Decathlon, qui habille les 45 000 volontaires des JO 2024, fait fabriquer une grande partie des tee-shirts de la panoplie française au sein de l’atelier de confection textile marseillais Fil Rouge. Une reconnaissance et un défi technique.
Il est 9h30. Les aiguilles font entendre leur petite musique dans l’atelier de confection textile situé au sein d’une ancienne minoterie marseillaise, dans le quartier de la Capelette (10ème). C’est ici que Fil Rouge a posé ses machines il y a quatre ans, les anciens locaux du 14ème arrondissement étant devenus trop exigus.
Le fabricant de vêtements, implanté dans la cité phocéenne depuis 2014, poursuit son expansion amorcée en 2020. C’est au plus fort de la pandémie de Covid-19, lancé à plein régime dans la fabrication de masques, que Fil Rouge a changé de dimension. L’installation d’une usine éphémère en un temps record au parc Chanot avait alors mis en lumière ce savoir-faire marseillais et la compétitivité du made in France.
Après avoir confectionné durant des années du prêt-à-porter féminin moyen et haut de gamme pour le compte de différents clients, Fil Rouge a fait le choix, il y a quelques années, de se spécialiser dans le streetwear et sportswear, origine France garantie. Début 2022, l’entreprise de l’économie sociale et solidaire (ESS) signe une collection 100% marseillaise, avec l’OM et son équipementier Puma.
Sweats, hoodies, tee-shirts estampillés “Made in Marseille”... de l’élaboration au marquage, tout est produit au sein de l’atelier. Un véritable tournant vers l’industrialisation pour ce fabricant dont les séries, de 50 à 200 exemplaires, sont désormais passées à 50 000. Voire plus, notamment grâce au partenariat noué avec Decathlon, qui habille les 45 000 bénévoles des Jeux.
Le plus gros fournisseur de l’équipementier français
Designée par les stylistes de la marque sportive française en étroite collaboration avec la direction artistique Paris 2024, la panoplie The Look of the Games se compose de 15 pièces créées après plus d’un an et demi de développement. Réalisée à 53% en France, avec la confection des tee-shirts et chaussettes, cette collection représente un vrai défi avec un million de pièces.
Quatre sites de production ont été choisis pour la fabrication (Roubaix, Marseille, Troyes et Orléans), qui répondent à deux des préoccupations majeures de l’équipementier : la question environnementale et la valorisation des savoir-faire à l’échelle locale. Pour le reste de la collection, le transport maritime et l’éco-conception ont été favorisés.
Le tee-shirt marinière s’impose comme une pièce iconique de l’uniforme. “Nous sommes fiers du résultat car nous faisons un clin d’œil à la France et à son histoire en nous inspirant des codes de la marinière (rayures, manches 3/4) tout en y associant les codes du sport d’aujourd’hui : encolures, marquages… Le motif imprimé sur le corps est découpé de façon aléatoire en production pour que chaque tee-shirt soit unique tout en appartenant à la même famille, souligne Philippe Daguillon, directeur artistique de Decathlon. Notre équipe a réussi à réaliser la production des 240 000 tee-shirts en France tout en répondant au cahier des charges (légèreté, respirabilité). Un des plus gros défis.”
Livraison fin mai
Si Fil Rouge a dû acquérir de nouvelles machines pour la conception, notamment des presses pour les transferts, grâce à son expertise sur les détails, l’usine marseillaise s’est vue confier à elle seule la production de 100 000 des 240 000 tee-shirts, ce qui en fait le plus gros fournisseur du géant français de l’équipement sportif. Ce partenariat représente, par ailleurs, 30% de son chiffre d’affaires de 2023-2024.
Quelque 260 couturiers s’attellent à la tâche pour sortir 1000 pièces quotidiennes. Début avril, plus de 65% de la production totale était dans les cartons. La distribution débutera, quant à elle, en cette fin du mois de mai.
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