Depuis cet été, les compétences de l’établissement public d’aménagement Euroméditerranée s’étendent à tout Marseille. Il ne s’agit pas d’une extension de la grande opération urbaine, mais d’interventions ponctuelles à proximité, à commencer par Félix-Pyat.
En plein cœur de l’été, le 5 août, le Premier ministre a publié un décret « modifiant le périmètre de compétence de l’établissement public d’aménagement Euroméditerranée […] à l’ensemble de la commune de Marseille ». Est-ce à dire que ce rouleau compresseur du renouvellement urbain, qui a radicalement transformé des centaines d’hectares au nord de Marseille, va en faire de même dans toute la ville ? Loin de là.
En effet, depuis 1995, une opération d’intérêt national (OIN), souvent présentée comme la plus grande du sud de l’Europe, réaménage un vaste territoire qui atteint, depuis 2007, 480 hectares entre Saint-Charles, République et le boulevard Capitaine Gèze.
Au manettes de la transformation de ce périmètre, un établissement public d’aménagement (EPA) du même nom : Euroméditerranée.
Pas d’Euromed 3 pour le moment
Or, le décret « dissocie le périmètre de compétence de l’EPA Euroméditerranée de celui de l’opération d’intérêt national du même nom, ce dernier restant inchangé ». Ainsi, le périmètre de l’Opération d’intérêt national ne bouge pas et reste géré par Euroméditerranée avec des règles spécifiques et des moyens publics colossaux (plus de 7 milliards d’euros en 30 ans).
Il ne s’agit donc pas d’un « Euromed 3 », comme évoqué parfois depuis que la secrétaire d’État à la Ville et au plan Marseille en grand, Sabrina Agresti-Roubache, a annoncé une extension d’Euroméditerranée en 2023.
Dans les faits, c’est seulement l’établissement public qui est autorisé à mettre ses compétences et ses services au profit d’opérations hors de son périmètre initial. « Il s’agira d’opérations ponctuelles. Ce sera du cas par cas, tempère Laure-Agnès Caradec, présidente de l’établissement public. On interviendra dans la limite de nos moyens humains. Nous ne prévoyons pas de recruter. Les équipes se concentrent toujours en priorité sur la finalisation d’Euroméditerranée 2 d’ici 2040 ».
Félix-Pyat, première opération d’Euromed hors de son périmètre
Il s’agira donc d’interventions sur demande des collectivités qui souhaitent utiliser les compétences d’Euroméditerranée. « Comme au parc Bellevue (Félix-Pyat) où la Métropole Aix-Marseille-Provence nous mandate pour réaliser les espaces publics », précise Laure-Agnès Caradec.
« Ce sera notre première intervention hors du périmètre. C’est sur la frange, on connaît bien le territoire », ajoute-t-elle, laissant entendre que l’établissement public ne devrait pas s’aventurer trop loin de son berceau. Ni « faire concurrence » à d’autres sociétés publiques d’aménagement. Telles que la Spla-in en centre-ville, ou la Soleam sur le territoire métropolitain.
La présidente d’Euroméditerranée évoque d’autres opérations à venir en bordure de son périmètre d’intervention. « On devrait être mandatés pour des expertises sur les copropriétés Bel Horizon et Maison Blanche ».
Côté finances, les collectivités qui mandateront Euromed devront payer les services et les compétences de l’établissement public. C’est ce qu’il se passe déjà sur le périmètre de l’OIN. Euromed a par exemple réalisé la Cité scolaire internationale pour la Région, l’école des Fabriques pour la Ville, ou la future piscine municipale de Bougainville.