Marseille et ses 21 plages accueillent chaque année et particulièrement pendant la belle saison nombre de visiteurs, qu’ils soient locaux ou vacanciers. L’eau de baignade est-elle de bonne qualité partout ? Quels contrôles sont effectués pour le garantir ? Reportage.
D’après le classement de l’année 2015, dernier en date, 19 plages sur les 21 que compte Marseille présente une qualité d’eau dite « excellente » et deux « bonne ». Un constat dévoilé par l’ARS Paca (Agence Régionale de Santé), l’instance chargée par l’État du contrôle sanitaire des eaux de baignade dans la région Provence-Alpes-Côte d’Azur.
Pour établir ce classement, l’ARS se base sur les résultats de prélèvements effectués chaque été sur les différentes plages de Marseille. L’agence doit en réaliser au minimum quatre pendant chaque saison estivale, mais une vingtaine est en moyenne effectuée. Le classement est ensuite établi en prenant en compte également les résultats des trois années précédentes.
« Depuis 2013, la Directive européenne en vigueur a été renforcée en ce qui concerne la prévention afin d’anticiper les éventuelles pollutions et pour mettre en place des actions pour garantir la qualité des eaux de baignade », explique Fabrice Dassonville, responsable régional eau au sein de l’ARS Paca.
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Une réelle amélioration notamment de l’Huveaune ?
Avec seulement deux plages classées en qualité bonne en 2015, à savoir Les Catalans et la plage de l’Huveaune, Marseille affiche une évolution de la qualité de ses eaux de baignade. Car en 2014, elles étaient au nombre de cinq et en 2013 l’Huveaune était même classée « insuffisante ». « On revient de loin sur cette affaire car la plage de l’Huveaune était censée fermer il y a quatre ans ! », souligne Didier Réault, Adjoint au Maire de Marseille délégué à la Mer, au Littoral, au Nautisme et aux Plages.
Pour éviter une fermeture et arriver aux résultats d’aujourd’hui, des travaux ont été réalisés au niveau de la plage de l’Huveaune, comme des repérages de fuites sur les réseaux publics et privés, le changement de méthode de nettoyage des rues pour éviter les écoulements vers la mer d’eaux usées et d’hydrocarbures ou encore l’installation de toilettes. Idem du côté des Catalans qui a vu sa situation s’améliorer grâce à des travaux entrepris.
Une amélioration dont l’élu se réjouit mais qui est en partie contestée par la Coordination Méditerranée de la Fondation Surfrider qui œuvre pour la protection et la mise en valeur du littoral méditerranéen. L’association réalise ses propres prélèvements à Marseille et dans la région depuis 10 ans dans des zones d’activité nautique. Si la majorité des sites contrôlés sont différents de ceux de l’ARS Paca, elle effectue toutefois des prélèvements au niveau de l’Huveaune et de la Pointe-Rouge, classés respectivement « bon » et « excellent » par l’Agence.
« Nous constatons de larges améliorations depuis plusieurs années sur ces deux sites et des améliorations vont aussi arriver notamment grâce à la signature du Contrat de Baie. Pour autant, les résultats restent assez moyens sur ces deux zones », tient à modérer Sarah Hatimi, chargée de mission Environnement Méditerranée au sein de Surfrider Méditerranée.
Une diversité de contrôles
En plus des prélèvements effectués par l’ARS, la Ville de Marseille met en place pendant la saison balnéaire un dispositif de surveillance de la qualité des eaux de baignade. Cette surveillance s’appuie sur 450 contrôles officiels obligatoires renforcés par un dispositif de gestion quotidienne fondé sur une méthode d’analyse par biologie moléculaire.
Concrètement, des prélèvements à 30 cm de profondeur sont réalisés par la Seram (SERvice d’Assainissement Marseille Métropole) chaque matin de la semaine aux alentours de 6h. Les échantillons sont ensuite envoyés pour analyse dans un laboratoire agréé. « Trois heures plus tard, soit à 9h du matin, on est en capacité de savoir si on peut ouvrir la plage et quel drapeau on peut hisser. Ce dispositif fonctionne très bien et Marseille est l’une des seules villes de France à l’utiliser », se félicite Didier Réault.
Si les résultats du jour s’avèrent non conformes à la réglementation, le maire de la ville a la possibilité de fermer une ou plusieurs plages. Dans ce cas, les lieux de baignade susceptibles d’être concernés ne sont accessibles au public qu’après une nouvelle analyse prouvant le retour à une situation conforme.
84% des sites classés excellents en Paca
Au total en 2015, l’ARS Paca a effectué environ 7 500 prélèvements entre mai et septembre sur plus de 450 points de baignades de la région. Ces tests révèlent que 384 sites sont excellents, 69 bons, 16 suffisants et seulement cinq ont une eau de qualité insuffisante, dont un se situe à La Ciotat (Saint-Jean). Au total, 99% des eaux de baignades de la région sont jugées « conformes ».
Si les sites classés insuffisants restent minoritaires, l’objectif de la Directive européenne qui fixait pour la fin de la saison 2015 une qualité d’eau au moins suffisante pour l’ensemble des eaux de baignade n’est toutefois pas atteint en Paca. Au niveau national, 95 sites incluant les cinq de la région sont classés dans la catégorie « insuffisant ».
Pour autant, par rapport aux autres régions de France et même d’Europe, Paca affiche de bons résultats. 84% de ses sites sont ainsi classés excellents contre 78% au niveau européen.
Par Agathe Perrier