Une partie de la pollution de l’air diminue avec le confinement, mais les émissions issues du chauffage au bois et des déchets verts augmentent. Des experts alertent sur l’importance de cette source de pollution, et sa nocivité.
L’effet du confinement sur l’amélioration de la qualité de l’air a été constaté dès la première semaine à Marseille. Nous l’expliquions dans cet article qui, avec la meilleure audience du mois de mars, conforte l’intérêt massif des Marseillais pour cette problématique.
AtmoSud, l’association agréée de surveillance de la qualité de l’air régional, publie désormais un journal de confinement sur les grandes villes du territoire.
« Le confinement général crée des conditions d’étude de l’air exceptionnelles. C’est inédit », explique le directeur d’AtmoSud, Dominique Robin. « Ça permet d’isoler des sources de pollution pour mieux les comprendre et de révéler des choses. C’est un modèle à grande échelle que l’on n’aura plus l’occasion d’avoir ».
Près des axes routiers, on respire !
Les oxydes d’azote sont l’indicateur privilégié pour mesurer les émissions du trafic routier. Avec le confinement, c’est la baisse la plus forte constatée. Sur la période du 17 au 25 mars, les réductions varient de – 25 % à – 80 % autour des grands axes de circulations mesurés. « Autour de la Maurelette (Ndlr : près de l’A7 au niveau des Arnavaux), on a atteint jusqu’à – 90 % ! », s’exclame Stephan Castel, responsable du pôle innovation et communication d’AtmoSud.
Une situation moins marquée lorsque l’on s’éloigne des axes routiers. Les stations « de fond » mesurent une tendance globale située à – 50 % en centre-ville, et – 20 % au Nord de la ville (station Saint-Louis).
Le bois : une source importante de la pollution de l’air
Si les émissions liées à l’automobile baissent, d’autres indicateurs restent au rouge. La hausse des niveaux de particules, amorcée avant le confinement, se poursuit. Elle est attribuable en grande partie au chauffage au bois et au brûlage des déchets verts.
« Sur une station comme Kaddouz (12e arr.), le pourcentage de particules fines dans l’air lié au bois est passé de 20 % avant le confinement, à 40 % ou 60 % après », assure Stephan Castel.
50 kg de déchets verts brûlés représentent « 5 000 kilomètres de diesel »
Les outils de mesure d’AtmoSud permettent d’identifier précisément la pollution issue du brûlage de bois, et son augmentation depuis le confinement. Une pollution qui n’est pas anodine alors que son origine « naturelle » pourrait laisser penser le contraire. « 50 kg de déchets verts brûlés, c’est l’équivalent de 5 000 km de diesel en particules fines », précise Stephan Castel.
La nocivité des particules fines sur le système respiratoire n’est plus à démontrer, mais la combustion du bois représente aussi « 90 % des rejets d’hydrocarbures aromatiques polycycliques (HAP) », précise Dominique Robin. « Et les propriétés cancérogènes des HAP sont bien prouvées ».
Quelles solutions pour les déchets verts et le chauffage au bois ?
Comment expliquer cette augmentation de la pollution issue du bois depuis le confinement ? « Le chauffage au bois est plus important puisque les gens restent chez eux en permanence, et le rafraîchissement de la météo accentue cela », analyse le directeur d’AtmSud. « Mais il y a aussi la fermeture des déchetteries qui pousse les particuliers et professionnels à brûler leurs déchets verts en ce moment ».
Le collectif Anti nuisances (CAN) environnement a d’ailleurs alerté les autorités et collectivités pour rétablir des solutions de traitement des déchets verts malgré le confinement. La Métropole Aix-Marseille-Provence ayant interrompu ces services, rappelle que « le brûlage de déchets verts est interdit par la loi ». Elle appelle au civisme et au stockage de ces déchets pour le moment.
Du côté du chauffage au bois, Dominique Robin précise que « les poêles dernière génération émettent 80 fois moins de particules que les poêles classiques ». Pour rappel, le Département des Bouches-du-Rhône propose aux particuliers une « Prime Air Bois » pouvant atteindre 1 000 euros pour aider les particuliers à effectuer la transition.