Ce week-end, les Terrasses du Port célèbrent leurs 10 ans, avec notamment un spectacle de drones prévu ce soir à 20h. Pour l’occasion, Marie Canton, directrice du centre, dresse un bilan de la décennie écoulée et évoque les projets à venir.
En dix ans, les Terrasses du Port se sont transformées en laboratoire de la transition écologique en s’appuyant sur de nombreuses innovations en matière d’énergie et de gestion des déchets. Plus qu’un simple centre commercial, l’établissement est également devenu une destination événementielle, grâce notamment à sa vue imprenable sur la rade marseillaise.
Si les Terrasses du Port accueillent chaque année 9 millions de visiteurs, leur création en 2014 a fortement impacté les commerçants du centre-ville marseillais, la clientèle boudant un peu plus ses allées au profit de celles du « mall », qui enregistrent un chiffre d’affaires annuel de 270 millions d’euros. Dans le même temps, elles ont contribué à la création de 2 000 emplois.
Résultats, retours d’expérience, nouveaux concepts… Marie Canton, directrice depuis 2018, revient sur l’évolution de ce lieu devenu incontournable qui multiplie les projets pour rester l’une des locomotives économiques et environnementales du territoire.
Les Terrasses du Port sont ancrées à la Joliette, un quartier d’affaires plus qu’un quartier résidentiel. Quelles sont les habitudes de consommation de votre clientèle ?
Tout ce quartier Euroméditerranée a complètement transformé Marseille. Aix-en-Provence n’est plus la seule destination shopping, comme c’était le cas il y a 15 ans. Notre clientèle est extrêmement variée. La moyenne d’âge est de 38 ans et toutes les catégories socio-professionnelles sont représentées. En semaine, les clients sont des Marseillais qui viennent déjeuner ou faire du sport, car ils travaillent à côté. Le week-end, la clientèle vient de plus loin, et reste plus longtemps.
Mais la fréquentation des Terrasses du Port est atypique. Normalement, vous avez deux grosses périodes pour les centres commerciaux : celles des soldes d’hiver (janvier-février) et d’été (juin-juillet). Ici, c’est au mois d’août que nous avons le plus de clients. Nous sommes à 20% de touristes en moyenne contre 45% en août.
Comment continuez-vous à attirer les clients avec l’explosion du e-commerce et l’attrait grandissant de la seconde main ?
En 2023, près de 9 millions de personnes ont passé la porte du centre car nous sommes une destination avant d’être un lieu de shopping. On vient s’y promener, manger une glace avec une vue sur la mer ou faire son sport [une enseigne se situe à l’intérieur, ndlr].
On développe également des concepts inédits comme celui de New Balance qui a ouvert la semaine dernière. Nous misons aussi sur l’événementiel en proposant 130 jours d’animations par an, ce qui fait presque un jour sur trois.
Justement, l’ouverture de la boutique de l’Olympique de Marseille il y a un an participe-t-elle à cet attrait commercial ?
La clientèle de la boutique est très diversifiée car elle est à la fois familiale et touristique. Quand vous venez à Marseille, vous voulez revenir avec un souvenir de l’OM ! Comme pour la boutique éphémère de Jul qui ouvre quelques semaines dans l’année. Ils ont étudié plein de lieux, mais c’est ici qu’ils ont choisi de s’implanter.
Nous accueillons aussi l’Atelier fil rouge depuis 2021 qui fabrique notamment des vêtements pour les bénévoles des Jeux Olympiques. On les déplace en fonction des départs et des arrivées des enseignes, mais on souhaite vraiment les garder. C’est une mise en avant des savoir-faire marseillais et surtout de l’insertion professionnelle.
Vous évoquez les départs et arrivées, quel est le taux de vacance ?
