Des quartiers Nord au Japon, de la cité phocéenne à Chiba, Eli, jeune Marseillais a partagé un instant rare avec le joueur de l’OM Hiroki Sakai, début août, à la Commanderie. Une rencontre née d’une promesse formulée par Jacques-Henri Eyraud. Made in Marseille a capté ce moment.
Le Japon a toujours fait rêver le jeune El-Anziz Soulaïmana, alias Eli. Tout le monde l’appelle ainsi. Le jeune homme a appris à parler la langue du Pays du Soleil Levant, seul dans sa chambre, en visionnant des mangas et nourrissant l’espoir qu’un jour, il en dirait des « Konnichiwa » à des milliers de kilomètres de son quartier de Félix-Pyat. Cette idée ne l’a jamais quitté.
Poussé par une volonté irrémédiable de montrer que les « jeunes des quartiers ont aussi du talent », et par une détermination sans faille, à 20 ans, Eli est sur le point de concrétiser son rêve. Dans quelques jours, il s’envole pour sa destination de prédilection. Une opportunité qu’il s’est vu proposer par un chef d’entreprise marseillais, dans le cadre du dispositif Impact jeunes, initié par les Apprentis d’Auteuil, dans trois quartiers prioritaires de la cité phocéenne, et un à Tarascon.
La rencontre entre Hiroki Sakai et Eli en vidéo (réalisation : Loïs Elziere)
Réussir son expérience
Sa verve naturelle et la solidité de son projet professionnel ont convaincu le patron de Cogepart, Jérôme Dor, de l’aider à financer une partie de son voyage. Lui qui envisageait de l’envoyer en Australie n’a pu que se résoudre avec enthousiasme aux arguments du jeune Eli. Entre les cours particuliers et en groupes pour améliorer son expression orale en japonais et son job d’été pour économiser un peu d’argent, Eli n’a pas chômé pour mettre toutes les chances de son côté afin de réussir cette expérience, qu’il attend avec impatience.
Comme lui, d’autres jeunes désireux de démontrer leur potentiel, et gommer cette image négative souvent associée à la jeunesse des quartiers dits sensibles, sont accompagnés par les « boosters » d’Impact Jeunes, grâce à un suivi sur-mesure. Au-delà des soirées régulières « ça matche », autour d’activités artistiques, culturelles ou sportives qui leur permettent de tisser des liens avec les chefs d’entreprises du territoire, ils ont été mis à l’honneur à l’occasion d’un temps phare au Mucem, il y a quelques semaines.
« J’ai crié, j’ai sauté, je n’arrivais pas y croire »
Courage, ténacité, maturité, audace, capacité d’adaptation, humour, engagement pour les autres… Certains, comme Eli, ont partagé leurs parcours et leurs rêves, devant des personnalités à l’instar du street artiste Philippe Echaroux, la productrice Sabrina Roubache et le député Saïd Ahamada, qui ont tous deux grandi dans les quartiers nord de Marseille, ou encore Jacques-Henri Eyraud, président du club, présent en qualité de « grand témoin ». C’est en écoutant l’histoire et le projet d’Eli que le patron de l’OM lui a promis de rencontrer Hiroki Sakai, pour parfaire son japonais avant son grand départ. Il a attendu quelques semaines avant de recevoir ce fameux coup de fil. « J’ai crié, j’ai sauté, je n’arrivais pas y croire », raconte-il, le jour-J, dans la voiture qui le conduit à la Commanderie. Heureux, un brin stressé, Eli a tenté de vivre pleinement cette rencontre pleine de bienveillance. Et c’est à l’issue d’un entrainement que Hiroki Sakai a accordé un peu de son temps à Eli, qui rejoindra pour une année, Chiba, ville de naissance du joueur de foot.