Fashion Week est de « voir qu’on peut faire du beau avec du vieux ». Et surtout « que ça va encourager les consommateurs à regarder ce qui se fait plus localement et de manière plus responsable », espère-t-elle.

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