En marge des Jeux olympiques, le Frac Sud a imaginé un parcours de trois expositions avec le Mac et le Mucem, du 26 avril au 8 septembre, afin de faire jouer ensemble le sport et la culture.
Quel est le lien entre une sculpture de motards enlacés, un ballon carré et un portrait du tennisman Michael Chang ? “Le sport sublimé par l’art”, répond Muriel Enjalran. La directrice du Fonds régional d’art contemporain (Frac) Sud profite de la grand-messe des Jeux olympiques pour exposer le sport dans ses pratiques, ses mythes et son importance à Marseille, et in fine attirer vers les musées des publics qui en sont éloignés.
Pour réaliser ce dessein, elle a invité le commissaire expert du sport dans l’art, Jean-Marc Huitorel, à imaginer un parcours didactique de trois expositions entre le Frac Sud, le Mucem et le Musée d’art contemporain (Mac). Ces trois musées se sont ainsi associés sous l’étendard d’une seule et grande exposition, “Des exploits, des chefs-d’œuvre” qui rassemble 350 œuvres de près de 100 artistes régionaux.
« Le sport est un sujet inépuisable de formes, de motifs… et plus que jamais le sport s’est toujours fait le porte-voix d’un certain nombre de mouvements, illustre Muriel Enjalran. L’art ici n’est pas là pour illustrer le sport. La connexion se fait de façon plus subtile sur des sujets de société, le féminisme, le racisme, la question du genre… sur des questions de performances, de gestes… On peut aussi dire d’un artiste quelquefois qu’il est un athlète quand il passe un an dans un corps à corps avec un tableau. On peut aussi apparenter ses gestes artistiques à des gestes de sportifs ».
À la croisée des différents sites, profitez-en pour cheminer entre trois quartiers bien distincts. Commencez avec “L’heure de gloire” au Frac Sud de la Joliette, puis direction le Mucem en passant à travers le Panier pour découvrir “les Trophées et reliques”, avant d’achever ce parcours au Mac, du côté de Bonneveine, avec les “Tableaux d’une exposition”.
“L’heure de gloire » au Frac Sud
C’est au Frac Sud que « l’entrée sociétale est la plus évidente ». Ici, est mis en parallèle le culte de la performance et l’art de perdre dans une exposition éclectique où se côtoient sculptures monumentales, photographies et films. “Nous voulons montrer comment le sport et l’art sont des miroirs de la société, des questions de parité, de genre, et autres revendications politiques”, poursuit Muriel Enjalran.
Exemple avec « Leatherboys » du jeune artiste Louka Anargyros [photo à la Une]. « Il nous parle de l’homophobie dans le sport à travers des sculptures qui représentent des pilotes de course qui n’ont plus les calicots des sponsors, mais les insultes homophobes que peuvent parfois supporter les sportifs. C’est aussi un plaidoyer à travers l’art pour une plus grande inclusion dans le sport », expose la directrice du Frac Sud.
« Les Trophées et reliques » au Mucem
L’accrochage du Mucem questionne plutôt les croyances qui relèvent du mythe et de l’adoration des héros sportifs. Vous y découvrirez des trophées fondus à la cire, des gants du boxeur Marcel Cerdan ou encore un ballon iconique de la demi-finale du Mondial 98 de football. Le tout dialoguant avec les collections populaires du musée.
« L’art et le sport recouvrent des réalités que tout semble opposer. Le premier relèverait de la culture savante quand le second se voudrait populaire et accessible. Le sport – comme l’art – s’inscrit dans un certain nombre de croyances, la plupart fort anciennes et l’art – comme le sport – produit de la mythologie » souligne Jean-Fabien Philippy, commissaire associé pour le volet Mucem. Trophées et reliques reposent sur ce déplacement : de l’objet vernaculaire à l’oeuvre d’art en passant par les reliques sportives, qu’elles soient, ou non, patrimonialisées ».
« Tableaux d’une exposition » au Mac
Au Mac, le commissaire a misé sur la peinture. Cette exposition entend montrer comment les artistes se sont appropriés les formes et les représentations du sport au moyen de la peinture, de la sculpture, du dessin, de la photographie et même de la tapisserie.
« Il y a au Mac de grandes galeries qui se prêtaient beaucoup à la présentation de grands tableaux et de dessins. On trouve ici des oeuvres en deux dimensions et quelques sculptures qui reprennent les sujets des tableaux d’histoire à travers les tableaux des exploits sportifs. Il y a donc un certain nombre d’artistes à qui sont consacrés de petites monographies », ajoute la directrice du Frac Sud.
La flamme olympique au Frac Sud le 9 mai
« L’Olympiade culturelle est un moment très important, bien souvent méconnu, souhaité par Pierre de Coubertin pour que les villes hôtes développent des projets culturels », rappelle Caroline Pozmentier-Sportich.
Pour la présidente du Frac Sud, il était important au travers de ce « projet d’envergure en préparation depuis deux ans » de permettre la découverte de ces lieux culturels et de les rendre accessibles au plus grand nombre. « Le Frac a une mission de diffusion, de promotion des artistes de l’art contemporain, mais aussi d’innover sur des dispositifs d’éducation à l’art contemporain. Art et sport, c’est faire société. Comprendre que la cité et le citoyen sont au coeur des projets de politique publique, et en particulier lorsqu’on a un événement aussi fort, aussi historique ».
D’autant plus symbolique que le 9 mai, la flamme olympique passera par le Frac, pour mettre en lumière plus que jamais, l’art et le sport.
© Photos Marc Domage.