Afin de réhabiliter la calanque de Cortiou, polluée depuis des décennies par les eaux usées de la ville de Marseille et les eaux détournées de l’Huveaune, le Parc National des Calanques vient de lancer le projet REXCOR. 36 récifs artificiels ont été immergés à Cortiou pour tenter d’accélérer le retour à la vie dans la calanque.
L’installation de ces 36 récifs artificiels fait partie du « Contrat de Baie », une sorte de charte de 265 millions d’euros sur six ans (2015-2021) entre tous les acteurs concernés (métropole, collectivités, État, agence de l’eau, associations…) pour financer des actions dans le but de préserver et restaurer la qualité des eaux et des écosystèmes sur un territoire allant de Fos-sur-Mer (13) à Saint-Cyr-sur-Mer (83). Sur cette enveloppe, 1 million d’euros a été débloqué pour le projet REXCOR.
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Pourquoi réhabiliter la calanque de Cortiou en particulier ?
Les Calanques sont généralement associées à l’image de lieux paradisiaques. Si tel est le cas de façon globale, la calanque de Cortiou fait quelque peu exception à la règle. Car Cortiou, située à quelques encablures à l’ouest de la calanque de Sormiou, est un site historiquement dégradé.
D’une part, c’est dans cette calanque que se rejette, depuis le début des années 1890, toutes les eaux usées de Marseille. Et, d’autre part, parce que depuis les années 1970, il a été décidé d’y détourner les eaux polluées de l’Huveaune qui, naturellement, débouchait dans la baie du Prado et constituait une menace pour la qualité des eaux de baignade des plages.
Depuis, la qualité des eaux déversées à Cortiou s’est améliorée. À partir de 1987, la station d’épuration de Marseille a été mise en service afin de traiter les eaux usées de la ville. Et concernant l’Huveaune, la désindustrialisation de la vallée et le traitement des eaux usées et de pluie ont permis d’assainir la qualité de l’eau déversée.
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Un projet test pour ramener la vie à Cortiou
Le projet REXCOR, qui signifie « Restauration Expérimentale des petits fonds côtiers de la calanque de CORtiou », repose sur l’hypothèse que la qualité des eaux aujourd’hui rejetées à Cortiou est compatible avec le retour de la vie sous-marine. « L’eau qui sort de Cortiou est de meilleure qualité et l’eau en mer permet le retour de la vie. Les récifs vont permettre d’accélérer ce retour. On ne pourrait pas mettre en place ce projet si l’eau n’était pas de meilleure qualité », met en avant Didier Réault, président du Conseil d’Administration du Parc National des Calanques.
Pour autant, rien ne garantit que les récifs atteindront leur objectif. L’élément limitant au retour de la vie serait la mauvaise qualité du substrat à coloniser, marqué par des années de pollution. Il est ainsi possible que ce dernier soit incapable ou peu capable de fournir à la faune et à la flore aquatiques les moyens de grandir, manger ou encore se reproduire.
Par exemple, les fonds dégradés de Cortiou n’offrent plus aux plus jeunes poissons les anfractuosités dont ils ont besoin pour grandir. La forte uniformité des fonds ne constitue plus un garde-manger suffisant capable de supporter la présence de nombreuses espèces.
Rexcor permettra-t-il de retrouver l’écosystème originel ? « Difficile de le dire. D’abord parce que la calanque de Cortiou est soumise à une pollution très ancienne. En conséquence, nous ne disposons pas de source nous permettant de nous représenter précisément le milieu tel qu’il était avant d’être dégradé. Ensuite, nous avons peu de recul sur l’efficacité des opérations de restauration comme REXCOR. Tester et en apprendre davantage est justement l’un des enjeux du projet », souligne le Parc National des Calanques.
Par Agathe Perrier
Super, espérons que ça marche !