Les clubs de running se développent à Marseille depuis trois ans. Si ces groupes sportifs témoignent d’une nouvelle passion pour la course à pied, ils révèlent surtout le besoin de cohésion sociale et professionnelle des jeunes.
Du Vieux-Port à la Corniche, des centaines de jeunes se rassemblent en petites foulées, revêtant fièrement les couleurs de leurs clubs de running. Cette tendance, née post Covid, s’est intensifiée depuis trois ans à Marseille. Aujourd’hui, ils sont une dizaine de groupes à se partager les coureurs marseillais animés par le goût de la performance sportive ou de la pause gourmande en fin de course.
Pour se différencier, ces associations ou collectifs proposent des itinéraires et des créneaux différents. Certains sont matinaux, avec le petit-déj à la clé, quand d’autres préfèrent se défouler le soir avant de boire un verre.
Chaque club impose son style et rencontre son succès mesurable sur leurs comptes Instagram. Gâtés running club compte 3 100 abonnés, Food Running Club en cumule 4 700, quand Maison Mère running club s’envole à 5 300 intéressés. « Notre communauté est très engagée », insiste Margot, fondatrice du Food Running Club.
Cet engouement découle de la mode pour la course à pied chez les 18-40 ans ces dernières années, un sport facile d’accès et pas cher, qui doit aussi son explosion au réseau social Strava. Mais cette application ne suffit pas aux sportifs qui veulent partager de réels moments de complicité.
Courir après les rencontres amicales ou pro
Sofia fréquente plusieurs clubs car elle recherche avant tout la motivation du groupe, comme les étudiants qui se déplacent en nombre à la bibliothèque avant leurs examens. « Je sais qu’il y a une date et une heure de rendez-vous. Ça me pousse à sortir », assure la trentenaire.
Leur succès révèle aussi le besoin de faire des rencontres, qu’elles soient amoureuses ou amicales. « Tout le monde reste à la fin pour manger ensemble car les gens viennent avant tout pour se rencontrer », partage Margot qui se réjouit que les adeptes se réunissent également en dehors.
Un bon moyen, aussi, pour les nouveaux arrivants de se sentir moins seuls. « Parmi les coureurs qu’on accueille, la moitié sont des néo-Marseillais », reprend Margot. Un constat partagé par Barka qui court avec des étudiantes installées depuis septembre.
Le Sport society, un club plus confidentiel d’une vingtaine de membres, veut aussi favoriser les rencontres professionnelles. Driss, le fondateur de la Meulerie, a rencontré un coureur de chez American Vintage. Depuis, ils ont créé une édition de tee-shirt limitée. « J’ai pu réaliser mon rêve avec ce partenariat. Ce qui est génial c’est que ce club allie à la fois l’amitié et le travail », confie le fromager.
Reprendre les codes marketing de l’entreprise
Les coureurs réguliers ressentent un fort sentiment d’appartenance aux groupes, perceptible jusque dans les codes vestimentaires. À la demande des participants, chaque club fait fabriquer ses propres maillots, voire des chaussettes et des goodies.
Des marques ont ainsi bien saisi l’opportunité de cibler ces groupes de jeunes actifs. Asics sponsorise par exemple le Society club depuis ses débuts. La nouvelle boutique d’équipements de running et de trail Quatorze, installée depuis avril dernier au 70 rue paradis (6e), a aussi organisé son inauguration en grande pompe avec tous les clubs marseillais.
Cette tendance a émergé à Paris avec Adidas qui a lancé le premier club de course à pied en misant sur le marketing. « On avait tous les noms de notre quartier dans le dos. Ça créait un peu de concurrence c’était drôle et bien structuré », se remémore Sofia qui a vécu un temps dans la capitale.
Un concept qui séduit les grandes villes
Ce concept a traversé les frontières et séduit d’autres grandes villes comme New-York ou Melbourne. C’est d’ailleurs pendant son voyage au pays des kangourous que Barka a découvert la course entre femmes. « Quand je suis revenue en juillet 2024, plein de clubs s’étaient lancés à Marseille. Mais aucun n’était réservé aux femmes », assure-t-elle.
L’illustratrice a donc créé le Sunset girls en décembre de cette même année pour courir entre filles. « L’idée, c’est de se retrouver sans se juger, reprendre le sport, se faire du bien, et se faire des copines », explique la jeune femme.
Hier, le petit groupe a repoussé ses limites en courant le Marseille-Cassis. Les autres clubs étaient aussi sur la ligne de départ pour grimper le col de la Gineste, se dépasser, mais avant tout se créer des souvenirs mémorables entre potes.