Lancée en février dernier par quatre serial entrepreneurs philanthropes marseillais, la Fondation de Marseille, abritée par la Fondation de France, tire le bilan de cette première année marquée par la crise sanitaire, mais sous le signe de la solidarité à fort impact social. 2021 restera sous les mêmes auspices avec le lancement de la « Plateforme de l’engagement ».
Encourager et soutenir l’émergence de projets positifs à fort impact social à Marseille et sur l’ensemble du territoire. Voilà la mission que s’est fixée la Fondation de Marseille. Créée en février dernier, au début de la crise sanitaire, elle est l’une des toutes premières fondations territoriales créées ex nihilo.
Sous l’égide la Fondation de France, mais totalement autonome, elle est la concrétisation de la volonté de quatre entrepreneurs marseillais Fabrice Necas, président de Argeste et directeur général Only Pro Group, Fabrice Alimi, dirigeant-fondateur Groupe A&A-Novelis, Cyril Zimmermann, co-fondateur et président d’AdUX et fondateur de La Plateforme et Christophe Baralotto, co-fondateur de Provepharm & MailinBlack et gérant associé Jump Venture.
Ce sont aujourd’hui, plus d’une vingtaine d’entreprises territoriales qui participent à l’aventure. Des PME aux grandes entreprises, mais également des indépendants et même des citoyens et des artistes [le rappeur Alonzo a versé 30 000 euros, ndlr] ont donné spontanément pour soutenir les projets portés dans le cadre de la crise sanitaire. « Dès le départ, on a réussi à avoir un éventail complet et une grande hétérogénéité dans les donateurs », souligne Fabrice Necas, président de la Fondation de Marseille, qui ouvre les bras à de nouveaux venus.
Des projets solidaires pour le territoire
Le lancement s’est d’abord accompagné d’un soutien à trois projets identifiés, dans les domaines de la culture, de l’aide à la grande précarité, et la distribution alimentaire.
À savoir, pour commencer, « La Dictée pour tous ». Si elle a eu lieu dans le courant de l’été sur le territoire Nord et a permis la distribution de fournitures scolaires, la structure œuvre toute l’année. De son côté, le projet « Les régisseurs sociaux » propose une solution concrète et rapide dans des situations d’urgence ou de grande précarité. « Une femme seule avec ses enfants qui a vu son frigo lâché a été remplacée grâce à ce dispositif dans la journée, cite pour exemple Fabrice Necas. Ça marche très bien », s’enthousiasme-t-il.
Enfin, « l’Agence de voyage imaginaire ». Cette compagnie de théâtre, méconnue à Marseille, mène depuis deux ans, le projet « les Toits théâtre », « pour permettre aux publics qui se pensent exclus du théâtre d’assister à des créations théâtres de grande qualité », poursuit Fabrice Necas. Cette année, avec le Covid c’était difficile, mais on espère que la troisième édition pourra avoir lieu au mois de juin ».
A lire aussi
#MarseilleSolidaire a accompagné 17 projets
Au-delà de ces projets, la crise sanitaire a naturellement réorienté les soutiens de la Fondation de Marseille. Durant le premier confinement, le lancement de #MarseilleSolidaire a permis d’accompagner 17 projets (Yes We camp, La Table de Cana, La Banque Alimentaire, Pain et Partage…) particulièrement dans l’aide alimentaire, la distribution et la lutte contre le décrochage scolaire.
Si elle s’est pleinement impliquée dans ces actions d’urgence, la Fondation de Marseille veut s’ancrer durablement et solidement sur le territoire. Comme en 2020, 2021 sera marqué par le soutien de projets à impact de moyen et long terme, dans le « but de faciliter et permettre le développement de ce qui marche déjà. En 2020, on a fait nos armes, on a montré notre activité et notre capacité à réunir des forces. En 2021, on renforce cette action ».
