Ce matin, le ministre des Sports, Patrick Kanner (PS) a présenté un rapport sur les retombées économiques de l’Euro de football, organisé en France du 10 juin au 10 juillet 2016. Cette étude a été pilotée par l’Observatoire de l’économie du sport. Premières conclusions : l’Euro 2016 aurait rapporté 1,22 milliard d’euros de bénéfice direct. C’est à dire de retombées immédiates pour les professionnels du tourisme et du transport.

Pour aller plus loin, notre reportage sur Marseille

1,22 milliard de retombée pour combien de dépense ?

L’État avait engagé 24 millions d’euros pour assurer la sécurité de la voie publique et en particulier des fan-zones en juin et juillet dernier, soit le double de la somme initialement envisagée, en raison du risque accru d’attentat terroriste. Pour la construction et la rénovation des stades de foot, l’Etat avait déboursé 160 millions d’euros, quand les collectivités locales avaient elles mis le paquet avec 1,2 milliard d’investissement, auxquels s’ajoutent les 118 millions d’euros portées par les régions et les 76 millions par les départements, donc une dépense totale d’un peu plus de 1,5 milliard d’euros.

Le reste des dépenses avait été assumé par des fonds privés et par l’UEFA, comme par exemple la construction d’un nouveau stade à Lyon, le stade des Lumières, qui a été financé par des fonds privés uniquement.

, L’Euro 2016 a-t-il réellement rapporté de l’argent à la France ?, Made in Marseille
Le nouveau stade de Lyon © DR

De son côté, l’UEFA a touché le gros lot, à savoir 830 millions d’euros de bénéfice sur l’ensemble de la compétition, dont l’essentiel va repartir vers les fédérations sportives nationales. Et cette année, pour la première fois depuis la création de la compétition, la France a obtenu de l’UEFA un retour sur investissement direct. L’UEFA a payé en tout 45 millions d’euros à la France : 20 millions d’euros pour la location des stades, 20 millions d’euros pour les villes et 5 millions pour l’organisation des fan-zones.

Des villes fortement impactées comme Marseille

Le choix de financement pour la construction ou la rénovation des stades de football a été l’objet de vives critiques ces dernières années. La rénovation et l’agrandissement du stade Vélodrome par exemple, portée par la société Arema, filiale de Bouygues, dans le cadre d’un PPP (Partenariat public privée) passé avec la ville de Marseille, a vu son cout doubler entre l’estimation initiale et le cout réel du projet à terme.

Dans un rapport de la Cours des Compte établi en 2015, l’Etat pointe du doigt la mauvaise estimation du cout du projet pour le Vélodrome. Le budget initial dédié aux travaux atteignait 268 millions d’euros en 2009, alors que le cout réel du projet atteindrait 500 millions d’euros à l’issue du partenariat, c’est à dire en 2045. L’Etat et les collectivités ont participé à hauteur de 90 millions, Arema 105 millions, tandis que les recettes issues du futur parc immobilier autour du stade sont évaluées à 30 millions. La Ville de Marseille, elle, a mis 43 millions d’euros sur la table.

, L’Euro 2016 a-t-il réellement rapporté de l’argent à la France ?, Made in Marseille

Mais pendant 31 ans, la ville de Marseille doit verser un loyer à Arema, pour l’entretien et la gestion du stade jusqu’en 2045. En comptabilisant la mise de départ, la Cour des Comptes évalue ainsi le coût brut à 1,051 milliard d’euros. De son côté, Arema doit verser pendant ces 31 années, une « redevance » qu’il prélèvera sur ses recettes de matches et de concerts, mais aussi sur les conférences et séminaires professionnels organisés dans l’enceinte du stade. Un montant estimé à 500 millions d’euros. Le coût réel net pour la Ville de Marseille s’élèverait donc à 551 millions d’euros sur 31 ans, soit environ 18 millions par an, auxquels il faut déduire le loyer du stade, qui rapporte chaque année plusieurs millions à la ville.

La ville de Marseille veut augmenter le loyer du Vélodrome pour soulager le contribuable

Depuis quelques semaines, des discussions sont en cours entre les nouveaux dirigeants de l’OM et la ville de Marseille en ce qui concerne le loyer du Vélodrome. En effet, le bail signé durant l’été 2014 avec l’ancienne équipe dirigeante touche à sa fin au cours de cette année.

Les conditions du contrat actuel en vigueur depuis 2014 sont claires, l’OM doit verser chaque année à la ville 4 millions d’euros, auxquels s’ajoute une part variable de 20 % du chiffre d’affaires de la billetterie de l’OM si celui-ci dépasse 20 millions d’euros. Avec cet accord, le cout du stade à supporter pour la ville passe de 18 millions d’euros à 13,9 millions d’euros par an. Le cout des impôts locaux des Marseillais dépend donc aujourd’hui en partie des résultats de l’OM. Plus l’OM gagne et se qualifie pour des compétitions européennes comme la Ligue des Champions, plus le club génère d’argent et donc plus le loyer qu’il paye à la ville augmente.

Voilà l’une des raisons pour lesquelles la ville essaye depuis plusieurs mois de renégocier le contrat avec les propriétaires de l’OM. Les élus avaient évoqué il y a quelques mois, avant le rachat du club, vouloir négocier un loyer fixe de 8 millions d’euros par an, ce qui ramènerait les dépenses de la ville à une somme deux fois moins élevée à celle d’aujourd’hui.

Des recettes indirectes pas encore quantifiables et un investissement sur l’avenir ?

Si aujourd’hui l’organisation de l’Euro 2016 a couté plus au contribuable que ce qu’elle a rapporté – environ 300 millions d’euros d’écarts entre dépenses et recettes directes dans tout le pays -, il est clair que l’impact de ce type de compétition internationale se chiffre sur plusieurs années.

Les bénéfices liés à la fréquentation touristique

En premier lieu, il convient de prendre en compte l’impact positif en terme d’image et d’attractivité. Pour parler plus simplement, un touriste venu séjourner dans l’une des villes organisatrices du tournoi de football pour regarder un match, a ainsi pu en profiter pour découvrir des villes, des régions, du patrimoine, des terroirs, et à son retour, a pu faire la promotion auprès de ses proches sur la destination « France ». C’est en quelques sortes une publicité européenne voire mondiale que s’est offert le pays et qui aura des retombées positives pour les années à venir.

A l’image de l’engouement provoqué pour MP2013, Marseille capitale européenne de la culture, les événements internationaux permettent de focaliser l’attention des touristes dans le monde pendant une courte période, et ainsi assure les années suivantes une progression de la fréquentation touristique sur le territoire.

La création d’emplois et le lancement de nouveaux jeunes sur le marché du travail

L’organisation de l’Euro 2016, que ce soit à l’occasion des chantiers pour les nombreux stades de football, la création d’infrastructures d’accueil ou de transports, mais aussi les emplois créés pendant la compétition dans les entreprises à vocation touristique comme les hôtels, les restaurants, les taxis, les transports en commun, etc, a permis de créer de nombreux emplois, et ainsi de mettre le « pied à l’étrier » à de nombreux jeunes qui sortaient tous juste de formation ou étaient au chômage. C’est une petite respiration que s’est offert le pays avec cette compétition.

La Cour des Comptes rapporte que l’Euro aurait permis de créer 10 000 équivalents temps plein annuels, auxquels s’ajoutent les 20 000 équivalents temps plein qui ont été utiles pour la construction et la rénovation des stades. Et selon le ministre des Sports, aujourd’hui des milliers de personnes seraient encore employés dans les sociétés qui les ont fait travaillé pour l’Euro.

 

 

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *

Bouton retour en haut de la page