À Sainte-Marthe, dans les quartiers Nord de Marseille, le Parc urbain des papillons est un dispositif scientifique unique en France. En 12 ans d’expérimentation, il a vu son nombre d’espèces de papillons doubler.
Situé sur les hauteurs de Sainte-Marthe (14e) à Marseille, dans l’enceinte du parc Montgolfier, le Parc urbain des papillons (PUP) est un projet expérimental unique en France, créé pour favoriser le retour des papillons et de la biodiversité en ville.
Depuis 2012, le laboratoire Population environnement développement (LPED) d’Aix-Marseille Université y cultive des plantes méditerranéennes sur un hectare, introduites spécifiquement dans le but d’attirer des communautés d’insectes natives : un mélange de plantes hôtes pour loger les chenilles, et de plantes nectarifères pour nourrir les papillons adultes.
Cette démarche a provoqué un véritable effet papillon, comme l’attestent les résultats obtenus : depuis le début des aménagements, le nombre d’espèces présentes sur le site a plus que doublé, passant d’une quinzaine à entre 35 et 40 observées annuellement.
Piérides, Citrons de Provence, Azurés, Machaons… désormais habitués du lieu, s’y reproduisent tous les ans. Sans oublier l’emblématique Pacha à deux queues, au régime alimentaire strict, qui a mis huit ans avant de s’installer sur le site, alléché par la plantation d’arbousiers dans les massifs.
Des pollinisateurs en danger
Le PUP est né de travaux menés depuis 2008 sur 24 parcs municipaux, qui ont permis d’observer que les papillons, et en particulier les espèces méditerranéennes, ont tendance à se maintenir à l’écart de la ville.
D’autres études récentes attestent d’une chute de la biodiversité des insectes en milieu urbain*, notamment des papillons, dû à l’urbanisation et à l’artificialisation des sols.
Pourtant, « en favorisant les papillons, on favorise la biodiversité, souligne Magali Deschamps-Cottin, enseignant-chercheur au laboratoire LPED, à l’origine du projet. Les papillons sont des pollinisateurs, au même titre que les abeilles et autres, et ils sont un maillon de la chaîne alimentaire. Ils sont consommés par les oiseaux, au stade chenille et même adulte, par les reptiles, les lézards, ou encore les araignées ».
*Source : Office français de la biodiversité
Former les futurs jardiniers paysagistes
Lieu de recherche, mais aussi d’enseignement, le parc est utilisé comme support pédagogique par les étudiants d’Aix-Marseille Université, et sert également à former les agents techniques municipaux.
Plusieurs fois par an, les élèves du lycée professionnel agricole des Calanques aident les scientifiques à entretenir les massifs et réalisent des aménagements. En échange, ils sont formés et sensibilisés à la préservation des insectes et des papillons, en apprenant par exemple à manipuler et à identifier les différentes espèces.
Des connaissances qu’ils pourront par la suite appliquer dans leurs futurs métiers. « On leur montre que lorsqu’on est jardinier, on peut avoir un impact positif sur la biodiversité, que les jardins peuvent être beaux, vivants et fonctionnels », explique Paul Monsara, professeur de biologie écologie au lycée des Calanques.
Le premier guide sur les papillons de Marseille
Le modèle du PUP a vocation à être dupliqué : les scientifiques travaillent avec la direction des parcs et jardins de la Ville de Marseille pour introduire de nouvelles palettes végétales dans les espaces verts plus proches du centre-ville. Un dispositif similaire est déjà déployé depuis juin 2022 dans un parc à Aix-en-Provence.
Le parc ouvre exceptionnellement au public lors des Rendez-vous au jardin, les Journées du patrimoine ou encore la Fête de la science, et sur rendez-vous avec des visites commentées. Sur place, un parcours pédagogique réalisé par le collectif d’artistes SAFI fournit des explications sur le cycle biologique des papillons ou les espèces emblématiques du site.
Pour partager leur recherche au grand public, les équipes du PUP travaillent à la réalisation du premier guide naturaliste répertoriant toutes les espèces de papillons de Marseille, écrit en collaboration avec d’anciennes étudiantes d’AMU. Sa publication est prévue d’ici la fin de l’année.