Il y a 20 ans, le Centre Commercial Grand Littoral ouvrait ses portes dans le 15e arrondissement de Marseille, suscitant à la fois inquiétudes et interrogations. Deux décennies plus tard, qu’est-ce que l’établissement a changé pour les habitants des quartiers Nord et pour le territoire ? Reportage.

Plus grand centre commercial de la région Paca, Grand Littoral vient de souffler cette année sa 20ème bougie. En 20 ans, l’établissement n’a que peu changé dans sa physionomie. Car dès sa construction, au début des années 1990, les plans du centre commercial sont ceux qu’on lui connaît actuellement. À l’époque, c’était d’ailleurs lui qui trônait à la première marche des plus grands centres commerciaux de l’Hexagone, contre la quatrième aujourd’hui.

« Grand Littoral a résisté à des tas d’événements, autant physiques, comme l’instabilité de ses terrains qui est depuis résolue, qu’extérieurs avec le développement de commerces concurrents. Aujourd’hui, il est au cœur de la métropole Aix Marseille Provence et c’est aussi le centre de vie de nos quartiers », met en avant Arlette Fructus, adjointe (LR) au maire Déléguée au logement, à la Politique de la Ville et à la rénovation urbaine.

Un point de vue partagé par Samia Ghali, la maire (PS) des 15ème et 16ème arrondissements de Marseille pour qui « on ne pourrait pas s’imaginer sans Grand Littoral aujourd’hui ». Pour autant, lors de son installation dans les quartiers Nord, le centre commercial était pour certains « voué à l’échec », comme l’a rappelé Monique Cordier, adjointe (LR) au maire de Marseille.

, Comment Grand Littoral a transformé les quartiers Nord en 20 ans ?, Made in Marseille

1996 – Une ouverture qui suscite l’inquiétude des habitants

La nouvelle de la construction d’un centre commercial dans les quartiers Nord de Marseille a d’abord suscité des questions auprès des habitants des quartiers alentours. « Il y a eu des inquiétudes car, il est important de le rappeler, des gens habitaient l’endroit où a été construit Grand Littoral ! », explique Samia Ghali.

Si le centre commercial a été bâti en lieu et place d’une ancienne carrière d’extraction d’argile appartenant aux Tuileries de la Méditerranée, l’aménagement des terrains a en effet entraîné la démolition du dernier bidonville de Marseille. Baptisé « bidonville de Lorette », il abritait à la fin des années 1980 environ 90 familles kabyles dont les chefs de famille étaient d’anciens salariés des Tuileries. Une quarantaine de ces familles a alors été relogée dans des maisons individuelles construites au-dessus du centre commercial.

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Le terrain de Grand Littoral au début des travaux sur le site d’une ancienne carrière d’argile © DR

« Une fois que Grand Littoral a été installé, le centre a été vu d’un autre œil par la population et la question du salariat est venue sur la table. Les gens y ont trouvé un emploi, notamment des femmes qui étaient loin du monde du travail et qui ont alors eu la possibilité de travailler quelques heures près de chez elles », ajoute Samia Ghali. Car dès le début, la procédure de recrutement du personnel de Grand Littoral a prévu l’emploi d’habitants des alentours du centre commercial. Sur les 1 100 emplois initiaux liés à l’ouverture de Grand Littoral, 300 ont ainsi été réservés aux habitants des quartiers Nord de Marseille. Une politique qui s’est développée par la suite puisqu’aujourd’hui 80% des employés, sur les 2 000 que compte le centre, résident dans le 8ème secteur de Marseille.

Pour autant, les quartiers Nord de la ville restent la zone de Marseille où le chômage est le plus important. Avec des chiffres oscillant entre 19% et 27% selon les endroits, ce territoire est encore bien loin de la moyenne nationale d’environ 10% de chômage.

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La galerie marchande de Grand Littoral © DR

Une concurrence relativisée

Pour d’autres, l’arrivée d’un nouveau centre commercial à Marseille a suscité des inquiétudes en raison de la concurrence qu’il représentait. « Avant, j’allais à Plan de Campagne pour faire les magasins. Depuis, je viens à Grand Littoral car j’y trouve les mêmes magasins. Je suis très contente d’avoir tout cela à proximité », confie Nadia, habitante du 13ème arrondissement.

Malgré les inquiétudes initiales, Grand Littoral n’a pas vraiment détourné, à ses débuts, la clientèle des autres centres comme le Centre Bourse ou la Valentine. Ce phénomène est arrivé bien plus tard, en 2013 plus précisément, avec l’ouverture du premier Primark marseillais à Grand Littoral, une enseigne d’habillement et d’accessoire à prix très très bas. Toutefois, cette concurrence est restée modérée. « J’habite dans les quartiers sud de Marseille et je ne venais jamais à Grand Littoral avant. Aujourd’hui, j’y viens, mais seulement pour Primark », explique Martine.

Les inquiétudes concernaient également les commerces de proximité des noyaux villageois environnants le centre qui aujourd’hui ont en partie disparu. L’installation de Grand Littoral et de ses 200 boutiques actuelles en est-elle la cause ? Pas d’après Samia Ghali. « Les commerces de proximité se meurent car les gens se déplacent et ne font plus les courses de la même manière qu’avant. Il y a encore heureusement dans nos quartiers, même si ce n’est pas partout, des commerces de proximité. On voit d’ailleurs que du côté de l’Estaque, par exemple, les gens sont toujours très attachés à ce type de commerce. Je dirais même qu’il y a de nos jours un retour vers le commerce de proximité plus que vers les grandes surfaces comme Grand Littoral », souligne la maire.

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20 ans, le début du renouveau ?

Pour que son centre commercial attire toujours plus, son directeur, Pierre-François Duwat a la volonté d’inscrire Grand Littoral dans un renouveau. Cela passe par la venue d’enseignes « inédites » mais aussi par l’organisation régulière d’événements autour de la culture, de la gastronomie ou de l’emploi. Le directeur a aussi pour ambition de faire de son établissement un lieu attractif au niveau culturel. « J’aimerais qu’on ouvre une bibliothèque ou une association culturelle dans la galerie, car intégrer la culture me semble être le prochain défi des centres commerciaux », nous confiait-il y a quelque temps.

Parmi les autres projets du directeur : le retour d’un cinéma sur le site. « L’idée et le projet existent mais on ne sait pas encore si cela se fera », tient à préciser Pierre-François Duwat.


Pour aller plus loin

Par Agathe Perrier

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