A lire aussi
« La Plateforme de l’engagement », un outil digital collaboratif
Et cela se concrétise par le lancement de la « Plateforme de l’engagement. Un outil digital collaboratif clé en main permettant aux associations, salariés et entreprises d’interagir facilement. « Aujourd’hui, on constate qu’il existe de nombreuses fondations d’entreprises qui agissent de manière isolée, impliquant uniquement leurs collaborateurs sur des projets souvent aiguillés par les directions. Ces actions sont déjà très louables, mais le but de notre plateforme est d’ouvrir le champ des possibles des entreprises en marque blanche et de valoriser la pratique du mécénat de compétence, sous-utilisée et peu coordonnée sur le territoire », reprend Fabrice Necas.
Le Fonds de dotation Compagnie Fruitière, la Fondation Onet et Delta Assurance s’engagent pleinement dans cette démarche. Leur participation financière sur deux ans, dont le montant n’a pas été dévoilé, permet d’asseoir l’avenir de la Fondation de Marseille pour plusieurs années. La spécificité réside dans le fait que ces entreprises entrent en marque blanche donc sous le sceau « Fondation de Marseille ». « Ce projet va permettre l’entrée de nouvelles entreprises qui vont trouver, en plus, au sein de la Fondation de Marseille, une solution pour proposer à leurs équipes du mécénat de compétences de qualité, avec des projets qu’on aura nous-même sourcés », reprend le président.
Partager et fédérer les compétences
Concrètement, une entreprise qui souhaite s’impliquer détermine un montant donné sous forme de mécénat à la Fondation de Marseille, lui permettant ainsi de financer des projets. L’entreprise se voit ouvrir un accès à la plateforme en ligne qu’elle va rendre accessible à l’ensemble de ses salariés. « Exemple, sur cette plateforme, on trouve « repeindre un établissement dans les territoires Nord ». Je clique parce que je suis prêt à donner deux jours ».
Pour Marie-Pierre Fabre, présidente du Fonds de dotation Compagnie Fruitière, « donner la possibilité aux salariés le choix de leurs actions solidaires par le biais de son entreprise, peut susciter des vocations et amplifier le mouvement. La plateforme doit simplifier les mises en relation entre le tissu associatif, les besoins et les bénévoles ».
Créer un cercle vertueux
La Fondation de Marseille espère fédérer au minimum une cinquantaine d’entreprises du territoire désireuses d’inscrire et d’ancrer leur stratégie de développement de RSE, pour entrer dans un cercle vertueux. « Chaque année, la Fondation Onet organise une Journée Solidarité et Logement afin de venir en aide aux plus démunis. L’occasion pour les collaborateurs du Groupe qui veulent s’engager sur des projets solidaires d’y participer. Grâce à la Plateforme de l’engagement, nos actions Solidarité et Logement seront ouvertes à d’autres salariés. L’objectif : créer un brassage vertueux au profit de la solidarité ! », exprime à son tour Caroline Orofino, directrice déléguée Fondation Onet.
Ce projet est accompagné par l‘antenne Méditerranée de Pro Bono Lab, spécialiste du bénévolat et mécénat de compétences depuis 10 ans. Son expertise dans le déploiement de cette opération « est un atout précieux », pour la Fondation de Marseille. « Cette initiative résonne d’autant plus avec la crise qui nous touche et n’épargne personne : pour faire face aux besoins grandissants partout en France, il nous faut miser sur l’entraide, sur le collectif, sur le local. Certaines solutions pour (re)construire une société plus solidaire et plus durable existent déjà, mais ont besoin d’un coup de pouce pour se développer », ajoute Laurent Fialon, directeur Méditerranée de Pro Bono Lab.
Parallèlement, la Fondation de Marseille mène des réflexions dans le cadre de la lutte contre le mal-logement, pour acquérir des biens et y installer des personnes mal-logées, avec le soutien d’associations « et un accompagnement, parce qu’un toit ne suffit pas toujours », insiste Fabrice Necas. Autre axe de travail : l’accès à l’emploi pour les jeunes. La Fondation de Marseille se donne pour mission d’accompagner « des étudiants qui, aujourd’hui, n’ont pas les moyens et pas forcément le réseau de les aider dans l’accès aux grandes écoles et de leur permettre de réaliser leur rêve ».