Avec 38 kilos de déchets triés par an, les Provençaux font figure de mauvais élèves du tri sélectif en France. Amélioration de la collecte, retour de la consigne, tarification incitative… Citeo évoque des pistes d’amélioration.
À l’occasion de la semaine européenne de réduction des déchets, du 22 au 30 novembre 2025, l’organisme Citeo, chargé de réduire l’impact des emballages et papiers, fait le point sur les Français et le tri sélectif. En moyenne, à l’échelle nationale, un habitant a trié 72 kg de déchets ménagers recyclables en 2024.
Dans la région Provence-Alpes-Côte d’Azur, cette moyenne tombe à 56,3 kg selon Citeo, la positionnant en bas du classement national (hors outre-mer) avant l’Île-de-France qui plafonne à 47,5 kg.
Et parmi les départements de la région, celui des Bouches-du-Rhône est bon dernier avec 37,9 kg par habitant et par an. Bien loin des 114,9 kg du meilleur élève régional : les Hautes-Alpes.
« Les habitants et collectivités ont tous leur part à faire »
« Mais on note des progressions », tempère Christine Leuthy, directrice régionale – Sud et Corse – chez Citeo. « On a de plus en plus de cartons triés avec une progression de 10%, notamment sur les cartons liés au e-commerce ». Globalement, le tri des emballages a augmenté de 8,1% dans les Bouches-du-Rhône en 2024, et de 1% sur le verre.
La directrice régionale de Citeo y voit une légère prise de conscience de la population, ainsi que « le travail des collectivités. Par exemple, près d’une centaine de bacs spécifiques pour les gros cartons par la Métropole Aix-Marseille-Provence. Et des centaines de corbeilles de tris par la ville dans les sites municipaux ».
Une dynamique « qu’il faut poursuivre, avec de la sensibilisation. Les habitants et collectivités ont tous leur part à faire », pour atteindre les standards de tri sélectif observés ailleurs en France. Selon elle, « il reste encore 100 kilos de déchets recyclables par habitant jetés dans les ordures ménagères chaque année. Si les autres y arrivent, pourquoi pas nous ? »
75% des emballages plastiques recyclés
Comment ? En commençant par certains angles morts du tri sur le territoire. « Comme l’habitat collectif, privé ou social, très présent dans les grandes villes comme Marseille. Mais encore sous-équipé concernant les bacs de tri », pointe la directrice locale de Citeo.
Elle note également « le manque de confiance des habitants sur ce qu’il se passe derrière le geste de tri ». En d’autres termes : pourquoi trier quand on estime que le déchet n’est pas valorisé ensuite ? Sur ce point, Christine Leuthy défend l’efficacité des filières de traitement. « On a beaucoup évolué. Nous approchons bientôt d’un taux de 75% d’emballages plastiques recyclés ».
Bientôt la consigne généralisée pour le verre et le plastique ?
Elle évoque d’autres leviers pour améliorer le taux de recyclage. « Comme la tarification incitative : plus on jette d’ordures ménagères, plus on paie. Beaucoup de collectivités du Sud-Est y viennent ».
Ou encore, « le principe de la consigne » pour les bouteilles en verre, qui était répandu en France auparavant. Plus vertueux que le recyclage, il permet de réutiliser massivement des bouteilles sans avoir à les fondre. Mais il demande d’organiser de nouvelles filières, ce que fait depuis quelques années l’Incassable sur le territoire. « On va s’y employer dans les deux ou trois ans à l’échelle nationale », assure Christine Leuthy.
La directrice régionale de Citeo rappelle d’ailleurs que « 9 français sur 10 sont favorables à la consigne ». Et qu’elle peut aussi concerner les bouteilles en plastique et les canettes. « Tous les pays d’Europe l’appliquent sauf la France et l’Italie… Dans les six premiers mois, ils ont réduit de 80% les canettes et bouteilles retrouvées dans les déchets abandonnés ». Sous pression de l’Europe, la France pourrait sauter le pas dans les prochaines années.
Enfin, elle n’écarte pas la problématique centrale : réduire le déchet à la source. « Les industriels ont fait des progrès, incités par les taxes. Mais il reste encore du chemin à faire ».
