Au terme de plusieurs années de travaux, la transformation de la rue Mazenod s’achève. Plus apaisée, elle offre aujourd’hui une nouvelle perspective dégagée sur la Major.
Cela faisait déjà plusieurs mois que la rue Mazenod affichait un visage nouveau mais, ce lundi 18 mars 2024, le ruban a officiellement été coupé pour marquer la fin du chantier, pour lequel près de 3,4 millions d’euros ont été investis.
Les représentants d’Euroméditerranée, de la Ville, de la Métropole et de la Région se sont retrouvés au pied de l’escalier monumental Marchetti, lui aussi rénové, pour célébrer ensemble les 18 000 mètres carré d’espaces publics requalifiés entre la place de la Joliette et la cathédrale de la Major.
Un nouveau partage de l’espace
Engagé en 2021, le réaménagement de la « trame Mazenod » visait à partager plus équitablement l’espace entre les différents usages pour apaiser la rue et « conforter sa vocation commerciale de restauration », rappelle l’établissement public d’aménagement Euroméditerranée.
La place de la voiture a donc été considérablement réduite pour favoriser les terrasses et les déplacements des piétons, avec la création de trottoirs de cinq mètres de large. Les revêtements de la rue ont aussi été repris et arborent aujourd’hui un aspect plus lumineux.
Des « espaces de qualité » ont pris forme le long de l’axe. Au pied de l’escalier de la rue Jean-François Leca tout d’abord, où une petite placette arborée, agrémentée de bancs, a vu le jour. Elle accueille désormais les terrasses des quelques restaurants qui la bordent.
Face à l’escalier monumental qui mène au parvis de la Major, le long de la rue Marchetti, une grande place a également été aménagée. Équipée de deux pergolas, elle offre aux promeneurs un espace de détente avec des assises et des tables pour jouer aux échecs et aux dames. Quelques végétaux, plantés à l’automne dernier, attendent le printemps pour grimper le long des futures ombrières.
« Une transformation spectaculaire »
Laure-Agnès Caradec, présidente d’Euroméditerranée, affiche sa satisfaction et loue la « transformation spectaculaire » de la rue, se félicitant que l’établissement public d’aménagement ait « complètement requalifié la zone arrière-portuaire » autour de la Major.
Le maire des 2e et 3e arrondissements, Anthony Krehmeier, semble lui aussi heureux du résultat. « La rue Mazenod symbolise la réussite d’Euroméditerranée, estime l’élu du Printemps marseillais. Je me souviens des bâtiments gris et de la passerelle. C’était ‘Plombières-sur-Mer’, avec une ambiance assez sombre ».
Il met cependant en garde : « Aujourd’hui, la rue est lumineuse mais il va falloir l’entretenir. Livrer une rue, c’est important. Réussir à l’entretenir, c’est essentiel ».
Un verdissement timide de la rue
Quelques riverains venus assister à l’inauguration tiennent eux aussi à faire entendre leur voix. S’ils se disent « contents que la rue ait été réhabilitée », ils sont nombreux à estimer que « ça manque terriblement d’arbres ». La remarque revient en boucle dans les discussions avec les habitants et les élus.
Euroméditerranée, qui met en avant la plantation de 15 arbres dans les rues perpendiculaires, défend son choix d’aménagement en rappelant deux contraintes qui ont limité son action : le souhait de l’architecte des Bâtiments de France de conserver la perspective sur la cathédrale mais aussi la présence de réseaux souterrains qui rendait difficile les plantations.
Un verdissement de la rue est néanmoins envisagé dans le cadre du Visa Vert de la Ville de Marseille. Des jardinières, gérées par les restaurants qui en feront la demande, vont être mises en place. Une initiative positive « mais c’est un palliatif, estime pour sa part Perrine Prigent, adjointe au maire en charge de l’amélioration des espaces publics. L’arbre reste le meilleur ventilateur pour rafraîchir les villes ».
Un autre problème est relevé par les habitants : la discrète bande cyclable, peinte sur la voie, sert avant tout pour le stationnement sauvage. « Les habitudes sont difficiles à changer », reconnaît Audrey Gatian. L’adjointe au maire en charge des mobilités s’attend cependant à une baisse des incivilités suite à la vidéo-verbalisation. « Les amendes vont finir par dissuader les automobilistes de se garer là », veut-elle croire.
Réaménagement du boulevard des Dames et de la rue Caisserie
L’inauguration de la rue Mazenod a également été l’occasion pour les élus présents d’évoquer les aménagements à venir dans le secteur des 2e et 3e arrondissements.
Le boulevard des Dames, dont un premier petit tronçon a été requalifié par Euroméditerranée, entre le quai de la Joliette et la rue Mazenod, devrait être intégralement réaménagé jusqu’à la Porte d’Aix par la Métropole, alors que les travaux de géothermie viennent de s’achever. Anthony Krehmeier et Perrine Prigent espèrent un lancement du chantier fin 2024.
Plus compliqué, le cas de la rue Caisserie semble faire des remous. Si la Ville et la Métropole jurent toutes les deux faire une priorité de la réhabilitation de cette rue historique qui borde le Panier, le projet, annoncé dans le plan de requalification du centre-ville, semble à l’arrêt. Ce lundi matin, les deux parties se sont quittées en promettant qu’elles étaient d’accord pour avancer. Le maire de secteur en est certain, « une fois que la rue Caisserie sera pavée et arborée, on aura le plus beau quartier de la ville ».
