Depuis deux ans, 1 500 familles des quartiers d’Endoume et des Catalans (7e arr.) montrent l’exemple en adoptant de gestes éco-responsables dans le domaine de l’énergie. Cette opération intitulée « En avant pour mon quartier ! », se fait grâce au dispositif nommé GD6D (prononcé « J’ai décidé »). Reportage.

La mairie du 1er et 7e arrondissements de Marseille lançait il y a deux ans, un programme novateur dans la protection de l’environnement en s’adjoignant les services de la start-up aixoise « E3D Environnement », qui a créé GD6D, le dispositif précurseur en matière d’éco-citoyenneté, qui utilise une méthode de communication unique permettant de proposer un accompagnement individualisé à un grand nombre d’habitants et pour un coût maîtrisé. Un projet soutenu financièrement par la région Provence Alpes Côte d’Azur.

Depuis, 1 500 foyers se sont inscrits dans cette démarche et les résultats le montrent : 89% des foyers ont changé plusieurs de leurs habitudes de consommation depuis novembre 2015 et 6 000 gestes éco-responsables ont déjà été réalisés dans les trois domaines suivants : la consommation responsable, la santé et les économies d’énergie.

, 1 500 familles du centre-ville relèvent un défi éco-citoyen unique, Made in Marseille

Chaque habitant participant à l’opération a choisi un geste simple du quotidien, comme demander au facteur de ne pas distribuer de publicités dans les boites aux lettres, posséder un cendrier de poche pour ne pas jeter son mégot par terre, remplacer une ampoule classique par une ampoule basse consommation, trier ses déchets, éteindre les appareils électroniques la nuit, mettre un couvercle pour faire bouillir de l’eau, ne pas faire couler l’eau pendant le brossage de dents…

Des gestes simples et évidents mais qui à eux seuls, peuvent changer beaucoup.

, 1 500 familles du centre-ville relèvent un défi éco-citoyen unique, Made in Marseille
Dire non aux pubs sur les boites aux lettres, un geste simple

Echange avec des habitants ayant franchi le pas

Tout a commencé de la même manière, pour chacun de habitants participant à l’opération. Que se soit par une pluvieuse journée de novembre, ou le soleil du mois d’août. Le démarchage par du porte-à-porte. La cause écologique fait tilt à Sandra, jeune maman de 35 ans. « Je trouvais intéressant de participer à cette initiative, notamment par rapport aux enfants, pour sensibiliser le foyer à l’écologie ». Après avoir répondu à un questionnaire « plutôt basique. La jeune fille nous écoute, nous demande les actions que nous réalisions déjà » se remémore de son côté André, retraité vivant dans le 7e arrondissement. Les premiers conseils sont prodigués.

Le dispositif est simple, peu contraignant. Il se base avant tout sur la bonne volonté des participants. Une fois, la première étape franchie, un algorithme va étudier les réponses des habitants, pour mettre en place un processus devant aboutir à un meilleur comportement écologique. Pour cela, un accompagnement individuel est réalisé par les équipes de la start-up aixoise, au travers de mails, d’appels téléphoniques ou de rencontres.

Sandra explique « je reçois un coup de fil, une fois par trimestre, et des mails régulièrement avec des petites missions à faire. Donc au niveau du temps personnel, cela n’est pas chronophage, un mail à l’occasion. Puis ça n’a rien de contraignant puisqu’il n’y a aucune obligation de réaliser l’action à mettre en place. » Même s’il est fortement recommandé de suivre les recommandations. André de poursuivre « je ne sais, si on a réellement relevé de défi, car se sont des choses que nous faisions avant. Par contre, j’ai suivi le conseil de nettoyer et dépoussiérer les radiateurs, chose que je n’aurais jamais faite avant, pour économiser de l’énergie. Je prends plutôt le service comme une veille, un rappel des bonnes actions. Il ne faut pas oublier une chose. Il est plus facile de ne rien faire, que d’agir pour l’environnement. »

Des économies d’énergie qui se voient sur les factures

Et derrière ces actions se sont des économies d’énergie que les citoyens réalisent, pour la planète, mais aussi pour eux. Le retraité marseillais estime une diminution de l’ordre de 50 à 70 euros, sur sa facture d’eau. Mais il n’est pas le seul.

