Dans le quartier de la Belle de Mai (3e) à Marseille, les habitants regroupés dans le collectif citoyen Brouettes et Compagnie, réclament une nouvelle ligne de bus nocturne qui roule à l’électricité. La « Belle Navette », c’est son nom, est désormais dans les cartons des collectivités. Reportage.
Une « Belle Navette » pour désengorger un quartier isolé des transports en commun ?
La « Belle Navette » est un projet de création d’une nouvelle ligne de bus électrique qui permettrait de relier le quartier de la Belle de Mai au centre ville. Un service nocturne jugé indispensable pour le développement des structures culturelles, mais aussi pour faciliter la mobilité des habitants et des salariés.
Aujourd’hui dans le quartier de la Belle de Mai, deux bus circulent la nuit via les lignes 582 et 533. Un service que les habitants trouvent insuffisant. « Les horaires sont très espacés, avec des fois presqu’une heure d’attente à des points d’arrêts souvent mal éclairés et isolés, ce qui n’est pas vraiment sécurisant », explique Anne, du collectif Brouettes et Compagnie, mobilisé sur le sujet.
Depuis 2011, le collectif se bat pour la création d’une nouvelle ligne nocturne qui passe par le cœur du quartier de la Belle de Mai, à savoir la place Cadenat (3e) puis par la Friche et le tunnel Bénédit pour ensuite atteindre la gare via les Cinq-Avenues et les Réformés. « En 2013, on nous a donné comme réponse la ligne 582 qui va de la Friche à la gare. C’était une bonne chose pour la Friche, mais pas pour les habitants car elle ne dessert pas le centre du quartier Belle de Mai », regrette Anne. Idem pour la ligne 533 qui rejoint le centre-ville depuis la faculté Saint-Jérôme (13e) via le quartier du Merlan (14e).
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Un frein pour le développement culturel et l’emploi
Quatre ans après la création de la ligne 582, le collectif Brouettes et Compagnie a remis sur la table son projet baptisé « Belle Navette ». « Depuis 2013, de nouvelles structures culturelles se sont mises en place dans le quartier, d’autres se sont développées et d’autres encore veulent se développer. Toutes ont mis en avant que la pauvreté des parcours possibles en transports publics la nuit constitue un handicap majeur à leur développement », explique Anne.
Le collectif s’est en effet associé à un groupe de travail diagnostic/proposition né suite à la concertation du projet de réaménagement urbain « Quartiers Libres ». Ce dernier a réalisé un sondage de terrain sur la mobilité, interrogeant aussi bien les pôles culturels (théâtre Toursky, la Friche, Le Gyptis, Village Club du Soleil, le Chapiteau, école de danse XII, Comptoir de la Victorine) que les habitants et les usagers.
« Les structures interrogées se sont montrées enthousiastes et comptent sur l’amélioration du transport nocturne pour élargir leur activité. La majorité d’entre elles se disent même prêtes à communiquer sur une telle offre, si elle existait », met en avant Anne. Quant aux habitants, ils pointent du doigt que, dans les conditions actuelles de transports nocturnes, l’accès à l’emploi en horaires décalés est restreint. Certaines structures, comme le Village Club du Soleil, qui a pris place dans l’ancienne maternité de la Belle de Mai, a également des difficultés pour trouver du personnel en raison d’horaires décalés.
La réponse apportée par le collectif Brouettes et Compagnie et le groupe de travail est donc la création d’une nouvelle ligne de bus. Le projet prévoit un véhicule électrique type 22 places, accessible aux personnes à mobilité réduite, circulant de 20h à 0h40 la semaine et de 20h à 02h les vendredis et samedis, avec une fréquence de passage de 10 à 15 minutes. Le parcours emprunte en grande partie les itinéraires des lignes de jour 49 et 88 de la RTM, vérifiant ainsi la faisabilité technique de cette proposition.
« On a alors élaboré une proposition de trajet avec des horaires qui peuvent convenir à toutes les personnes qu’on a consultées. Mais on est aussi prêt à discuter de cette proposition », souligne Anne. Pour le collectif, la concrétisation de la ligne « La Belle Navette » constituera un symbole pour l’image de Marseille en termes de modernité, d’écologie et de concertation ainsi qu’un signe fort auprès des habitants de ce secteur « voué à devenir le cœur de la Métropole ».
Par Agathe Perrier
Moi je veux bien deux bus dans mon quartier le bus 31 et 33