L’entreprise marseillaise Anotherway, experte en produits zéro déchet pour la maison, se lance dans la grande distribution avec une nouvelle marque de produits ménagers « Ya.qa ».
« 85% des gens achètent leurs produits ménagers en grande surface », assure Samuel Olichon, le fondateur d’Anotherway, une enseigne marseillaise positionnée sur le marché du bio depuis 2018.
Pour continuer son développement, l’entreprise s’est alors lancée dans la création d’une nouvelle marque dédiée à la grande distribution. La marque « Ya.qa », facilement mémorisable, est née en novembre 2023 avec une gamme complète de 12 produits ménagers zéro déchet.
On y retrouve des pastilles solubles de liquide vaisselle, de lave-vaisselle, de produits d’entretien multi-usages, de lessive… et une éponge lavable d’une durabilité d’un an, qui est d’ailleurs le produit le plus vendu depuis huit mois.
Pour sensibiliser ses nouveaux consommateurs au zéro déchet, l’entreprise insiste désormais sur le gain de pouvoir d’achat, contrairement aux clients des magasins bio où l’aspect écologique prime. « La clé d’entrée en grande distribution c’est le prix. On démontre aux gens qu’utiliser une éponge lavable à 5,95 euros par an au lieu d’une quinzaine d’éponges à un euro est nettement plus économique », explique Margaux Dauce, responsable du marketing.
Démocratiser les produits à diluer chez soi
L’enjeu reste encore de faire de la pédagogie sur la technique de la dissolution de pastilles dans l’eau, à infuser chez soi en 10 minutes. « Comme un doliprane », image Samuel Olichon. Le packaging agréable, humoristique et explicatif doit permettre d’atteindre cet objectif.
Le combat de l’entreprise, certifiée B Corp – un label de renommée internationale qui reconnaît les bonnes pratiques des entreprises en termes d’impact social, sociétal et environnemental – est aussi de bannir le PVA (polyvinyl alcohol), du plastique utilisé dans les films hydrosolubles des tablettes de lave-vaisselle « qui se dissous mal dans l’eau et qu’on ingère ensuite », s’alarme Margaux Dauce.
« Nous avons été les premiers à demander à notre partenaire industriel (basé à Marseille, Ndlr) d’enlever le film plastique autour des pastilles de lave-vaisselle. On a pu trouver une manière avec eux de mieux les solidifier avec du sucre de betterave, raconte Samuel Olichon, D’autres le font aujourd’hui, mais c’est tant mieux ».
La marque « Ya.qa » devrait tirer la croissance
À date, près de 100 magasins en France, Leclerc, Carrefour, Intermarché, Hyper U, et en test à Franprix, référencent « Ya.qa ». À Marseille, seul le Leclerc Sormiou propose ces produits qui gagneront, dans quelques mois, les étagères du centre-ville.
D’ici la fin d’année, la présence de la marque tend, en effet, à se renforcer dans plus de 200 enseignes de grande surface. « Ya.qa » devrait ainsi représenter « 25 à 30% du chiffre d’affaires de l’entreprise fin 2024 », pressent Samuel Olichon.
Si les prix sont moins élevés que dans les enseignes bio, la grande distribution permet de réaliser davantage de volume. Et donc, de « rentrer dans une phase d’industrialisation », poursuit le fondateur qui espère vendre 70 000 produits, contre 5 000 aujourd’hui.
Selon ses estimations, cette augmentation devrait représenter une hausse de 65% de chiffre d’affaires en 2025, soit deux millions d’euros de chiffre d’affaires (au lieu de 1,2 million aujourd’hui).
Une levée de fonds en 2023
L’enseigne a attaqué l’immense marché de la grande surface grâce à sa levée de fonds de 1,2 million d’euros début 2023, alors que l’activité bio se trouvait dans le creux de la vague entre 2022 et 2023, à cause de l’inflation et du Covid-19, explique Samuel Olichon.
Depuis son lancement, « Ya.qa » a permis d’économiser près de 115 658 unités de plastiques et 6000 litres d’eau. Ce qui pousse aussi l’entrepreneur, avec ses 10 salariés, à poursuivre le développement de l’entreprise. « On a un vrai boulevard devant nous », se convainc-t-il. Eh bien, y’a plus qu’à !