Renaud Muselier ne se rendra pas à la réunion prévue ce soir entre la Ville de Marseille et la délégation interministérielle des Jeux Olympiques 2024 pour renégocier le coût de l’événement. S’il juge que la « méthode » de la municipalité est à revoir, il considère que « rien n’est irrévocable ».
Pour convaincre Renaud Muselier de participer au tour de table réunissant la Ville de Marseille et la délégation interministérielle des Jeux olympiques 2024, le président de la Région Sud considère que le Printemps Marseillais devra changer de méthode. C’est du moins ce qu’il laisse entendre après la polémique survenue ce lundi 5 octobre, dans l’hémicycle.
Pour rappel, la nouvelle municipalité a décidé de renégocier la facture relative à l’organisation de cet événement qui pèse sur les finances publiques. En ce sens, le premier adjoint, Benoît Payan, a présenté une délibération qui fait état des premières économies réalisées. Celles-ci impliquent une modification du projet initial de construction du village et de Marina olympiques. [lire ici]
« Je n’ai jamais été sollicité, on ne m’a jamais demandé mon avis »
Comme nous l’écrivions dans notre précédent article, dans la délibération envoyée aux élus, il était fait mention d’un coup de pouce de l’État de 2 millions d’euros, dans le cadre du plan de relance, et de 3 millions d’euros de subventions de la Région. « Quelle n’a pas été ma surprise, lors du conseil municipal, de découvrir que la Région contribuait à hauteur de 3 millions d’euros. Personne ne m’a jamais rien demandé. Il n’y a même pas eu une discussion, ni un appel… On se retrouve dans une situation où l’on crée un conflit avant de discuter ».
Par ailleurs, le président de la Région indique « que les dossiers sur lesquels on nous demande des investissements financiers ne sont pas prêts. On ne va pas continuer ce que j’ai vécu avant », lâche-t-il, en souvenir des années Gaudin. « Les infrastructures d’organisation et d’accueil étaient prévues dans le dossier de candidature de la Ville de Marseille, avec la Métropole et le Département et sont donc à leur charge. Je n’ai jamais été sollicité, on ne m’a jamais demandé mon avis. Ce dossier a été préparé, présenté, validé. C’est ce qui a permis de gagner contre La Rochelle, et tant mieux, mais je n’étais associé ni de près ni de loin ». Un dossier scellé sous l’ancienne mandature dont a hérité la nouvelle gouvernance.
« Toutes les renégociations budgétaires sont nécessaires et légitimes »
Pour le président de la région Sud, lorsqu’une nouvelle équipe prend les commandes, « toutes les renégociations budgétaires, quelles qu’elles soient, sont nécessaires et légitimes. Ils ont un héritage dans lequel il y a une absence de fonds européens, donc c’est tout à fait normal. Ce qui me gêne le plus, c’est la méthode », dit-il, déclarant que les organisateurs avaient découvert dans la presse la volonté de la Ville de réduire la voilure et modifier le projet.
Renaud Muselier a envoyé un courrier à Tony Estanguet, président de « Paris 2024 », ainsi qu’au préfet Michel Cadot, délégué interministériel aux Jeux olympiques et paralympiques, pour leur demander de se pencher attentivement sur le dossier. « Aujourd’hui, nous sommes en nécessité de construire les infrastructures ».
A la Ville de Marseille de convaincre
L’action de la Région sur cette manifestation est ciblée sur le soutien au monde sportif. En mars 2018, le vote du Plan voile de la région Sud s’établit à 21 millions d’euros pour aider le Pôle France à la préparation des sportifs de haut niveau, l’acquisition de bateaux neufs de compétitions, mais aussi pour développer l’accès à la discipline dans les 155 clubs de voile en Provence-Alpes-Côte d’Azur.
S’il concède que les JO « sont une formidable fenêtre sur le monde », l’un des événements les plus regardés de la planète, il a décidé de ne pas se rendre à la réunion prévue ce soir avec tous les acteurs du dossier : la Ville, la Métropole, le Département et les membres de la délégation interministérielle.
Si Benoît Payan, implorait « ses amis » politiques de le persuader de mettre la main à la poche, Samia Ghali l’exhortant à « aider Marseille », c’est bel et bien la Ville de Marseille qui devra le convaincre, à condition d’avoir le bon jeu en main. « Rien n’est irrévocable. La porte reste ouverte », assure Renaud Muselier.