Dans sa galerie de la rue Grignan ouverte depuis trois ans, David Pluskwa met à l’honneur l’art contemporain et l’art urbain. Et le galeriste a pour ambition clairement affichée d’organiser l’« exposition du siècle » dédiée au street art à Marseille si possible dans deux ans. Made in Marseille l’a rencontré pour parler de ce projet grandiose. Reportage
Pour le moment et jusqu’au 28 mai prochain, les murs de la galerie de David Pluskwa accueillent l’exposition « Authentic Power » de COPE2, l’un des leaders du street art new-yorkais.
Made in Marseille – Bonjour David. Avant d’ouvrir votre galerie dédiée à l’art contemporain, vous avez ouvert une première galerie rue Paradis consacrée à l’art provençal et orientaliste. Pourquoi un tel changement ?
David Pluskwa – Tout simplement l’envie de vivre avec mon temps et par goût personnel. Je m’intéressais déjà à ce qui se passait autour de moi au niveau de l’art et à tous les mouvements actuels et des décennies précédentes. Puis j’ai vu arriver 2013 et je me suis dit que ce serait cool de partager mes envies et mes goûts avec les autres. Surtout qu’à Marseille il n’y a pas beaucoup de galeries issues de l’art contemporain et encore moins du côté pop art même s’il y a des galeries consacrées à l’art conceptuel. Pour le street art et la figuration narrative, il n’y avait même personne ! C’était aussi une façon de me faire plaisir et cela a tout de suite pris.
MIM – Comment l’exposition « Authentic Power » de COPE2, l’un des leaders New Yorkais du street art, s’est-elle organisée ?
DP – Il y a trois ans, COPE2 cherchait quelqu’un dans le sud de la France qui mette en avant les artistes street art. À l’époque, je m’occupais de JonOne (graffeur et artiste peintre américain ndlr). Par une connaissance en commun nous avons été mis en relation. J’ai tout de suite été fan de son boulot et je lui ai organisé une exposition en duo. Puis il m’a recontacté pour faire une exposition mais cette fois en solo. Il a fait des toiles magnifiques, pleines d’énergie et de liberté, tout ce dont on a besoin aujourd’hui.
MIM – Dans vos projets, vous avez aussi l’ambition d’organiser « l’exposition du siècle » en termes d’art urbain…
DP – Oui car aujourd’hui tout le monde voit le graffiti et en entend parler, mais personne ne sait vraiment d’où ça vient et ce que c’est réellement. Mon but est d’organiser une exposition festival qui met en avant l’histoire de l’art urbain que ce soit le graffiti, le street art, la photographie urbaine et tous les autres mouvements qui le composent, d’expliquer d’où cela vient et pourquoi on en est là.
MIM – Qu’avez-vous déjà prévu au programme de cet événement ?
DP – Des artistes du monde entier seraient présents, aussi bien des anciens comme ceux de la Old School que des récents. L’idée est qu’il y ait des conférences tous les jours et aussi de faire peindre les différents artistes pour montrer l’évolution du graffiti. Le tout dans un endroit magique et je pense que le J1 en est un. Mais pourquoi pas ouvrir l’exposition aussi à d’autres lieux comme le MuCEM par exemple ou mettre en place des parcours dans différents quartiers de Marseille où le street art est déjà présent comme le Cours Julien ou le Panier.
MIM – Avez-vous déjà une idée de date pour cette exposition ?
DP – Déjà, il faudrait l’organiser sur trois mois pour que les gens qui ne sont pas de la région et qui viennent d’autres pays du monde puissent s’organiser et venir passer un week-end. Car si j’arrive à faire ce que je veux, j’aurais des relais à travers le monde qui en parleront et donc des visiteurs viendraient d’un peu partout ! Mon souhait serait qu’elle soit organisée pour l’été 2018. Je suis très enthousiaste et les gens à qui j’en ai parlé le sont aussi, après le nerf de la guerre c’est l’argent et il en faut beaucoup pour monter un événement de ce genre.
MIM – Pensez-vous qu’une telle exposition puisse attirer le public ?
DP – L’art urbain est un mouvement qui plaît et qui interroge beaucoup de monde. Un exemple : entre le 24 juin et le 1er novembre 2015, JonOne a exposé au Carré Saint-Anne à Montpellier et son exposition a attiré 105 000 visiteurs ! Donc si mon exposition est bien montée, qu’on a de belles œuvres et de belles choses, cela donnera envie aux gens de venir et je pense qu’on pourra attirer entre 500 000 et un million de visiteurs français et étrangers. En plus cela fera vivre tous les commerces de Marseille comme les restaurants, les boutiques, les hôtels.
MIM – Marseille justement a-t-elle intérêt à miser davantage sur le street art et l’art urbain en termes de tourisme ?
DP – Marseille s’ouvre à tout et si l’art urbain peut en faire partie tant mieux. C’est d’ailleurs ce qui est en train de se passer car il y a de plus en plus d’expositions et d’installations sur ce thème et même des quartiers entiers de tagués. L’art urbain, ce n’est que de l’énergie positive ! C’est un art qui donne à réfléchir et en même temps, quand on voit une œuvre d’un artiste issu du graffiti par exemple, ça parle tout de suite. On n’a pas besoin d’explications et ce relai-là, on ne le retrouve pas dans tous les arts.
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Par Agathe Perrier