Parmi les monuments emblématiques du Vieux-Port Marseille ayant disparus, on trouve, à côté du Pont Transbordeur ou de l’ascenseur de Notre Dame de la Garde, l’Arsenal des Galères, un ancien bâtiment militaire qui a été, pendant plusieurs décennies, le quartier général d’une partie de la flotte militaire française.
Aujourd’hui, lorsque l’on s’intéresse à l’histoire de monuments, de places ou de lieux du centre-ville de Marseille, et plus particulièrement de la rive Sud du Vieux-Port, une phrase revient souvent : « Construit sur les anciens terrains de l’Arsenal des Galères ». Une question suit alors derrière : qu’est-ce que ce fameux Arsenal des Galères exactement ?
L’Arsenal des Galères est en fait un ancien arsenal militaire, à savoir un ancien lieu de construction, d’entretien et d’armement de navires de guerre. Il a été édifié à Marseille par Colbert au cours de la deuxième moitié du 17ème siècle pour accueillir et armer les bateaux de guerre du roi Louis XIV. Des navires qui, à cette époque, sont des « Galères », un type de bateau à voiles et à rames dont la main-d’œuvre était constituée de condamnés aux travaux forcés, baptisés les galériens.
Un arsenal déjà du temps des Romains
Si le dernier Arsenal des Galères a été construit sur ordre de Louis XIV, ce n’est toutefois pas le premier arsenal qu’a connu Marseille. Car déjà du temps des Romains, la ville disposait de son arsenal où quelques galères venaient y « séjourner ». À cette époque, il occupait une partie de la rive Sud du Lacydon, le Plan Fourmiguier, de l’actuel quai des Belges jusqu’à l’ancien bassin de carénage. Au fil des siècles et des différents règnes, l’arsenal est successivement reconstruit et réaménagé. Les galères, elles, sont parfois nombreuses et parfois totalement absentes de la ville, suivant le rythme des guerres et des conflits.
Une construction commandée par Louis XIV
En 1660, lors de la venue de Louis XIV à Marseille, le port n’abrite plus de flotte de guerre. Mais le Roi veut une flotte surpassant celle de l’Espagne et des puissances italiennes et, en 1665, ordonne de construire un arsenal dans le port de Marseille et d’y armer les galères. Quatre ans auront été nécessaires pour sa construction, sur le terrain du Plan Fourmiguier. Mais immédiatement, la réalisation est insuffisante et il est décidé d’étendre l’arsenal le long de l’actuel quai de Rive Neuve grâce à des expropriations.
Après un nouvel agrandissement, l’Arsenal des Galères a alors la forme d’un L majuscule, la barre horizontale représentant le quai des Belges et la barre verticale le quai de Rive-Neuve. Il englobe les terrains limités aujourd’hui par l’église des Augustins, le palais de la Bourse, la Place du général de Gaulle, les rues Paradis, Sainte et du Fort Notre-Dame. Il est achevé en 1690, époque de l’apogée des galères à Marseille sous Louis XIV puisqu’on en dénombre une quarantaine.
Un déclin qui arrive très vite
Le déclin de ces navires de guerre arrive peu de temps après, au début du 18ème siècle. Les galères sont alors remplacées dans les marines de guerre par des vaisseaux. Bien que disposer de galères est encore signe de prestige à cette époque, ces bateaux sont de moins en moins nombreux aussi bien à Marseille que dans le reste du pays. La fin officielle des galères est actée de la main même de Louis XV en 1748 lorsqu’il signe une ordonnance pour réunir le corps des galères à celui des vaisseaux et donc de la marine royale.
L’arsenal de Marseille ne se justifie alors plus et ses terrains sont vendus à une compagnie par la municipalité qui ne veut pas se charger de leur réaménagement. Ces derniers, jusque-là fermés au reste de la ville, lui sont désormais raccordés : des rues, telles que la Canebière, sont prolongées jusqu’au Vieux-Port, de nouvelles places comme l’actuelle place Ernest Reyer où trône l’Opéra sont aménagées, les escaliers de la rue Fortia et de la rue de la Paix pour descendre sur le cours Estienne d’Orves sont créés…
Ce dernier n’est d’ailleurs pas immédiatement devenu la grande place qu’on lui connaît de nos jours puisqu’il est d’abord transformé en canal afin de prolonger la darse du port et donc l’espace dédié à l’activité commerciale. Aujourd’hui, les seuls traces de l’Arsenal des Galères encore visibles sont le bâtiment de la Capitainerie sur le cours Estienne d’Orves, occupé par un hôtel.
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Par Agathe Perrier