Une foule massive s’est réunie ce samedi à Marseille en mémoire de Mehdi Kessaci, et pour dire stop au narcotrafic.
Une marée humaine. Entre 6 000 et 10 000 personnes. Et beaucoup de blanc pour un rassemblement historique. La population marseillaise a répondu présent, ce samedi 22 novembre 2025, autour du rond-point Claudie d’Arcy, au pied de l’hôtel du département (4e), où a été assassiné Mehdi Kessaci une semaine plus tôt.
Il avait 20 ans, était promis à une carrière de policier, et a été emporté certainement par « un crime d’intimidation ». Son frère Amine, militant écologiste, est engagé auprès des victimes du narcotrafic depuis le décès d’un autre membre de la fratrie, Brahim, en 2020.
La foule est venue rendre hommage à la victime, à sa famille, et s’élever ensemble contre les narcotrafiquants. « Ce n’est plus supportable, il faut dire stop, témoigne Sabrina, maman marseillaise parmi tant d’autres. C’est la loi de la peur, de la violence, pour faire du fric. Il n’y a rien qui justifie ni ne pardonne de tels actes ».
Beaucoup de mères composent la foule pour soutenir celle de Mehdi, Ouassila, qui tente malgré l’émotion et les larmes de s’exprimer. « Vos mères, sont-elles fières de vous comme je suis fière de mes enfants ? Comme je suis fière de mon fils ? » lance-t-elle à l’adresse des narcotrafiquants. « Il faut que ça s’arrête ».
« Plus d’égalité, moins de criminalité »
« Nous aussi on n’en peut plus », témoignent trois minots en survêtements blancs. Ils ont entre 10 et 15 ans, et viennent « de Frais-Vallon », une cité non loin de là. « Mehdi n’avait rien fait. On veut tous avoir une vie tranquille mais c’est dur. Il faut aussi voir la galère dans les quartiers ».
« Plus d’égalité, moins de criminalité ». La foule scande ce mot d’ordre, chargé de sens, porté par l’association Conscience fondée par Amine Kessaci. « Bien sûr, nous avons besoin de sécurité, mais nous avons aussi besoin de justice sociale », insiste le militant écologiste dans un message adressé à la foule.
Amine Kessaci appelle à ce que « la paix revienne dans nos quartiers. Nous aussi nous valons la peine ». Et espère un « sursaut » face aux narcotrafiquants, à « la mafia ».
« Retenez son nom, mille fois répétez son nom »
Il appelle aussi à conserver la mémoire de son frère disparu. « Retenez son nom, mille fois répétez son nom. Qu’il ne tombe pas dans cette deuxième mort qui est l’oubli. Mehdi, Mehdi, Mehdi… » Avant de déposer fleurs, bougies et prières, aux côtés de sa mère, sur le lieu de l’assassinat.
Des élus de tous bords politiques, de Marseille et de toute la France, sont également venus en nombre. Chacun clame « une unité nationale » face au narcobanditisme. Amine Kessaci a appelé à ce qu’il n’y ait « pas de récupération politique ». Un exercice délicat, la majorité d’entre eux n’a pas refusé les micros tendus par la presse.
Mais Marseille retiendra cette union citoyenne et massive qui a envahi l’espace public, au nom de la paix sociale et en mémoire de Mehdi.
