La biotech marseillaise ImCheck Therapeutics va accélérer le développement de deux biomédicaments pour lutter contre le cancer et les maladies infectieuses.

Pour commencer sa tournée en Provence, le secrétaire général du plan « France 2030 », Bruno Bonnell, a fait un premier stop hier chez ImCheck Therapeutics. Ce laboratoire marseillais installé sur le campus Joseph Aiguier (9e) a remporté 20,18 millions d’euros de ce plan pour accélérer ses recherches dans l’immunothérapie. Pour rappel, l’objectif de France 2030 depuis 2021 est de faire émerger, en cinq ans, les futurs champions industriels français.

Avec cette somme, ImCheck va poursuivre le développement de son candidat médicament (stade avant la commercialisation) « ICT01 » pour soigner les cancers dits solides (organes) et liquides (hématologiques). Actuellement en phase d’essais cliniques, ce traitement favorise un anticorps capable de détruire les cellules cancéreuses et d’activer les cellules du système immunitaire.

L’investissement de France 2030 doit aussi permettre à la biotech de préparer l’entrée en essais cliniques du « ICT41 » : un second traitement adressé aux maladies infectieuses, comme la grippe ou le sida par exemple. ImCheck vise la mise sur le marché de ce médicament en 2032.

« Vous êtes la parfaite illustration de ce qu’on veut faire avec France 2030. Intégrer la recherche dans l’objectif de déboucher sur des produits clairement définis d’ici 2030-2032 », lance Bruno Bonnell. L’ancien entrepreneur rappelle aussi le besoin de consolider le coup de pouce de l’Etat avec des investissements privés.

ImCheck, À Marseille, ImCheck met au point un médicament prometteur contre le cancer, Made in Marseille
De gauche à droite. Jean-Luc Chauvin, président de la CCIAMP, Bruno Bonnell, secrétaire général de France 2030, aux côtés de Christophe Madrolle, conseiller régional et Didier Mamis, secrétaire général du SGAR © Margot Geay

Plus de 164 millions levés depuis 2015

Ces deux traitements montrent des « résultats positifs », assure Pierre d’Epenoux, le président d’ImCheck, dont l’un sera présenté à congrès annuel de l’American Society of Hematology (ASH) de San Diego en novembre prochain. Le patron tient toutefois à rester humble sur cette réussite naissante. « Notre pari est de démontrer une supériorité clinique par rapport aux traitements de référence aujourd’hui ».

Pour atteindre ces résultats, il a fallu rapidement trouver des fonds, et beaucoup. D’abord 20 millions d’euros en 2017. Puis 48 millions en 2019. En 2022, ImCheck a frappé fort en récoltant 96 millions d’euros : l’un des plus importants tours de table réalisés par une biotech à visée thérapeutique.

Cette même année, le laboratoire marseillais est aussi entré dans le programme French Tech 2030 classant les 125 start-up les plus prometteuses de France.

Mais cette recherche est aussi gourmande en argent qu’en temps. Le laboratoire, fondé en 2015 par le professeur Daniel Olive, chef de l’équipe immunité et cancer au Centre de recherche en cancérologie de Marseille (CRCM), mettra près de 15 ans pour mettre ses biomédicaments sur le marché.

ImCheck, À Marseille, ImCheck met au point un médicament prometteur contre le cancer, Made in Marseille
Visite du laboratoire de ImCheck le 17 octobre. © Margot Geay

Le plan France 2030 sanctuarisé

C’est pourquoi, les aides publiques restent un enjeu crucial pour ce type de structures privées, dont la propriété intellectuelle appartient aujourd’hui au public : à l’Inserm, à Aix-Marseille-Université (AMU), au CNRS, à l’institut Paoli-Calmettes et à la Société d’accélération de transferts de technologies (SATT) Sud Est.

Inquiet face aux coupes budgétaires de l’État qui se profilent en 2025, Pierre d’Epenoux demande d’ailleurs à l’ancien député « de maintenir le crédit d’impôt recherche (CIR) ».

En réponse, Bruno Bonnell garantit de sanctuariser les 54 milliards d’euros du plan France 2030, bien qu’il se soit engagé à être « encore plus exigeant sur les dossiers » auprès du Premier Ministre Michel Barnier.

Le secrétaire général tente ainsi de rassurer les lauréats, sur son soutien à venir. « La vraie révolution devant nous » sera d’apprendre à « utiliser le vivant pour réparer et fabriquer de nouveaux matériaux ». Comme le fait ImCheck.

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