Les hommages pleuvent ce dimanche matin après l’annonce par sa famille du décès de Bernard Tapie, à l’âge de 78 ans.

L’homme d’affaires et ex-patron de l’Olympique de Marseille, Bernard Tapie, est mort ce matin à l’âge de 78 ans,. Il souffrait depuis 2017 d’un double cancer de l’estomac et de l’œsophage. Une triste nouvelle annoncée par La Provence, dont il est propriétaire, depuis 2012.

A Marseille, de nombreux supporteurs olympiens font ce matin part de leur chagrin après l’annonce de sa mort, après des mois de messages de soutien.

Emmanuel Macron salue la mémoire d’un homme qui fut « une source d’inspiration des générations de Français ». Le président de la République qui a réagi dans La Provence rend hommage à « un homme aux mille vies », qui « enjambait toutes les barrières sur le chemin de sa réussite ».

« Cet homme qui avait une combativité à déplacer les montagnes et à décrocher la lune ne déposait jamais les armes, et livra bataille contre le cancer jusqu’à ses derniers instants », ajoute un communiqué de l’Élysée.

 

 

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Bernard Tapie, à jamais Marseillais

Le maire, Benoît Payan, a souligné le parallèle entre la ville et l’ancien patron de l’OM : « Il fait partie de l’histoire de Marseille, l’histoire de nos plus grandes émotions collectives, celles qui ont marqué notre ville, notre club et ses supporters. L’histoire d’une étoile lors d’une nuit européenne.»

Bernard Tapie a trouvé en Marseille « un état d’esprit, une ville qu’il a su à sa manière incarner jusqu’à se confondre avec elle dans ce qu’elle a de pire ou de meilleur. Comme sa ville, jamais il ne laissa indifférent », souligne Payan.

« Face à la haine de l’autre, il s’est toujours levé pour faire rempart. Il ne s’est jamais tu face aux racistes, aux antisémites. En tout temps et tous lieux, il les a combattus ».

L’ancien maire de Marseille, Jean-Claude Gaudin, rend hommage à un homme de passions, à l’image de Marseille : « Avec le décès de Bernard Tapie, c’est une page de notre histoire locale récente qui se tourne. Car ce Parisien de naissance avait fait de Marseille sa ville de cœur et avait rendu à nos concitoyens, avec la victoire de l’OM en Ligue des champions, la fierté d’être Marseillais en un temps pas si lointain où la confiance en notre avenir collectif leur manquait cruellement. Il était un homme de passions, à l’image de notre ville. Avec le temps qui efface la trace des affrontements, je garde de Bernard Tapie le souvenir d’un homme riche de multiples talents qu’il conjuguait dans le domaine du sport comme dans celui des affaires, du cinéma ou du théâtre ».

Le Premier ministre, Jean Castex, devant les militants LREM réunis à Avignon ce matin, a salué « l’image d’un combattant », « les idées » et les« convictions ».

Avocat et ami de l’ancien ministre de la Ville, Jean-Louis Borloo a adressé un message à l’AFP : « Les amoureux du foot, bateau, vélo, ski, théâtre, cinéma, musique, aventure, ceux qui luttent contre une maladie, ceux qui veulent changer leur destin, t’embrassent et te saluent, toi l’éblouissant chef d’un orchestre dont tu jouais toi-même de tous les instruments.»

Les multiples vies de Bernard Tapie

Businessman, ministre, comédien, homme de médias et de football, éphémère pilote de formule 3, homme de scène… Bernard Tapie avait mille vies et était doté d’une personnalité qui ne laissait personne indifférent.

Issu d’un milieu ouvrir, Bernard Tapie est né à Paris en 1943. Il est l’incarnation de la réussite sociale. Il rachète notamment Adidas, et se bâtit une fortune qui lui permet de s’offrir un hôtel particulier à Paris et un luxueux voilier, le Phocéa. 

Bernard Tapie c’était aussi le sport, moteur de la vie. Le cyclisme d’abord. Pendant des années, l’homme d’affaire a bouleversé les codes et donne au sport ces lettres de business. En rachetant La Vie Claire, Bernard Tapie permet à Hinault, viré de Renault, de gagner un cinquième Tour de France.

« A jamais le boss »

Il a marqué le sport français de son empreinte, notamment à travers l’OM, club qu’il a présidé de 1986 à 1994. Il remporte la Ligue des champions en 1993. La première victoire d’un club français, 1 à 0 contre l’AC Milan, but de Basile Boli.

En 2017, l’annonce de sa maladie avait provoqué une vive émotion chez les supporters de l’OM, qui avaient déployé le 24 septembre 2017, plusieurs banderoles au stade Vélodrome, avec ces mots « Courage Nanard, on est avec toi ». « C’est la plus belle cure de chimio que j’aie jamais reçue ». Mardi 28 septembre à l’occasion du match OM-Galatasaray on pouvait encore lire « A jamais le boss ». 

Une vie également émaillée par les affaires. Parmi les plus marquantes, celle de tentative de corruption dans le cadre d’un match de Championnat entre Valenciennes et l’OM, quelques jours avant le sacre européen de 1993. Elle vaudra à Bernard Tapie une condamnation à plusieurs mois de prison ferme, en 1996. 

Quelques jours avant sa sortie de prison, il est condamné en appel pour « fraude fiscale » à dix-huit mois d’emprisonnement, dont douze avec sursis, et à trente mois avec sursis pour « abus de biens sociaux », dans une affaire concernant la société exploitant son yacht, le Phocéa.

L’homme politique

L’homme d’affaires aura également marqué l’intégralité de la classe politique française. Les réactions ont d’ailleurs afflué peu après l’annonce de sa mort. C’est François Mitterand qui lui fait sauter le pas. Il devient successivement conseiller général des Bouches-du-Rhône, député européen, député français et ministre de la Ville dans les années 90 sous la présidence de François Mitterrand.

Homme de valeurs et de convictions, il se présente contre un rempart à l’extrême droite. On retiendra ce débat virulent en 1989 face au président du Front national, Jean-Marie Le Pen, en direct sur TF1.

Inhumé à Marseille, « sa ville de coeur »

Bernard Tapie a également foulé les planches dans des pièces à succès.  Sa vocation première, était d’être un artiste. Claude Lelouch lui a confié un rôle dans Hommes, femmes, mode d’emploi (1996), il a un peu tourné pour la télévision. Dans les années 2000, il va jouer au théâtre Vol au-dessus d’un nid de coucou, reprenant le rôle immortalisé à l’écran par Jack Nicholson.

Face à la maladie, le septuagénaire était resté le même : combatif et toujours doué pour les formules marquantes. L’entrepreneur historique a fait part de son souhait d’être inhumé à Marseille, « sa ville de cœur ». Un hommage populaire lui sera rendu dans 15 jours.

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