Durant l’hiver 2017, près de 17 400 kWH ont été économisés par 770 habitants du quartier d’Endoume, une baisse équivalente à 11% de la consommation électrique, et 6 000 gestes réalisés.

Cette économie correspond à la consommation annuelle d’un couple avec trois enfants. À proprement parlé, cela peut paraître mince, mais étendue à l’ensemble d’une ville telle que Marseille, la réduction pourrait atteindre plusieurs dizaines de millions de kilowattheures.

De part, sa simplicité, sa souplesse et le bon sens de ses gestes, les citoyens adhèrent comme l’explique Sandra « il y a eu les réglages de la climatisation l’été dernier pour ne pas surconsommer. Nous achetons des produits éco label. L’objectif est faire du bien à la planète pour l’avenir de mes enfants, mais aussi de les sensibiliser à cette cause. »

De son côté, André préfère moraliser « même si notre action est toute petite, il est primordial de s’y astreindre parce que les problèmes écologiques sont eux très importants. Puis Marseille a quarante ans de retard, par rapport aux autres grandes villes du monde. Regardez ce qui en est du tri et des déjections canines. » Il n’y a pas de petits gestes inutiles, et n’oublions pas que les enfants d’aujourd’hui seront les consommateurs et les décideurs de demain.


Interview d’Amandine De Coninck, chargée du projet à Endoume, pour E3D Environnement

Made in Marseille – La durée du contrat avec la mairie du 1er secteur arrive bientôt à terme… Le programme sera reconduit ?

Amandine De Coninck – Il y a des discussions à ce sujet en ce moment, pour prolonger le programme dans la zone existante mais aussi pour étendre à d’autres quartiers. Toutefois, il n’y a rien de signé à l’heure actuelle. Le premier financement a été apporté par la région PACA en 2015, et aujourd’hui la métropole représente d’autres opportunités.

Toujours dans le 7e arrondissement ?

Rien n’est encore sûr, car cela dépend de la problématique que nous allons apporter. À Endoume, l’opération était très ciblée sur l’énergie, donc il est possible que l’on étende la thématique à d’autres préoccupations comme les déchets, ou la propreté… En fonction des endroits stratégiques concernant la thématique, on pourra mettre en place notre procédé dans d’autres lieux de la ville. Mais je le répète, il n’y a rien de sûr.

Quel nombre de foyers visez-vous ?

Pour l’instant, nous sommes à 1 500 foyers. Les négociations portent sur environ 5 000 habitations donc l’équivalent de 12 500 habitants.

Quels sont les retours de la mairie du 1er secteur avec qui vous collaborez ?

Ils sont très contents. Nous avons régulièrement des contacts avec Sabine Bernasconi (Ndlr : maire Les Républicains du 1er secteur de Marseille), elle a participé à l’événement que nous avons organisé le 13 mai dernier, les équipes municipales sont impliquées.

Avez-vous des négociations avec d’autres villes en France ?

Nous sommes présents dans plusieurs villes, par exemple à Montpellier l’initiative va être étendue à un autre quartier et pour une durée de trois ans. On travaille aussi à Lyon, à Paris, et peut-être bientôt à Lille. On est aussi en négociation avec des pays du Maghreb. Actuellement, nous conseillons 20 000 foyers, avec comme résultat une consommation d’énergie en baisse de 10 à 15%.

La start-up développe-t-elle d’autres projets sur le même thème ?

Oui, nous avons mis en place un programme de recherche pour aller au-delà des gestes écocitoyens. On va essayer de développer d’avantage les actions collectives, en faisant en sorte que les gens créent des jardins partagés, des monnaies locales… Puis aussi tout ce qui est action de concertation, on cherche à développer le dialogue entre les communes et les habitants. On essaye d’étendre le champ des possibles.

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