Pour notre premier épisode du dossier du mois consacré aux cultures urbaines, nous sommes allés à la rencontre d’une société de production de clips : Beat Bounce. JuL, Soprano, Alonzo, Lacrim, SCH et bien d’autres sont passés devant leur objectif. Un succès galopant pour cette entreprise, fondée par trois amis des quartiers nord.
Le rappeur R.E.D.K est en cavale, il vient de s’enfuir de prison et arpente les quartiers nord de Marseille. Voilà la première partie de son clip, le reste du tournage se fait en studio, chez Beat Bounce, société de production audiovisuelle marseillaise. L’artiste a décidé de faire appel « aux meilleurs dans ce domaine » comme il dit. Ce sont aussi de vieilles connaissances, des amis de jeunesse issus du même quartier. « Avoir une vraie relation amicale, ça facilite le travail c’est une certitude », poursuit R.E.D.K qui totalise plus de 8 millions de vues sur YouTube.
Le grand hangar qui sert de local à Beat Bounce a été aménagé, on y trouve un studio fond vert, des salles d’enregistrements, des salles de montage et des bureaux. Le site semble en perpétuelle transformation. Il faut sortir deux motocross et installer une table descendue de l’étage pour tourner une scène avant de tout remettre en place. Pour exécuter ces tâches, une foule de jeunes stagiaires s’active comme des fourmis. Ils sont près d’une dizaine ce jour-là, jeunes et motivés, casquette sur la tête, veste à capuche sur les épaules.
Mass, Micke et son frère Séb, les cofondateurs de l’entreprise tous trois venus des quartiers nord, se reconnaissent dans ces jeunes. C’est ce qui les pousse à leur donner leur chance et leur transmettre les savoirs emmagasinés au fil des années. Les trois associés se sont accrochés pour en arriver là. « C’était compliqué de passer de fils d’ouvriers à chefs d’entreprise donc on a commencé avec une boîte avec un capital à 1€ et sans matos et petit à petit ça a grossi », se souvient Micke. Leur ténacité y est pour beaucoup dans la réussite du projet :
Un premier clip avec Sat, Akhenaton et Soprano
Le tournant de leur carrière va s’opérer en 2009. Ils tournent déjà des clips dans leurs quartiers pour des amis quand ils sont sollicités par Sat, de la Fonky Family. Le rappeur veut qu’ils réalisent le clip de la chanson « Plus que de la musique » en feat avec Akhenaton et Soprano. C’est le premier clip de la société Beat Bounce. Mass se souvient : « Au départ je l’avais refusé clip parce que c’était trop énorme pour moi. Sat m’a rappelé pour me dire qu’il avait confiance en moi et j’ai foncé et l’histoire a commencé de là. Entre mon appréhension, le résultat et ce qu’on est devenu aujourd’hui je me dis que j’ai eu raison de le faire ».
Une dizaine d’années plus tard, Beat Bounce a produit les clips des plus grands rappeurs français : Lacrim, SCH, JuL, Alonzo, Soprano, Ninho, Naps et bien d’autres… Leurs clips totalisent plus de deux milliards de vues sur YouTube. « À la base on avait pris le parti de développer Marseille et les artistes de chez nous. En plus, ici, on a la montagne pas loin, la mer à deux pas, une variété de décors incroyable, on a la lumière du sud et du beau temps quasiment tout le temps. Chez nous, des annulations de tournages parce qu’il pleut, c’est rare », explique Micke, un sourire satisfait aux lèvres.
Des tournages à travers le monde
Côté répartition des tâches, les choses sont claires. Micke se charge de la partie commerciale (et parfois de tournages) et Mass des tournages et des montages. « Même si on a plusieurs personnes qui tournent, toutes les images me reviennent à moi. J’essaie de bien connaitre la chanson et l’artiste et comme ça quand je tourne, je m’imagine déjà le montage », précise-t-il.
Marseille est, depuis le début, le terrain de jeu favori de la boite de production. « Moi je me suis régalé à Marseille. Il y a plein de gars qui voulaient un côté américain dans leurs clips. Je leur disais : « pas de problème, on se retrouve à Borély plage il y a des palmiers, du soleil et je vous fais croire qu’on est à Miami ! » », explique Mass en rigolant. Des tournages ont aussi eu lieu réellement à Miami, à Los Angeles, Paris et beaucoup d’autres lieux encore. Micke doit prochainement partir pour la Russie après une tournée au Etats-Unis pour repérer de nouveaux lieux. Quand on lui demande le site qu’il a préféré, voilà sa réponse :
Le dossier du mois
Chaque mois, durant une semaine, made in marseille explore un aspect de la ville.
Pour ce mois de février, la rédaction s’est penchée sur les cultures urbaines dans notre ville. Marseille est connue comme une des portes d’entrées de la culture hip-hop en France grâce notamment au groupe IAM. Qu’en est-il aujourd’hui ? Rap, graff, skate… autant de perspectives que nous avons essayé de creuser dans le cadre de notre dossier du mois de février.