Dix ans après l’abandon de Bleu Capelette, tous les signaux semblent au vert pour que la friche qui jouxte le palais omnisports de Marseille entame enfin sa mutation.
Ne l’appelez plus « Bleu Capelette » mais « Incity ». Tel est le nom du nouveau programme immobilier annoncé à côté du palais omnisports de Marseille (10e). L’ancienne appellation fait référence au centre commercial un temps imaginé sur le terrain en friche. Un projet avorté depuis 2015.
Déjà dix ans ont passé et la dent creuse de 2,3 hectares, visible depuis l’autoroute A50, est restée vide, au grand désespoir des habitants à qui l’on a promis depuis des années la mutation de cet ancien quartier industriel.
Le promoteur marseillais Sifer, qui avait racheté le terrain avec Icade pour 12 millions d’euros à Marseille Aménagement (devenu depuis la Soleam), a dû revoir sa copie et porte seul la nouvelle mouture du projet. Le programme rassemble des logements familiaux, une résidence étudiante, des commerces, des bureaux, un hôtel et un pôle de loisirs.
En attendant la délivrance du permis d’aménager, en cours d’instruction par la Ville, les habitants sont invités à donner leur avis en ligne dans le cadre d’une participation du public par voie électronique ouverte jusqu’au 25 mars 2025.
Un quartier traversant pour les modes doux
Imaginé avec l’agence Carta-Reichen-Robert Associés, Incity a été « co-conçu pendant de nombreux mois avec les services de la Ville, de la Métropole, de l’Agam et de la Soleam », retrace Cyril Simon. Le directeur de Sifer Promotion assure que le projet fait aujourd’hui consensus avec les institutions.
Des compromis avec la municipalité ont cependant dû être trouvés. Au sujet notamment du statut public de la voie centrale qui traversera le nouveau quartier. « Pas de voie publique, pas de permis d’aménager », prévenait, il y a un an, Éric Mery, l’adjoint à l’urbanisme de la Ville.
La mairie a obtenu gain de cause avec la réalisation annoncée d’une « liaison pour les modes doux entre le Nord et le Sud du site afin de désenclaver le terrain et en faire un quartier traversé », précise le dossier de consultation. Des connexions sont aussi prévues avec les aménagements aux abords du site, où un nouveau parvis doit voir le jour.
Le logement social a également fait l’objet de négociations. Eric Méry nous indique qu’il avoisinera les 30%, avec « 227 logements sociaux sur 762 ». Sifer confirme de son côté, sans plus de précisions, que « la programmation sera conforme au PLUi de la Ville de Marseille ».
Un pôle de loisirs pour faire écran à l’A50
Au sud du site, l’impasse Ferdinand Arnodin va s’ouvrir sur le boulevard Rabatau dans le cadre de travaux réalisés par la Métropole Aix-Marseille-Provence. « Les immeubles au bout de la rue viennent d’être détruits », explique Cyril Simon. Le directeur de Sifer rappelle que l’un des enjeux du projet est de « désenclaver le secteur ».
Une « boucle circulée » doit par ailleurs voir le jour, côté Est, le long de la patinoire pour permettre d’accéder aux parkings en sous-sol depuis l’avenue de la Capelette.
Au Nord, le futur pôle de loisirs permettra quant à lui de faire « écran face aux bretelles d’accès à l’A50 » et pourrait devenir, architecturalement, « un marqueur d’entrée de ville ». Enfin, sur son flanc Ouest, le nouveau quartier sera séparé des infrastructures routières par la rangée existante de jardins pavillonnaires, qualifiée d’« écrin de verdure ».
Incity espère aussi offrir « un cadre paysager agréable » pour les futurs résidents, grâce à « une emprise bâtie inférieure à 50% ». Et 20% d’espaces « de pleine terre généreusement plantées et des bassins favorisant la rétention des eaux de pluies ».
L’arrivée du tramway, un facteur déterminant
« L’entrée Est de Marseille n’est pour l’instant pas très qualitative. Avec ce projet, on va complètement la reconfigurer », se félicite le directeur de Sifer Promotion qui sent aujourd’hui « une vraie volonté » des institutions de transformer la Capelette.
Et l’arrivée du tramway T3 cette année aux portes du quartier, sur la place du Général Ferrié, est pour lui « un facteur essentiel » de cette dynamique. « Les habitants seront à seulement 300 mètres à pied du parc du 26e Centenaire et du nouvel arrêt de tramway », souligne-t-il.
L’inauguration, dans les prochains jours, de l’école de la Capelette devrait également contribuer au renouveau du secteur. D’autres projets sont dans les tuyaux, comme l’installation d’un parking en silo pour résoudre le problème de stationnement dans le quartier, la création d’une voie verte qui rejoindrait les berges de l’Huveaune, ou encore la réalisation d’une ligne de tramway sur la voie des bordilles, entre Blancarde et Dromel.
Autant de motifs d’espoir pour les habitants du quartier dont la patience a été mise à rude épreuve. Peu d’entre eux devraient regretter la disparition de la dent creuse, même s’il reste à les convaincre de la qualité du projet présenté. Le permis d’aménager est attendu pour ce printemps, avant le dépôt des premiers permis de construire par lots en septembre. Si tout se passe sans accroc, le nouveau quartier pointera le bout de son nez en 2028.