Rénover les façades et les espaces publics, rendre les rues plus sures et plus propres, aménager plus de verdure, faire revenir les commerces de proximité, développer l’attractivité économique, culturelle et touristique, créer des événements emblématiques pour redynamiser la vie des habitants… Vaste programme.
Retrouvez les 50 projets dans cet article
Comme la plupart des grandes métropoles du 21e siècle, après des années de fuite des habitants et des activités des centres villes vers les banlieues ou les zones périurbaines, l’heure est à la reconquête des centres historiques, coeurs économiques et patrimoniaux de ces immenses territoires. Et Marseille n’échappe pas à la règle. La ville vient de dévoiler aux côtés des autres collectivités locales et de la CCIMP, son projet nommé « Ambition Centre Ville ».
#ambitioncentreville https://t.co/fWY8VJSu8L « Les centres anciens en France sont en perte de vitesse, dans ce contexte nous lançons un plan global co-construits avec les hab. et commerçants, pour améliorer le quotidien des Marseillais qui y vivent ou travaillent » @jcgaudin pic.twitter.com/Vc5xe5wkeB
— Made in Marseille (@MadeMarseille) 8 décembre 2017
Jean-Claude Gaudin s’st félicité de la démarche partenariale menée sur ce projet « Ce plan d’action « Ambition Centre-Ville » a été co-construit avec les représentants des habitants, des commerçants et des entreprises, les associations, les CIQ, et je remercie vivement les Elus, les fonctionnaires de la Ville et de la Métropole, qui ont participé depuis 2016 à l’élaboration de ce programme et animé les nombreuses réunions de concertation, afin que ce plan d’action réponde aux attentes et aux besoins de la population. »
50 actions concrètes à hauteur de 100 millions d’euros en 3 ans
Le projet Ambition Centre Ville reposera sur 50 actions déclinées dans la plupart des thématiques : propreté, aménagement des espaces publics, habitat, commerce, attractivité, sécurité, etc.
Jean-Claude Gaudin, maire de Marseille, a annoncé vouloir aider les futurs propriétaires à acquérir un bien immobilier pour dynamiser l’offre résidentielle dans le centre-ville « Nous voulons attirer les primo-accédants en leur donnant un chèque premier logement, c’est un investissement de plus de 13 millions d’euros sur 6 ans ! » explique Jean-Claude Gaudin. Un chèque accession rénovation sera aussi proposé pour inciter à investir dans l’ancien.
Parmi l’amélioration du cadre de vie, un sujet fait souvent débat, l’absence de toilettes publiques. Le projet Ambition Centre Ville devrait permettre l’installation de 40 sanisettes l’année prochaine, a annoncé le président du Conseil de territoire MPM, Jean Montagnac.
Concernant le tarif du stationnement en centre-ville, souvent jugé trop cher pour les riverains, Yves Moraine, président de la majorité municipale et maire du 6e et 8e arrondissements, a précisé la stratégie de la ville « Sur les parkings, à l’issue de chaque DSP (Ndlr : délégation de service public) en cours, le cahier des charges bâti par les services de la métropole prendra en compte la nécessité d’abaissement des tarifs selon les moments de la journée et ou les jours de la semaine. C’est ce que l’on fait déjà du côté des plages Borély, avec des tarifs moins chers l’hiver que l’été. C’est ce qu’il faut faire en centre-ville à l’expiration de chaque DSP. Par exemple, avec des tarifs très attractifs la nuit pour les résidents. On travaille également sur le stationnement intelligent sur l’espace public, avec une place qui a trois usages selon la journée, le matin pour les livraisons, l’après midi pour les clients des commerces, et le soir et la nuit pour les résidents, le tout contrôlé avec du matériel électronique. »
Les réactions des collectivités partenaires
Jean-Luc Chauvin, président de la CCIMP, est enthousiaste sur la gestion de ce projet « J’aime quand on travaille comme ça, on élabore un projet, on définit un programme précis avec un calendrier, c’est comme cela que l’on fonctionne, nous entrepreneurs. Ce projet repose sur toutes les thématiques : cadre de vie, espace public, propreté, habitat, logement et l’animation, alors que d’habitude on travaille de façon plus sectorielle. » Avant de poursuivre « On va vous aider à mettre en place une bourse des locaux commerciaux vacants. On va aussi déployer un pack de bienvenue pour les commerçants du centre-ville et travailler avec les commerçants sur l’Esprit Client, afin de se préparer au mieux à l’accueil des grands événements : Manifesta, la biennale de l’art contemporain en 2020, la coupe du monde de rugby en 2023, les JO en 2024 ou l’Exposition Universelle en 2025« .
