Courtisé en vue des élections régionales, notamment par le parti présidentiel, Renaud Muselier, qui n’a pas encore déclaré officiellement sa candidature à sa propre succession à la tête de Région Provence-Alpes-Côte d’Azur, veut éviter les faux pas. Il rejette « les accords d’appareils ou de parti avant le premier tour », mais se dit « ouvert à toutes les personnalités », comme il le confie ce jour au Figaro.

Le temps d’une déclaration officielle de candidature aux élections régionales viendra. Pour l’heure, le président de la Région Provence-Alpes-Côte d’Azur se concentre sur la crise sanitaire et économique. « La situation peut encore flamber, les chiffres du Covid sont alarmants. Mon seul objectif, c’est d’être dans l’action, ne pas faire de faute, pas d’être en campagne », confiait Renaud Muselier, il y a quelques jours, observant qu’il n’y a pour le moment, aucun candidat déclaré. Il ne s’agit pas non plus de « se lancer maintenant et de se retrouver dans la situation où les élections soient annulées ».

L’affiche se dessine

Même si elle comporte des incertitudes, l’affiche des élections régionales fixées les 13 et 20 juin 2021 [une clause de revoyure est prévue début avril, ndlr], se dessine. Elles devraient voir s’affronter le président sortant (LR) Renaud Muselier, pour un second mandat et l’ex-ministre UMP Thierry Mariani, passé au Rassemblement national. Choisi par Marine Le Pen, il n’a pas non plus officiellement accepté, même s’il apparaît plus régulièrement dans les médias nationaux.

Europe-Ecologie les Verts a récemment désigné son nouveau chef de file, le Varois Jean-Laurent Félizia, pour mener le combat des régionales. Cette nomination fait suite à la suspension d’Olivier Dubuquoy par le parti, qui lui reproche d’avoir signé l’appel unitaire « Il est temps »* pour constituer une large alliance de partis, associations de gauche et écologistes en vue de cette échéance. Si la gauche se cherche toujours son champion, du côté de la République en marche, après plusieurs hypothèses (Christophe Castaner, Laurent Nunez, Frédérique Vidal), le choix s’est finalement porté sur Sophie Cluzel.

Née à Marseille, la secrétaire d’État chargée des Personnes handicapées, a en effet annoncé ce jeudi, dans La Provence, qu’elle serait la cheffe de file du mouvement présidentiel dans le Sud-Est. Sa mission consiste à préparer le terrain localement, mais pas nécessairement être tête de liste.

Que faire de la main tendue de LREM ?

Cette annonce intervient d’ailleurs quelques jours après les déclarations de Christophe Castaner qui a « tendu la main » à Renaud Muselier, « pour qu’ensemble, on se batte pour la région et contre le même adversaire. Il sait ce que je pense, je ne sais pas ce qu’il veut. Maintenant, il faut aller vite », exprimait l’ancien ministre de l’Intérieur, dans Le Parisien, avec une volonté de construire un front républicain.

Une proposition d’alliance dès le premier tour pour contrer le Rassemblement national. Candidat d’une partie de la gauche lors de la dernière élection en 2015, l’ancien socialiste avait appelé à voter pour le ticket Estrosi/Muselier afin de barrer la route à Marion Maréchal-Le Pen au second tour. « Le délégué général de Territoires de Progrès Gilles Savary, parti représentant l’aide gauche macroniste, n’est pas non plus opposé à s’entendre avec Muselier au premier tour (…). Des convergences existent sur l’Europe, l’idée républicaine ou la décentralisation », écrit La Provence.

« Je sens bien qu’en ce moment tout le monde me tend la main », confie Renaud Muselier. « Moi j’écoute, je travaille sur les projets, j’aime l’intelligence », dit-il précisant qu’il est « sorti de la guerre des partis. Je porte mon étiquette LR, je n’ai jamais trahi personne, ce n’est pas à mon âge, à 62 ans, que je vais me faire envoûter par je ne sais quel parti politique. J’ai pris beaucoup de coups, je peux être un redoutable adversaire. Mais vous savez, j’ai envie de travailler avec tout le monde », poursuit-il, sans fermer la porte.

« Un test PCR : Projet, Compétence, République »

Aujourd’hui, dans Le Figaro, il demande à tous ceux qui lui tendent la main, de passer un « test PCR » sans distinction d’étiquette : « Projet, Compétences, République». « Projet : sur quels projets pour la région peut-on se retrouver ? Compétences : qui pourra nous aider face à l’épidémie pour la relance économique, pour le retour à la vie et pour garder une COP d’avance (plan climat de la région ? République : est-ce qu’on partage les valeurs de la République qui font notre socle commun ? »

Il se dit ouvert à « toutes les personnalités, à toutes les projections, à tous les débats, mais pas aux accords d’appareil ou de parti. Bien sûr, pour le second tour, pas de gestes barrières entre les Républicains que nous sommes ! »

« Je ne sous-estime personne »

Pour le patron de l’exécutif régional, il ne s’agit pas non plus de sceller des rapprochements trop tôt avec les marcheurs au risque de contrarier son électorat, dans une région marquée à droite. D’autant qu’au regard des trois derniers sondages réalisés depuis le mois de septembre, il est donné gagnant au second tour, dans tous les différents cas de figure. Le parti présidentiel crédité de 12% ne lui « rapporterait que 5% de plus. Dans tous les cas, avec ou sans LREM, je remporte les élections », dit-il même s’il « ne sous-estime personne et en aucun cas (ne se) surestime ».

Le dernier sondage Ifop publié en janvier pour La Tribune et Europe 1, donne le Rassemblement national en tête du premier tour devant les Républicains. Thierry Mariani, l’élu du RN serait toutefois donné perdant à 37% au second tour face aux 40% du président sortant dans le cas d’une triangulaire avec la gauche (23%).

Pour ne pas reproduire les erreurs de la campagne des municipales à Marseille, le président de la région Sud s’emploie d’abord à rassembler au sein même de sa famille politique. Il compte aussi sur son bilan et sa gestion de la crise pour laquelle la Région a lancé un vaste plan de relance, pour accompagner les filières les plus impactées.


* Il est temps est une initiative de 10 partis politiques : Allons Enfants, Ensemble !, Génération.s, Gauche Républicaine et Socialiste, La France Insoumise, Nouvelle Donne, Parti Communiste Français, Parti Pirate, Parti Socialiste, Plaque Publique, ainsi que des militants écologiques et plusieurs collectifs citoyens.

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