À la Savine, la transformation d’une friche en potager aux côtés de jardins partagés et d’une chèvrerie. À Frais Vallon, une micro-ferme. Ces deux projets ont été sélectionnés dans le cadre du plan national « Quartiers Fertiles ». Un exemple de renouvellement urbain qui passe par la végétalisation, et non par le béton.
Les ministères de l’Agriculture et de la Ville ont annoncé, ce lundi, les premiers lauréats du plan « Quartiers Fertiles ». Lancé en février dernier et doté de 34 millions d’euros, ce programme, piloté par l’Agence nationale pour la rénovation urbaine (Anru), vise à déployer plus massivement l’agriculture urbaine dans les territoires en renouvellement urbain, avec la création entre autres, d’une centaine de fermes urbaines.
Un appel à projets en direction des 450 quartiers bénéficiant du Nouveau Programme national de renouvellement urbain (NPNRU), dont font partie la Savine* et Frais Vallon, la Rose Petit Séminaire.
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Jardins d’insertion, micro-fermes, transformation de parkings en champignonnières, aquaponie, fermes florales… L’Anru présentait ces initiatives d’agriculture urbaine comme une opportunité pour ces quartiers. « Tout ne s’arrête pas aux démolitions et reconstructions. Les quartiers populaires peuvent servir d’exemple aux autres sur les thèmes du bien manger et du vivre mieux, qui ne concernent pas que les bobos », déclarait le président de l’Anru, Olivier Klein, lors de la présentation de « Quartiers Fertiles », le 24 janvier dernier depuis l’Opéra Bastille, aux collectivités et porteurs de projets.
Marseille compte plusieurs fermes urbaines et projets innovants autour de l’agriculture urbaine, à l’instar de Terre de Mars, sur les hauteurs de Sainte-Marthe dans le 14e, où sont cultivés fruits et légumes sur plus d’un hectare au coeur du Mas des Georgettes ; Le Talus (12e) qui s’adapte et réinvente ses activités pour continuer à faire vivre ce « laboratoire à ciel ouvert de la transition écologique » ; la ferme de la Tour des Pins (14e arrondissement) où l’agricultrice s’occupe de plus de 80 chèvres, brebis et vaches afin de produire des fromages et des yaourts bio 100% marseillais ; le projet de houblonnerie urbaine pour ne citer qu’eux.
Deux projets : l’un vecteur de transition, l’autre micro-ferme urbaine
Pour « Quartiers Fertiles », la Métropole Aix-Marseille Provence a décidé de candidater avec plusieurs projets, sur lesquels deux ont été retenus. Le premier dans le quartier de la Savine, au sein duquel l’agriculture urbaine se pose comme vecteur de transition. Le deuxième, à Frais Vallon avec la création d’une micro-ferme.
À la Savine, le projet consiste en la réhabilitation de friches et renaturation comprenant la création d’une « ceinture agri-urbaine », dont les jardins d’insertion des Restos du cœur feront partie. Mais aussi avec l’installation d’une chèvrerie de 100 à 150 bêtes et l’aménagement de jardins partagés qui verront le jour dans le futur parc du Canal. Ce dernier conçu comme un espace de détente et de convivialité devrait être doté de terrasses, de jeux pour enfants, d’agrès sportifs, de cheminement doux et de belvédères…
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La création de cette ceinture verte évolutive nécessite une phase d’étude, des aménagements avant une mise en culture. Des productions maraîchère et fromagère sont aussi prévues ainsi que de l’apiculture, associés à la création d’emploi, « la valorisation du cadre de vie et la préservation de la biodiversité », peut-on lire dans la description du projet, qui en est à son démarrage. Le calendrier fixe la fin de l’opération à 2023.
À Frais Vallon, il s’agit d’un projet de micro-ferme urbaine de culture maraîchère intensive exploitée sur 1 ha s’inscrivant dans le projet de revalorisation de la colline de Frais Vallon, et de mise en réseau avec la trame écologique locale du quartier (mail planté, coteau, parc). « Le projet à ambition marchande et commerciale doit également contribuer et renforcer le développement d’une culture agricole habitante et de loisir tout en assurant la création d’emplois en insertion », explique la note de synthèse.
D’autres activités complémentaires pourraient être développées parmi lesquelles là aussi l’apiculture ou encore l’agrofesterie. L’amorçage de l’activité est prévu pour 2022, au plus tôt. Ces deux projets ont été sélectionnés pour leur impact économique, social et environnemental; l’articulation de la démarche avec le projet urbain, la richesse des partenariats ou encore le caractère innovant.
8 millions d’euros pour mener à bien les projets
Pour cette première phase de l’appel à projets », les 27 lauréats se partageront plus de 8 millions d’euros pour mener à bien leurs projets. L’Anru et ses partenaires (Banque des territoires, Agence de la transition écologique – Ademe) vont accompagner ces projets de différentes manières : des aides financières en matière d’ingénierie, d’investissement et des accompagnements techniques en mobilisant des experts. Ces derniers peuvent intervenir sur des questions juridiques complexes, de foncier, aider à construire le projet et former les acteurs.
À travers France Relance, la feuille de route pour la refondation économique, sociale et écologique du pays permettant de bâtir la France de 2030, 13 millions d’euros viennent s’ajouter aux 21 millions précédemment dégagés en faveur de l’appel à projets « Les Quartiers Fertiles ».
Nourrir les villes en respectant les circuits courts
« Je me suis engagée à ce que le plan de relance bénéficie concrètement aux habitants de nos quartiers, et ce à travers deux axes : l’emploi et le cadre de vie, a déclaré Nadia Hai, Ministre déléguée chargée de la Ville, lors de la présentation des lauréats. L’impulsion que nous donnons ici à l’agriculture urbaine est une illustration de ce second axe. Centrale pour le développement résilient de nos villes et de nos quartiers, l’agriculture urbaine participe en effet à changer durablement la vie de ses habitants. Elle permet de nourrir les villes en respectant des circuits courts tout en encourageant l’agriculture de qualité, de créer des emplois et de donner accès à une alimentation plus saine ».
Nouvel appel à candidature au printemps 2021
« Développer des circuits courts, créer des emplois, améliorer la qualité de vie… Pour les quartiers, l’agriculture urbaine représente des bénéfices sociaux, économiques, environnementaux majeurs. L’agriculture urbaine représente une opportunité dont les quartiers doivent se saisir », a, quant à lui, rappelé Olivier Klein.
« Quartiers Fertiles » sélectionnera prochainement de nouveaux lauréats sur l’ensemble du territoire français. Une deuxième tranche de candidatures s’est en effet achevée le 15 novembre 2020 pour permettre notamment aux exécutifs municipaux et intercommunaux renouvelés de s’inscrire dans cette démarche. La Métropole Aix-Marseille Provence a déposé d’autres projets. Enfin, une troisième tranche de candidatures pourrait être ouverte jusqu’au printemps 2021.
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*Le chantier de renouvellement urbain de la Savine et de sa petite sœur, la Petite Savine se poursuit. La première est vouée à être complètement rayée du paysage, la seconde subit une complète réhabilitation.