Réduction du plastique dans les écoles, sensibilisation des agents, la municipalité marseillaise souhaite s’attaquer aux perturbateurs endocriniens, ces substances chimiques qui sont à l’origine de malformations et de dérèglements hormonaux, en particulier chez les plus jeunes.

Selon l’OMS (Organisation Mondiale de la Santé), les perturbateurs endocriniens sont « des substances chimiques d’origine naturelle ou artificielle étrangères à l’organisme qui peuvent interférer avec le fonctionnement du système endocrinien et induire ainsi des effets délétères sur cet organisme ou sur ses descendants ». A l’origine de malformations génitales, d’une diminution de la fertilité et de puberté précoce, ils sont aujourd’hui considérés comme une « menace mondiale à laquelle il faut apporter une solution ».

Pour s’insérer dans la lutte contre ces pertubateurs, la Ville de Marseille s’est engagée dans la charte « Villes et territoires sans perturbateurs endocriniens ». Une démarche validée lors du dernier conseil municipal en date du vendredi 2 avril 2021.

Actions et sensibilisation à court, moyen et long terme

Si cette charte avait déjà été signée par la précédente majorité municipale, l’équipe de Benoît Payan souhaite « s’inscrire fermement dans une politique visant la réduction des perturbateurs endocriniens » précise Christine Juste, adjointe en charge de l’environnement et de la lutte contre les pollutions. La Ville compte mettre en œuvre des opérations à court, moyen et long termes afin de limiter la présence de ces perturbateurs dans les équipements recevant du public, notamment les crèches et les écoles.

Certaines sont déjà en cours d’application comme la mise en place de bornes anti-moustiques sans biocides Qista dans les crèches, le non-emploi de produits phytosanitaires dans les jardins publics ou encore le passage au zéro plastique dans les écoles et crèches avec, entre autres, la suppression des gobelets en plastique pour des gobelets en inox et l’utilisation des jeux en bois plutôt qu’en plastique.

La sensibilisation des agents municipaux à cette problématique de santé publique sera renforcée, et des clauses environnementales dans les contrats et les achats publics seront mises en place.

Bilan annuel des actions et mise en ligne des chartes d’achat éco-responsable

De son côté, Annie Levy-Mozziconacci, médecin généticienne et ex-conseillère municipale socialiste, impliquée dans la dénonciation de plusieurs scandales sanitaires comme les bébés sans bras et la pollution du site Legré Mante, s’interroge sur « les moyens mis en place pour que cet engagement soit suivi de faits évaluables et non un vœu pieux ».

Elle se demande notamment comment la Ville compte contrôler le bon respect de cette charte. « Y a-t-il un comité d’experts qui doit être nommé sur lequel cette politique municipale va s’appuyer ? A-t-on prévu dans la délibération une transparence, par exemple sur le site de la mairie, accessible à tous, sur les choix réalisés afin de pouvoir évaluer citoyennement l’engagement de la Ville dans cette direction ? », énumère-t-elle.

Si la création d’un comité d’experts « n’est pas prévue », selon Christine Juste, la mise en place d’un bilan annuel des mesures et actions est envisagée. « Les critères d’éco-conditionnalité interdisant les perturbateurs endocriniens dans les contrats et les achats publics seront aussi mis en ligne », conclut l’élue.


Publiée en 2017 par le Réseau Environnement Santé (RES), la charte engage donc les collectivités territoriales volontaires autour des propositions d’actions suivantes :

  • Interdire l’usage des produits phytosanitaires et biocides qui contiennent des perturbateurs endocriniens (ainsi que des substances classifiées comme cancérigènes, mutagènes et toxiques pour la reproduction (CMR)) sur leur territoire en accompagnant les particuliers, les propriétaires de zones et d’établissements privés désirant appliquer ces dispositions.
  • Réduire l’exposition aux perturbateurs endocriniens dans l’alimentation en développant la consommation d’aliments biologiques et en interdisant l’usage de matériels pour cuisiner et chauffer comportant des perturbateurs endocriniens.
  • Favoriser l’information de la population, des professionnels de santé, des personnels des collectivités territoriales, des professionnels de la petite enfance, des acteurs économiques de l’enjeu des perturbateurs endocriniens.
  • Mettre en place des critères d’éco conditionnalité interdisant les perturbateurs endocriniens dans les contrats et les achats publics.
  • Informer tous les ans les citoyens sur l’avancement des engagements pris.
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