Aix Marseille Provence Métropole a lancé la première conférence sur son futur schéma de cohérence territoriale (SCoT), document qui guidera ses choix de développement avec une vision jusqu’en 2040. Avec comme priorités : agir sur son solde migratoire, actuellement négatif, et sur son taux de chômage, largement supérieur à la moyenne nationale.
L’objectif est de faire de la métropole Aix-Marseille-Provence un territoire attractif afin que habitants comme entreprises viennent s’y installer. Le futur SCoT métropolitain, document d’urbanisme qui a une incidence directe sur le règlement des plans locaux d’urbanisme (PLU) des 92 communes du territoire, a ainsi pour but de mettre en cohérence l’ensemble des politiques dans tous les domaines : transition énergétique et écologique, accessibilité et mobilité, développement économique, réindustrialisation, accroissement et dynamisation démographiques.
Ce futur grand SCoT devrait s’appliquer à partir de 2022 sur l’ensemble du territoire et viendra remplacer les 5 SCoT intercommunaux déjà en place (Marseille Provence Métropole, Pays d’Aix, Agglopole Provence, Pays d’Aubagne et de l’Étoile et Ouest Étang de Berre).
4 000 habitants en moins par an
Chaque année, la métropole Aix-Marseille-Provence perd 4 000 habitants. Un solde migratoire négatif qui n’est pas le « reflet d’une métropole attractive rayonnante » d’après Vincent Fouchier, directeur général adjoint du « Projet Métropolitain et Conseil de Développement ». L’idée est donc de chercher à améliorer la qualité de vie des habitants pour inverser la tendance.
Pour Arlette Fructus, vice-présidente de la métropole déléguée à l’Habitat, les habitants quittent la métropole ou se déplacent sur ses extrémités parce que l’habitat est trop cher dans les centres-villes. « Chacun a des besoins particuliers et ces personnes ne trouvent pas spécialement les réponses sur notre territoire ». L’élue avance donc des pistes de réflexion pour booster la démographie dans les années à venir. Cela passe selon elle par des actions auprès des jeunes, des jeunes actifs et des jeunes ménages. En leur proposant plus de logements, qu’ils soient dans des bâtiments neufs ou anciens, et surtout en diversifiant l’offre de logement.
La métropole et sa ville centre, Marseille, doivent aussi faire face à de grands défis dans les prochaines années pour atteindre l’objectif d’attirer habitants et entreprises, notamment en ce qui concerne la qualité de vie. En effet, Marseille est souvent épinglée pour le manque de développement de son réseau de transports en commun au sein même de la ville et pour se connecter aux villes alentours, mais aussi pour ses équipements publics de proximité (écoles, piscines, bibliothèques…), l’entretien de ses espaces publics et notamment les espaces verts…
Moins de chômage et plus de mobilité
Autre priorité du futur SCoT : agir sur le plein emploi. « On ne pourra pas être attractif avec un taux de chômage supérieur à la moyenne nationale de trois ou quatre points », pointe Vincent Fouchier. Au contraire, l’attractivité du territoire dépendra de la possibilité pour ses habitants de pouvoir trouver facilement un emploi.
Un sujet qui va de pair avec celui de la mobilité. La question des déplacements touche d’ailleurs aussi bien les particuliers que les entreprises. Certaines d’entre elles préfèrent s’installer dans d’autres villes ou métropoles de France car elles y trouvent notamment plus de transports que sur le territoire d’Aix-Marseille-Provence. « Les entreprises veulent des pôles d’échanges et plus de voies dédiées au bus sur les autoroutes », interpellent Laurent Amar, vice-président à la CCIMP délégué à la Transformation du Territoire aux Standards Internationaux.
Des dossiers sur lesquels les services de la métropole planchent. 40 kilomètres de voies dédiées au bus devraient être aménagés sur le territoire d’ici 2021, avec un objectif de 100 kilomètres avant 2025. Concernant les pôles d’échanges, la métropole réfléchit sur comment les salariés peuvent rallier le dernier kilomètre, celui entre la station de transports et leur entreprise. Bus à Haut Niveau de Service (BHNS), navettes dédiées pour desservir les entreprises, transport à la demande, véhicules en libre-service… Autant de pistes à étudier en fonction des sites. « Mais il faut des partenariats pour cela, la métropole ne peut pas tout faire seule », souligne Yannick Tondut, directeur adjoint des services mobilité de l’institution.
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La nécessité de jouer collectif
Développer des partenariats et travailler ensemble sont deux enjeux prioritaires pour l’élaboration du futur SCoT métropolitain. « L’attractivité du territoire dépendra de la faculté qu’auront les gens à travailler ensemble et avec des gens qui ne leur ressemblent pas », à rappeler Laurent Amar, citant des propos tenus par Franck McCourt, le propriétaire de l’Olympique de Marseille.
Les élus sont d’ores et déjà d’accord sur un point : le futur SCoT métropolitain ne peut pas être l’empilement des SCoT existants. « Des travaux seront nécessaires pour garantir la cohérence à l’échelle métropolitaine en ce qui concerne notamment la croissance démographique et sa répartition territoriale, l’armature urbaine et son adossement au réseau de transports collectifs, les lieux préférentiels du développement économique… », précise la métropole. Autant de points qu’il reste encore à définir.
Par Agathe Perrier