La municipalité cherche une entreprise ou un groupement d’entreprises pour construire et gérer les deux futures piscines Nord et Luminy. Le lauréat devra en faire des complexes sportifs, aqualudiques et ouverts à tous.
Les piscines Nord et Luminy devraient réémerger en 2027. Après plus de 10 ans d’abandon, la Ville de Marseille, qui l’avait annoncé dans son programme de campagne en 2020, a lancé une consultation le 21 février jusqu’au 25 mars pour trouver le partenaire privé qui réalisera « deux nouveaux équipements sportifs, aquatiques et aqualudiques ».
La deuxième ville de France compte actuellement 14 piscines, soit 6m2 pour 1000 habitants. Ce qui reste faible par rapport aux recommandations du ministère des Sports préconisant entre 16 m2 et 18 m2 pour 1000 habitants. D’autant plus quand on sait qu’un petit Marseillais sur deux ne sait pas nager avant son entrée en sixième.
Samia Ghali (DVG), la maire-adjointe aux grands équipements, porte le combat de la réhabilitation de bassins de nage depuis plusieurs années. Pour ne pas assumer les risques financiers d’un tel chantier seule, et par soucis de rapidité, la Ville a opté pour la création d’une société d’économie mixte à opération unique (Semop), votée en conseil municipal le 7 juillet 2023.
La Ville veut rester majoritaire dans la Semop
Le lauréat privé devra démolir les anciens bâtiments, construire, exploiter, gérer et entretenir les nouveaux équipements. La Ville s’engage néanmoins à le soutenir dans cet effort en s’engageant à investir 76 millions d’euros pour les deux équipements.
Le choix de ce type de structure avait suscité l’émoi dans l’hémicycle municipal en juillet dernier. L’élu d’opposition Pierre Robin (LR) fustigeait « des montants faramineux ». Quant au député Lionel Royer-Perreaut (Renaissance), ancien maire des 9e et 10e arrondissements, il qualifiait la Semop de « partenariat public-privé horizontal ».
Le document de préfiguration de la société, que nous avons pu consulter, indique que « la Ville restera actionnaire majoritaire à 66% », contre 34% pour le partenaire privé. Ce contrat prévoit une concession de 23 ans, à partir de la date de livraison fixée en 2027.
La municipalité peut aussi – et c’est le souhait évoqué en juillet par le maire de Marseille, Benoît Payan (DVG) – faire rentrer un autre partenaire public dans cette société à hauteur de 15%. La présidente du Département et de la Métropole, Martine Vassal (DVD) a d’ailleurs proposé, lors du dernier conseil de février, de participer à la création d’une piscine pour 25 millions d’euros.
L’élue précise, dans un communiqué, qu’il s’agirait de celle de Luminy. Mais les négociations prévues hier n’ayant pas abouti, le statu quo entre les deux collectivités est maintenu.
La piscine de Luminy accueillera des compétitions
Cette piscine en bordure du parc des Calanques (9e), rue Henri Cochet, fermée en 2008 à la suite de problèmes d’amiante et de fissures menaçantes, sera destinée au grand public, ainsi qu’aux scolaires. Dans le dossier de préfiguration, la Ville demande d’y restructurer un bassin sportif de 375 m2 (25x12m) sur 6 couloirs. En extérieur, un bassin nordique de 1250m2 est également prévu.
Le document précise, en outre, « la création d’un pôle sportif de Haut-Niveau sur la commune ». Ainsi, la future piscine prendra des allures de complexe sportif en accueillant des compétitions de natation de niveau régional et national. Par ailleurs, 15 hébergements pour ces délégations sportives, avec un espace restauration, doivent être intégrés dans les plans.
La Ville demande également de faire construire un espace bien-être et de remise en forme à proximité, « un concept à proposer et à définir par le soumissionnaire » qui inclut un sauna, hammam, une grotte de sel, des bains bouillants et une salle de sport.
Du foot, du padel pour la piscine Nord
À l’autre extrémité de la ville, chemin de la Madrague-Ville (15e), la piscine Nord emmurée sera également reconstruite. Fermé en 2011 à cause des risques de glissement de terrain, ce futur équipement comprendra, comme celle de Luminy, un bassin de six couloirs, un bassin nordique et un espace bien-être.
Par ailleurs, le site accueillera « un complexe sportif indoor » avec un espace de foot à 5, une salle de boxe et un espace padel avec deux terrains au minimum.
Le terrain de rugby Louis Camélio, en contrebas de la piscine actuelle et accessible par un escalier, « accueillera le bâtiment principal du futur équipement aquatique », apprend-t-on dans le document de la municipalité. De fait, un chemin dédié depuis le chemin de la Madrague-Ville devra être créé.
Des prix qui devraient être maîtrisés
Pour les deux sites, Samia Ghali tenait à une « tarification sociale ». Et le document précise bien cette volonté de faire appliquer une grille tarifaire encadrée, proposée aux usagers résidents de Marseille. « Ces tarifs se baseront sur la grille de tarif actuellement en vigueur sur les autres équipements aquatiques de la ville », explique la Ville qui fixe le prix d’entrée à ses piscines de 1,50 à 3 euros.
À voir, donc, si les tarifs n’augmentent pas dans les faits. À titre d’exemple, l’entrée de la première piscine municipale de France, financée et gérée en Semop, à Rillieux-la-Pape (69), coûte 5,3 euros pour les habitants et 6,5 euros pour les touristes.
En 2023, elle a accueilli 195 000 visiteurs. La Ville espère, de son côté, attirer 130 000 baigneurs sur la piscine Nord et 180 000 pour la piscine de Luminy, et « faire que ces deux sites redeviennent des totems pour la Ville de Marseille », plaidait la maire-adjointe.