La crise sanitaire est également sociale, et frappe de plein fouet les plus démunis. Confinement difficile, effondrement de l’économie parallèle, aggravation de la précarité. Les associations redoublent d’efforts alors que l’aide de l’État semble encore timide.

Des centres d’hébergement d »urgence où se concentrent des centaines de sans-abri, une distribution alimentaire compliquée, une précarité accentuée… La crise sanitaire liée au Covid-19 à Marseille est un défi pour l’aide aux plus démunis à Marseille. Mobilisés depuis le début, les travailleurs médico-sociaux continuent leurs efforts pour faire face.

Une des problématiques majeures : mettre en sécurité les sans-abri, leur permettre de se confiner, et désengorger les centres d’hébergement d’urgence, où des centaines dorment en espaces collectifs.

Le ministre chargé de la Ville et du Logement, Julien Denormandie, a lancé une série de mesures la semaine dernière : réquisition de chambres d’hôtel, 50 millions d’euros débloqués, matériel sanitaire pour les associations, centres de confinement pour sans-abri contaminés.

256 places d’hôtel conventionnées

À l’échelle de la ville de Marseille, la préfecture des Bouches-du-Rhône annonce avoir « conventionné » 256 places d’hôtels, pour un objectif urgent de 300 chambres. Avec l’appui de la RTM, elle organise le transfert des sans-abri vers les hôtels.

Mais, les associations ont dû trouver par leurs propres moyens la plupart des chambres. « On passe nos journées à faire des visites d’hôtels, à démarcher », explique Pascal Fraichard, directeur régional du groupe SOS. « Il faut ensuite organiser le suivi des relogés, l’intendance alimentaire, le transport… »

L’association gère l’immense Unité d’hébergement d’urgence (UHU) de la Madrague qui accueille 280 personnes en espaces collectifs. Elle s’était fixée l’objectif d’en reloger 200 d’ici le milieu de semaine pour éviter une trop grande concentration. « Pour l’instant, nous avons trouvé 140 places. On espère y arriver en fin de semaine ».

Bientôt un centre de confinement pour sans-abri contaminés 
Un centre d’hébergement sanitaire de 78 places, pour confiner les sans-abri contaminés par le Covid-19 sans gravité, était annoncé en début de semaine à Marseille. Il ouvrira dans les prochains jours selon la Préfecture.

 

Priorité aux « plus vulnérables »

Du côté des sans-abri « hors-circuit », que les maraudes des équipes mobiles sanitaires aident et orientent, 21 personnes ont été mises à l’abri jusqu’à présent, avec l’aide de la Préfecture.

« Mais la directive de l’État, c’est de ne mettre à l’abri que les plus vulnérables », tempère Aurélie Tinland, qui coordonne les maraudes de l’équipe Mars de l’AP-HM.  Une notion qui pose problème aux travailleurs sociaux : « Les sans-abri ne sont-ils pas tous vulnérables ? », interroge-t-elle. « Quand une seule personne est considérée vulnérable dans une famille à la rue, on laisse les autres dehors ? »

Le problème s’est posé concrètement pour une dame de 75 ans, à la rue, qui appelait le 115 pour être hébergée. « Cela lui a été refusé. Il a fallu qu’on intervienne, en expliquant qu’elle « est vulnérable », pour qu’elle soit prise en charge ».

, La bataille continue pour aider les plus démunis face à la crise, Made in Marseille

« La crise révèle les misères cachées »

Au-delà de la question de l’hébergement, la crise actuelle semble aussi aggraver la situation des plus fragiles socialement. « C’est très tendu pour les publics précaires aujourd’hui », poursuit Aurélie Tinland. « Ceux qui survivent grâce à la mendicité n’ont plus rien. Il faut aussi prendre en compte l’arrêt brutal de l’économie parallèle, comme la prostitution, le travail au noir. Des personnes en dépendent et n’ont souvent pas d’autres solutions ». 

« La crise révèle les misères cachées », constate  de son côté Sonia Serra, présidente départementale du Secours populaire. « Les familles qui en temps normal « ont du mal à joindre les deux bouts », sont aujourd’hui en grande difficulté et font appel à nous. La demande d’aide alimentaire augmente significativement. ». Elle se veut toutefois rassurante sur l’approvisionnement en nourriture, grâce à l’implication exceptionnelle des travailleurs sociaux, et l’élan de solidarité citoyen.

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