Après le projet avorté de marché couvert et l’interdiction de vente à la sauvette dans la rue, les biffins de Gèze créent un syndicat. Ils souhaitent organiser un marché les samedi et dimanche sur le boulevard Frédéric Sauvage.

Les biffins du quartier de Gèze vivent les montagnes russes ces derniers temps. Cela fait des années qu’ils animent, sur les trottoirs de l’avenue Cap-Pinède (15e), entre les puces et la station Gèze, ce que certains considèrent comme le plus grand marché informel de France.

Mais ce territoire est devenu l’épicentre d’un chantier de renouvellement urbain titanesque. L’avenue qu’ils occupaient est en pleine requalification à côté du nouveau quartier des Fabriques. RTE construit son nouveau siège local et les rails du tramways arrivent sur la rue de Lyon. Sans oublier le campus du numérique à 100 millions d’euros prêt à sortir de terre.

Les promoteurs et pouvoirs publics ont misé gros sur la grande reconversion de cet ancien quartier industriel. Et ni les uns ni les autres ne semblent projeter le maintien des biffins, estimés à un millier, sur les trottoirs de ce futur « Cours métropolitain ».

biffins, Chassés de Gèze, les biffins se syndiquent et proposent d’organiser un marché le week-end, Made in Marseille
En 2023, les biffins continuait leur marché informel au milieu des grands chantiers

Interdits de rue quand le projet de marché couvert tombe à l’eau

C’est dans ce contexte qu’un projet a été envisagé en 2023, sous l’impulsion de l’Association des marchés économiques locaux individuels et organisés du recyclage (Amelior). L’objectif : créer un grand marché dédié aux biffins dans un bâtiment vacant de l’avenue, les anciens entrepôts Casino.

Pour les autorités, le projet apparaissait comme une solution pour apaiser l’espace public. À savoir, régler les problématiques de propreté et de trafics qui accompagnent les vendeurs de rue.

Pour Amelior, il s’agissait d’encadrer et de dynamiser cette pratique qu’elle juge vertueuse. L’association y voit une économie circulaire de recyclage des déchets. Elle apporte des revenus à des personnes en difficulté et des produits bon marché à d’autres.

Mais, le projet est tombé à l’eau. Avant que la municipalité ne prenne un arrêté en octobre, interdisant la vente à la sauvette dans le secteur. Et que les descentes de police quotidiennes concrétisent cette décision.

Les biffins de retour avec un projet de marché encadré

« Il ne suffit pas d’interdire la misère pour qu’elle disparaisse », formule Stéphanie Fernàndez-Recatalà, qui accompagne les commerçants informels du quartier depuis des années avec l’association Indicible.

Ces derniers ont décidé de créer le « Syndicat des Biffins de Marseille » qui réunit 200 d’entre eux. « Après les avoir jugés incapables de s’organiser, ce syndicat est la preuve que les vendeurs sont des interlocuteurs crédibles pour les institutions », clame Stéphanie.

biffins, Chassés de Gèze, les biffins se syndiquent et proposent d’organiser un marché le week-end, Made in Marseille
On estime à plus de 1000 le nombre de biffins à Marseille. Ici, au pied de la station Gèze en 2023.

Prenant la casquette de porte-parole, elle annonce leur première revendication : « l’autorisation d’exercer les samedi et dimanche sur le boulevard Frédéric Sauvage et la rue Tellier », à quelques encablures de Gèze. « Ça permet aux entreprises qui travaillent ici d’exercer tranquillement en semaine ».

L’association propose de salarier sept biffins historiques pour superviser ce marché le week-end. « Ils s’assureront de la sécurité, des emplacements et de la propreté de la rue ». Pour les rémunérer, elle évoque le paiement d’une cotisation de « cinq euros » pour chaque étal.

Sollicitée par nos soins, la Ville n’a pas encore commenté ces propositions à la publication de cet article.

Bouton retour en haut de la page