Vidéo | À la découverte d’un troupeau de chèvres du Rove aux portes de Marseille

Alors que la saison des brousses du Rove vient de commencer, nous sommes allés à la rencontre d’Éric Prioré, qui élève un cheptel de 132 chèvres du Rove dans la chèvrerie communale de Septèmes-les-Vallons.

Elles s’appellent Athéna, Vitamine ou Oréo. Aux portes de Marseille, ces chèvres du Rove pâturent dans les collines du massif de l’Étoile qui a donné son nom à la chèvrerie La Cabro Estelado, tenue par Éric Prioré. Cet ancien imprimeur et travailleur dans le BTP a repris les clés, en 2014, de la chèvrerie communale de Septèmes-les-Vallons, créée pour débroussailler les zones forestières et prévenir les risques d’incendies de manière écologique.

Ces caprins au caractère bien trempé, en plus d’être d’excellents défricheurs, sont une espèce protégée et ancestrale de la région. « La légende dit que la chèvre du Rove serait arrivée en même temps que la création de Marseille, quand les Phocéens sont arrivés pour peupler la côte méditerranéenne, explique le chevrier. Un bateau aurait fait naufrage, les chèvres auraient rejoint le rivage à la nage et peuplé les collines du Rove, il y a de ça plus de 2600 ans ».

Une race locale au caractère bien trempé

Reconnaissables à leurs cornes en forme de lyre, elles sont connues pour leur robustesse et leur adaptabilité. « Elles sont testardes et attachantes… mais surtout testardes, comme les gens du Sud ! », confie Éric avec un sourire. C’est après une formation de berger en Haute-Savoie et une immersion à la ferme avec l’ancien chevrier Guy Chauvelot, rencontré en 2012, qu’il a « tout appris du métier. C’est lui qui m’a transmis le virus des chèvres et je ne les ai plus jamais quittées ! ».

« Le travail est très dur, mais je viens tous les matins avec le sourire », reprend-il. Il faut dire qu’entre les traites matinales, la fabrication du fromage et les visites pédagogiques pour les scolaires, les journées sont bien remplies. « On commence à 3h45 et on finit souvent vers 19h30 ».

Ses 132 bêtes pâturent tous les jours de l’année dans les collines, menées par la bergère Romane et Jéthro le chien, à quelques centaines de mètres de la chèvrerie. Elles y trouvent toute leur nourriture préférée, les feuilles des arbres de garrigue comme le chêne kermès, le filaire, l’argelàs, le fenouil… « tout ce qu’elles mangent, on le retrouve dans le goût du fromage », explique Éric.

La brousse du Rove, un héritage centenaire

Éric Prioré fait partie des huit producteurs de la région à perpétuer la tradition de la brousse du Rove, fromage frais et onctueux protégé par une Appellation d’origine contrôlée (AOC), devenue Appellation d’origine protégée (AOP) en 2020. Pour obtenir ces labels, « on ne peut avoir que des chèvres du Rove. C’est une race qui donne peu de lait, mais d’une grande richesse en matière grasse », précise Éric.

La saison fromagère, qui a débuté le mois dernier, dure entre 9 et 10 mois, rythmée par les périodes de lactation et de gestation des chèvres. Éric et ses salariés réalisent deux traites par jour, le matin très tôt puis après la balade des chèvres, en fin d’après-midi. La vente de fromage se fait sur place, à la boutique de la chèvrerie, au marché du mercredi de Septèmes-les-Vallons, ainsi qu’à la Cité des arts de la rue à Marseille.

Le statut de chèvrerie communale a également permis à Éric de lancer « Allô Caprin », un service de débroussaillage écologique à domicile. « Je prête trois lots de trois chèvres aux habitants qui ont de grandes propriétés. Au lieu de passer la débroussailleuse, ce sont les chèvres qui s’en occupent ! », conclut-il.