Martine Vassal, présidente du Département des Bouches du Rhône, a de son côté fortement insisté sur la réappropriation des espaces publics par les habitants « Notre centre ville doit permettre de laisser plus de places aux piétons et vélos, d’aller vers un espace apaisé, comme on l’a fait sur la rénovation de la rue Paradis. C’était très agréable le jour de l’inauguration, les gens étaient heureux. Il faut continuer à apaiser le cadre de vie des habitants. C’est la même chose avec les Dimanches de la Canebière, on sent un véritable engouement de la population dans l’appropriation de ces espaces. Autre exemple : la rénovation des fontaines, si chères dans le coeur des habitants. Nous avons décidé avec le département de les financer à hauteur de 80%. »
La désertification du centre-ville, en marche ?
Pour Benoit Payan, leader de l’opposition socialiste marseillaise, le projet Ambition Centre Ville n’est pas adapté « Cela fait 22 ans que cette municipalité est élue et elle se réveille en 2017 en essayant de fabriquer de la concertation autour d’un centre-ville qui est entrain de dépérir, moi je suis extrêmement inquiet sur la situation du centre qui se vide de ses commerces. Il y a ici le plus fort taux de vacance des locaux commerciaux des centres des grandes villes de France. Moi, je me demande, qu’est ce qu’on fait pour les 30 000 logements vacants, qu’est ce qu’on fait pour les équipements publics ? Aujourd’hui, les réponses sont toujours les mêmes : de la communication ! Je suis très en colère car les habitants du centre-ville sont laissés pour compte depuis des années… La désertification du centre-ville s’accélère, et cela ne devrait pas s’arranger avec l’ouverture du centre commercial du Prado. Quand on voit les Galeries Lafayette, une enseigne vitrine du centre historique, quitter cet espace pour rejoindre le Vélodrome, on peut être inquiet, non ? Selon moi, on aurait du tout mettre à plat et mener une réflexion globale. »
En face, Didier Parakian, adjoint au maire de Marseille adjoint à l’économie et aux relations avec l’entreprise, n’est pas d’accord avec le point de vue de son homologue socialiste « Cela fait un an et demi que l’on travaille tous les élus ensemble. On a rencontré tous les acteurs du territoire, les habitants, les commerçants, la chambre de commerce, avec les CIQ, et c’est là que l’on a sorti ce plan d’actions, murement réfléchi. Vous savez, il y a une mutation du commerce. Pour le coeur de ville, les gens veulent des commerces différents, tournés vers la culture et les nouveaux concepts, donc certains commerces traditionnels sont voués à disparaitre. Soit on constate et on attend que le vent passe, soit on travaille sur une stratégie pour faire revenir les espaces. C’est pour cela qu’en quelques mois, 24 espaces de coworking ont ouverts dans le centre-ville. Tout ça, c’est bon pour l’économie du coeur de ville. Je pense qu’il y a des concepts qui marchent et qui attirent, regardez l’ouverture récente de The Babel Community sur la rue de la République. Dans ce projet, il y a plein de bonnes idées. Piétonniser le centre-ville le samedi par exemple, ou de préempter sur certains commerces, non pas pour enquiquiner les commerçants, mais pour leur dire « bienvenue dans le coeur de ville et respectez les enseignes et les façades »… Cette politique va porter ses fruits ! On aimerait aussi que le centre-ville soit mis en zone franche. On avait fait la demande au Premier Ministre Valls, il avait dit « non, c’est impossible », alors on va refaire la demande à Edouard Philippe qui vient dans quelques jours… Et pour en revenir à l’ouverture en mars prochain du centre commercial du Prado, je pense au contraire que c’est une cible complémentaire et pas concurrente. On ne peut pas être la 2e ville de France et miser sur un seul centre-ville, c’est comme ça dans toutes les grandes capitales européennes. Il y a de la place pour tout le monde ! »