On est à moins de 4%. Ce qui est assez peu. Et dans 95% des cas, nous avons des discussions en cours. D’ici la fin de l’année quasiment toutes les boutiques seront ouvertes. On travaille actuellement sur un projet avec l’Association pour l’emploi des cadres (Apec) pour ouvrir un espace afin de faire découvrir des formations, organiser des speed dating…
Notre objectif est de traiter les biodéchets des Jeux olympiques et du Delta Festival cet été. Mais ça serait juste génial de dire qu’à Marseille, on traite ici les biodéchets des JO acheminés en vélo !
En 2015, le groupe Hammerson a d’ailleurs lancé une politique sociétale et environnementale. Quels sont les résultats sur l’empreinte carbone du bâtiment ?
Depuis 2019, nous avons réduit de 40% nos émissions de carbone, en grande partie grâce aux 5000 m2 de panneaux photovoltaïques et au raccordement avec la boucle d’eau de mer Thassalia.
On valorise aussi nos 1700 tonnes de déchets à 80% dans la déchetterie installée en sous-sol. Aujourd’hui, on est à moins de 3kg de CO2 émis par m2 quand on était à 5 ou 6kg par m2 en 2014. [le centre mesure 63 000 m2 ce qui fait 189 000 kg de CO2 par an, Ndlr].
Vous avez installé un micro-méthaniseur sur le toit en décembre dernier pour traiter les déchets alimentaires. Avez-vous obtenu les agréments de l’État ?
L’agrément a été obtenu tout juste cette semaine ! Ça a pris du temps techniquement. Nous sommes aussi le premier centre commercial du monde à installer un micro-méthaniseur pour traiter 250 tonnes de biodéchets. On avait donc un sujet d’assurance. Les formations sont en cours. Et les premiers déchets organiques ont été traités cette semaine.
Avez-vous trouvé les autres partenaires nécessaires pour traiter les 250 tonnes de déchets organiques restants ?
L’arrêté préfectoral m’autorise à traiter les biodéchets des Terrasses du Port. On est en train de travailler avec la préfecture pour ouvrir la possibilité d’accepter les intrants. Notre objectif est de traiter les biodéchets des Jeux olympiques et du Delta Festival cet été. C’est en discussion. Mais ça serait juste génial de dire qu’à Marseille on traite ici les biodéchets des JO acheminés en vélo !
On voudrait créer une association d’autoconsommation collective pour fournir cette électricité verte directement aux entreprises à moins de 2 km.
Quelle est votre marge de progression sur ces sujets environnementaux ?
Le sujet de l’eau est le plus compliqué pour nous. On a baissé de 20% notre consommation depuis 2019. Par contre, 80% de notre consommation d’eau sont liés aux sanitaires. Petit à petit, on commence à travailler sur la réutilisation des eaux usées. Mais la réglementation est très stricte pour le moment.
Il nous reste aussi à couvrir notre toit de 2000 m2 de panneaux photovoltaïques supplémentaires. Et on voudrait créer une association d’autoconsommation collective pour fournir cette électricité verte directement aux entreprises situées à 2 kilomètres du centre.
Où en est le projet d’agriculture urbaine annoncé sur le toit des Terrasses du port ?
Le projet est tombé à l’eau car les associés de la start-up se sont séparés. C’était dans le cadre du smart-port challenge de l’année dernière. Ils voulaient faire de l’aquaponie, c’est-à-dire un élevage de poissons dont les déjections deviennent de l’engrais pour les plantes. Maintenant, il faut retrouver un opérateur pour relancer des études en 2024-2025. On espère voir un autre projet naître en 2026. Ce dont nous sommes sûrs, c’est que l’agriculture urbaine est un bon outil.
Quels sont les autres projets à venir ?
Nous avons un joli projet qui sortira début 2025 sur une œuvre d’art iconique et unique aux Terrasses. Actuellement, on source des artistes marseillais pour sélectionner le lauréat en septembre. On veut créer un programme initiation à l’art pour l’accompagner. L’installation est prévue au premier trimestre de 2025. On travaille aussi sur la terrasse pour la verdir, ajouter de l’ombre et trouver un élément encore plus iconique au-delà de la vue mer. Rendez-vous en 2026 !